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mal ainsi caractérisé, comme s’il était un art auxiliaire et supplémentaire de la médecine ; 2° de consentir à être plongés dans cet état de somnambulisme magnétique ; 3° de consulter, soit pour eux-mêmes, soit pour d’autres, les personnes ainsi magnétisées ; 4° de faire l’une de ces trois choses, avec la précaution préalable de renoncer formellement dans leur cœur à tout pacte diabolique, explicite ou implicite, et même à toute intervention satanique, vu que nonobstant cela quelques personnes ont obtenu du magnétisme ou les mêmes effets ou du moins quelques-uns.

 
» Eminentissime Seigneur, de Votre Excellence, par ordre du révérendissime évêque de Lausanne et Genève, le très-humble et très-obéissant serviteur,
» Jac.-Xavier Fontana,
» chancelier de la chancellerie épiscopale.
» Fribourg en Suisse, palais épiscopal, le 19 mai 1841.»
 
RÉPONSE.
 

» La sacrée pénitencerie, après une mûre délibération, se croit en droit de répondre que l’usage du magnétisme, dans les cas mentionnés par la présente consultation, n’est pas chose licite.

 
» À Rome, dans la sacrée pénitencerie, le 4er juillet 1841.
» C. Castracane, M. P. — Ph. Pomella,
» secrétaire de la sacrée pénitencerie. »
 

« Pour les catholiques dévoués, ajoute l’écrivain distingué à qui nous empruntons ces réflexions, l’arrêt de la sacrée pénitencerie est un jugement sans appel, qui n’a nul besoin d’explications ni de commentaires. »

» Mesmer ne connaissait pas ou n’a pas mentionné le somnambulisme magnétique. Ses pratiques ordinaires se réduisaient à traiter les maladies au moyen de crises accompagnées fréquemment de convulsions. Rien de plus prestigieux que les opérations de Mesmer. C’était autour d’un baquet, dans un appartement éclairé d’un demi-jour, que les malades allaient se soumettre aux influences magnétiques. Le baquet consistait dans une petite cuve de diverses figures, fermée par un couvercle à deux pièces ; au fond se plaçaient des bouteilles en rayons convergents, le goulot dirigé vers le centre de la cuve ; d’autres bouteilles, disposées sur celles-ci, mais en rayons divergents, étaient remplies d’eau comme les premières, bouchées et magnétisées également. La cuve recevait de l’eau de manière à recouvrir les lits de bouteilles ; on y mêlait quelquefois diverses substances, telles que du verre pilé, de la limaille de fer, etc.; d’autres fois, Mesmer ne se servait que de baquets à sec. Le couvercle du baquet livrait passage à des baguettes de fer mobiles et d’une longueur suffisante pour être dirigées vers diverses régions du corps des malades. De l’une de ces tiges, ou d’un anneau scellé au couvercle du baquet, partait en outre une corde très-longue, destinée à toucher les parties souffrantes ou à entourer le corps des malades sans la nouer. Les malades se formaient en cercle, en tenant chacun cette corde, et en appuyant le pouce droit sur le pouce gauche de son voisin. Il fallait de plus que tous les individus composant la chaîne se rapprochassent les uns des autres, au point de se toucher avec les pieds et les genoux. Au milieu de cet appareil apparaissait Mesmer, vêtu d’un habit de ; soie d’une couleur agréable, tenant en main une baguette qu’il promenait d’un air d’autorité au-dessus de la tête des magnétisés. Nous tenions à reproduire, au moins en abrégé, les traits principaux du spectacle magnétique dont le premier magnétiseur avoué avait soin de s’environner, afin de mettre le lecteur en mesure de juger qui avait plus de part aux effets tant vantés du magnétisme animal de la fin du dix-huitième siècle, ou des jongleries de Mesmer, ou de l’imagination des malades irritables, ou de la sotte crédulité des mesméristes bien intentionnés. Les jongleries de Mesmer couvraient pourtant une puissance réelle ; car il est certain, — et on l’a expliqué ailleurs, — que son regard, ses gestes, ses paroles, ses attouchements obtenaient maintes fois des résultats surprenants et des cures vraiment prodigieuses.

» Le somnambulisme magnétique ne fut découvert que par le marquis de Puységur. Lui seul commença à se servir de cet état pour traiter les maladies, soit chez les somnambules mêmes, soit chez les autres personnes. Alors s’ouvrit une nouvelle source de fraudes que la foi des magnétiseurs était incapable de dévoiler, et qui en imposait, à plus forte raison, à la masse du public. Beaucoup de magnétisés feignaient de succomber au sommeil magnétique, tout en restant très-éveillés, voyaient à leur aise, en apparence les yeux fermés, répondaient aux questions qui leur étaient adressées, obéissaient, en un mot, au moindre mouvement du magnétiseur abusé. C’était bien autre chose, ce qui ne manquait pas d’arriver, quand le magnétiseur et le somnambule, aidés de quelques compères avisés, se concertaient derrière les coulisses et s’appliquaient de leur mieux, par cupidité ou par une vanité puérile, à mystifier les spectateurs. »

Soneillon, démon qui se trouve cité dans les phases de la possession de Louviers.

Songes. Le cerveau est le siège de la pensée, du mouvement et du sentiment. Si le cerveau n’est pas troublé par une trop grande abondance de vapeurs crues, si le travail ne lui a pas ôté toutes ses forces, il engendre dans le sommeil des songes, excités ou par les images dont il s’est vivement frappé durant la veille, ou par des im-