Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/610

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCY
SEC
— 602 —
toutefois il en reçoit l’ordre. Il enlève les chevaux. Il exécute tous les commandements qui lui sont donnés, lorsqu’on l’oblige d’agir de suite ; et quoiqu’il promette d’obéir aux exorcistes, il ne le fait pas toujours. Il ment, s’il n’est pas dans un triangle ; si au contraire il y est renfermé, il dit la vérité en parlant des choses surnaturelles. Il indique les trésors cachés qui ne sont pas gardés par les malins esprits. Il commande trente légions[1].

Scylla, nymphe dont Glaucus fut épris. N’ayant pu la rendre sensible, il eut recours à Circé, qui mit un charme dans la fontaine où Scylla avait coutume de se baigner. À peine y fut-elle entrée, qu’elle se vit changée en un monstre qui avait douze griffes, six gueules et six têtes ; une meute de chiens lui sortait de la ceinture. Effrayée d’elle-même, Scylla se jeta dans la mer à l’endroit où est le détroit qui porte son nom.

Sébhil ou Sébhaël, génie qui, selon les musulmans, tient les livres où sont écrites les bonnes et les mauvaises actions des hommes.

Secrétain (Françoise), sorcière qui fut brûlée à Saint-Claude, en Franche-Comté, sous Boguet. Elle avoua qu’elle avait vu le diable, tantôt en forme de chien, tantôt en forme de chat, tantôt en forme de poule[2]. Elle le vit aussi sous les traits peu agréables d’un grand cadavre…

Secrets merveilleux. Faites tremper une graine quelconque dans la lie de vin, puis jetez-la aux oiseaux ; ceux qui en tâteront s’enivreront et se laisseront prendre à la main. Mangez à jeun quatre branches de rue, neuf grains de genièvre, une noix, une figue sèche et un peu de sel, pilés ensemble, vous vous maintiendrez en parfaite santé, dit le Petit Albert. Qu’on pile et qu’on prenne dans du vin une pierre qui se trouve dans la tête de quelques poissons, Avicenne dit qu’on guérira de la pierre. Mizaldus prétend que les grains d’aubépine, pris avec du vin blanc, guérissent de la gravelle. La grenouille des buissons, coupée et mise sur les reins, fait tellement uriner, si l’on en croit Cardan, que les hydropiques en sont souvent guéris.

Qu’on plume, qu’on brûle et qu’on réduise en poudre la tête d’un milan, qu’on en avale dans de l’eau autant qu’on peut en prendre avec trois doigts, Mizaldus promet qu’on guérira de la goutte. Cardan assure encore qu’une décoction de l’écorce du peuplier blanc, appliquée sur les membres souffrants, guérit la goutte sciatique. Wecker déclare qu’une tasse de thé guérit les morsures des vipères.

On voit dans Thiers qu’on fait sortir les ordures des yeux en crachant trois fois.

Ce ne sont là que des secrets de santé. Leloyer dit que, pour se garantir des enchantements, il faut cracher sur le soulier du pied droit, et qu’on se préserve des maléfices en crachant trois fois sur les cheveux qu’on s’arrache en se peignant, avant de les jeter à terre.

Un ancien assure qu’une vierge arrête la grêle en en mettant trois grains dans son sein. Nous entrons là dans les secrets plus mystérieux. On empêche un mari de dormir en mettant dans son lit un œuf d’hirondelle.

Mettez un œuf dans le vin : s’il descend de suite au fond, le vin est trempé ; s’il surnage, le vin est pur. Qu’on mêle l’herbe centaurée avec le sang d’une huppe femelle, et qu’on en mette dans une lampe avec de l’huile, tous ceux qui se trouveront présents se verront les pieds en l’air et la tête en bas. Si on en met au nez de quelqu’un, il s’enfuira et courra de toutes ses forces. Celui-ci est d’Albert le Grand, ou du moins du livre de secrets merveilleux qu’on lui attribue. Qu’on mette pourrir la sauge dans une fiole, sous du fumier, il s’en formera un ver qu’on brûlera. En jetant sa cendre au feu, elle produira un coup de tonnerre. Le même livre ajoute que, si on en mêle à l’huile de la lampe, toute la chambre semblera pleine de serpents.

La poudre admirable que les charlatans appellent poudre de perlimpinpin, et qui opère tant de prodiges, se fait avec un chat écorché, un crapaud, un lézard et un aspic, qu’on met sous de bonne braise jusqu’à ce que le tout soit pulvérisé[3]. On pourrait citer une foule de secrets pareils, car nous en avons de toutes les couleurs ; mais ceux qu’on vient de lire donnent une idée de la totalité. Voy. Charmes, Enchantements, Maléfices, Prières, Superstitions, etc.

Pline assure qu’un certain Babilius fit en six jours la traversée de la Sicile à Alexandrie, par la vertu d’une herbe dont il ne dit pas le nom. On cite d’autres voyageurs qui ont fait en un jour cent lieues à pied au moyen de la jarretière du bon voyageur. Voy. Jarretière.

Il y a des livres très-gros, uniquement consacrés aux formules des secrets dits naturels et des secrets dits magiques. Nous devons donner une idée textuelle de cette partie de l’encyclopédie infernale.

 
SECRETS DE L’ART MAGIQUE DU GRAND GRIMOIRE.
 

« Composition de mort, ou la pierre philosophale. — Prenez un pot de terre neuf, mettez-y une livre de cuivre rouge avec une demi-chopine d’eau-forte que vous ferez bouillir pendant une demi-heure : après quoi vous y mettrez trois onces de vert-de-gris que vous ferez bouillir une heure ; puis vous mettrez deux onces et demie d’arsenic que vous ferez bouillir une heure ; vous y mettrez trois onces d’écorce de chêne, bien pulvérisée, que vous laisserez bouillir une demi-

  1. Wierus, in Pseudomon. dæm.
  2. Boguet, Discours des exécrables sorciers.
  3. Kivasseau.