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reau comme un poison ; Plutarque rapporte que Thémistocle s’empoisonna avec ce sang ; Pline conte que les prêtres d’Égine ne manquaient jamais d’en avaler avant de descendre dans la grotte où l’esprit prophétique les attendait. Quoi qu’il en soit, le sang de taureau n’empoisonne pas, à moins qu’il ne soit vicié ; tous les jours on en fait du boudin. Pline assure que le sang de cheval tue aussi l’homme ; mais il se contredit dans un autre passage, lorsqu’il dit que les Sar-mates mêlaient de la farine et du sang de cheval pour en faire des gâteaux fort délicats. Enfin les anciens, qui regardaient le sang de taureau comme un poison pour le corps, l’estimaient comme un remède pour l’âme ; on expiait les crimes en se faisant asperger de sang de taureau. On immolait un taureau, on en recueillait le sang dans un vase dont le fond était percé de petits trous, le criminel se tenait dessous ; après quoi il se retirait purifié.

Parmi les classes populaires en Suède, et surtout parmi les paysans, règne une croyance absurde, à savoir, que le sang d’une personne décapitée, lorsqu’on en boit et surtout lorsqu’on l’avale tout chaud au moment où il jaillit du corps, immédiatement après la décollation, fait vivre très-longtemps, rend robustes les faibles, bien portants les malades, et guérit toutes les maladies, particulièrement l’épilepsie.

Sanger (Rénée), jeune fille née à Munich vers 1680, à cette époque sauvage où la guerre de trente ans avait ramené toutes les perversités des plus mauvais jours. Une vieille femme l’initia

 
 
aux mystères diaboliques dès l’âge de sept ans ; à onze ans, elle reçut d’autres leçons d’une servante, d’une grande dame et de deux officiers. Elle alla aux réunions du sabbat ; là, pour prix de sa formelle apostasie, on lui promit soixante-dix ans de vie et de santé. Mais à l’âge de dix-neuf ans, ses parents, qui ne soupçonnaient rien de son état, la mirent dans un couvent où elle se trouva en clôture ; il lui fallut donc vivre d’hypocrisie et de dissimulation. Elle joua si bien son personnage que, dans son monastère d’Unterzell, elle devint sous-prieure ; mais la contrainte où elle vivait lui pesait trop, quoique en secret elle cultivât la magie. Des contrariétés qui lui vinrent la poussèrent à ensorceler les religieuses ses compagnes. Aussitôt elles furent troublées de maladies, de visions, de tumultes nocturnes, d’oppressions, de mauvais traitements et de singuliers vertiges. On découvrit enfin, par des exorcismes, que ce désordre était l’œuvre de la sous-prieure. On trouva dans sa chambre des boîtes d’onguent, des herbes magiques, un vêtement jaune et d’autres objets singuliers. Reconnue coupable, elle fut remise aux juges séculiers, qui la condamnèrent à la peine de mort. On voit qu’elle se repentit ; mais les maux qu’elle avait causés étaient si grands qu’elle fut exécutée le 21 janvier 1749. Oswald Loschert, abbé d’Oberzëll, et témoin de tous les faits, a écrit l’histoire de cette possession et l’a envoyée à Marie-Thérèse.

Santabarenus. Basile, empereur de Constantinople, ayant perdu son fils Constantin, qu’il aimait uniquement, voulut le voir à quelque prix que ce fût. Il s’adressa à un moine hérétique, nommé Santabarenus, qui, après quelques conjurations, lui montra un spectre semblable à son fils[1].

 
 

Pareillement, un prétendu sorcier a fait voir à un fanatique admirateur de Frédéric II le spectre de ce roi de Prusse, et cela de notre temps, par la fantasmagorie, qui a été certainement connue des anciens.

Saphis, morceaux de papier sur lesquels sont écrits des passages du Koran, et que les Maures vendent aux nègres, comme ayant la propriété de rendre invulnérable celui qui les porte.

Sapondomad, génie sous la protection duquel est la terre, et qui, selon les Guèbres, fait des souhaits pour celui qui la cultive, et des imprécations contre celui qui la néglige.

Sarcueil, démon que nous ne connaissons pas, invoqué dans les litanies du sabbat.

  1. Michel Glycas.