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mans, gouverne le troisième ciel et qui est chargé d’affermir la terre, laquelle serait dans un mouvement perpétuel, s’il n’avait le pied dessus.

Saignement de nez. Quand on perd par le nez trois gouttes de sang seulement, c’est un présage de mort pour quelqu’un de la famille. Si on en perd quatre, le présage est nul.

Sainokavara, endroit du lac Fakone où les Japonais croient que les âmes des enfants sont retenues comme dans une espèce de limbes.

Sains (Marie de), sorcière et possédée. Voy. Possédées de Flandre.

Saint-André. Ce docteur, qui a écrit contre les superstitions, fut appelé, en 1726, par une femme qui lui fit confidence qu’elle était accouchée d’un lapereau. Le docteur témoigna d’abord sa surprise ; mais, quelques jours après, cette femme prétendit ressentir des tranchées ; elle ne douta pas qu’elle n’eût encore quelque lapin à mettre au monde. Saint-André arrive, et, pour ne rien négliger, il délivre lui-même la malade. Elle accouche en effet d’un petit lapin encore vivant. Les voisines et le docteur de crier miracle. On donne de l’argent à la mère des lapins ; elle prend goût au métier, et se met indiscrètement à accoucher tous les huit jours. La police, étonnée d’une si féconde maternité, croit devoir se mêler de cette affaire. On enferme la dame aux lapins, on la surveille exactement, et l’on s’assure bientôt qu’elle s’est moquée du public, et qu’elle a cru trouver une dupe dans le docteur Saint-André[1].

Il a laissé des lettres sur la magie, un vol. in-12. Son jugement n’est pas exact.

Saint-Aubin, auteur calviniste de l’Histoire des diables de Loudun, dans l’affaire d’Urbain Grandier. Un vol. in-12. Amsterdam, 1716. Ce livre, écrit avec une mauvaise foi insigne, n’est plein que de faussetés.

M. l’abbé Leriche, à la suite de ses belles Études sur les possessions en général et sur celle de Loudun en particulier, a redressé complètement les mille et un mensonges de ce calviniste, « qui n’a donné son livre au public, que èoixante ans après l’événement, lorsque les juges et les témoins étaient morts, qui a supprimé tout ce qui le gênait dans son roman, qui présente comme un innocent opprimé ce Grandier, homme orgueilleux, violent, vindicatif, débauché. Indépendamment du crime de magie bien prouvé, cet homme méritait le feu, « sur la déposition de soixante témoins ».

Saint-Aubin a été copié par Gayot de Pitaval, dans sa lourde collection des Causes célèbres. Les cœurs droits qui recherchent la vérité feront bien de lire le savant ouvrage que nous citons ; et nos biographes, s’ils sont seulement honnêtes, ne poseront plus Grandier en victime.

Saint-Germain (le comte de), charlatan célèbre du dernier siècle, qui se vantait de faire de l’or, de gonfler les diamants et d’opérer beaucoup de choses merveilleuses. Comme on ignorait son origine, il se disait immortel par la vertu de la pierre philosophale ; et le bruit courait qu’il était âgé de deux mille ans. Il avait l’art d’envelopper ses dupes dans le tissu de ses étranges confidences. Contant un jour qu’il avait beaucoup connu Ponce-Pilate à Jérusalem, il décrivait minutieusement la maison de ce gouverneur romain et disait les plats qu’on avait servis sur sa table, un soir qu’il avait soupé chez lui. Le cardinal de Rohan, croyant n’entendre là que des rêveries, s’adressa au valet de chambre du comte de Saint-Germain, vieillard aux cheveux blancs, à la figure honnête : « Mon ami, lui dit-il, j’ai de la peine à croire ce que dit votre maître. Qu’il soit ventriloque, passe ; qu’il fasse de l’or, j’y consens ; mais qu’il ait deux mille ans et qu’il ait vu Ponce-Pilate, c’est trop fort. Étiez-vous là ? — Oh ! non, monseigneur, répondit ingénument le valet de chambre, c’est plus ancien que moi. Il n’y a guère que quatre cents ans que je suis au service de M. le comte… »

Saint-Gille, marchand épicier à Saint-Germain en Laye, qui fut présenté comme ventriloque à l’Académie des sciences, le 22 décembre 1770. Il avait le talent d’articuler des paroles très-distinctes, la bouche bien fermée et les lèvres bien closes, ou la bouche grandement ouverte, en sorte que les spectateurs et auditeurs pouvaient y plonger. Il variait admirablement le timbre, la direction et le ton de sa voix, qui semblait venir tantôt du milieu des airs, tantôt du toit d’une maison opposée, de la voûte d’un temple, du haut d’un arbre, tantôt du sein de la terre, etc.[2].

Saints. D’impudents charlatans ont imaginé

 
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une abominable superstition dont les saints mêmes sont l’objet. Le tribunal de Saint-Quentin a jugé, en mars 1828, une cause ou cette imposture s’est
  1. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. III, p. 111.
  2. Le ventriloque de l’abbé de la Chapelle, cité par M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 278.