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runes secourables détournaient les accidents ; les runes victorieuses procuraient la victoire à ceux qui en faisaient usage ; les runes médicinales guérissaient des maladies ; on les gravait sur des feuilles d’arbre. Enfin, il y avait des runes pour éviter les naufrages, pour soulager les femmes en travail, pour préserver des empoisonnements. Ces runes différaient par les cérémonies qu’on observait en les écrivant, par la matière sur laquelle on les traçait, par l’endroit où on les exposait, par la façon dont on arrangeait les lignes, soit en cercle, soit en ligne serpentante, soit en triangle, etc. On trouve encore plusieurs de ces caractères tracés sur les rochers des mers du Nord.

Rush, lutin suédois. Voy. Puck.

Ryence, roi fabuleux de la partie septentrionale du pays de Galles ; il était magicien et portait un manteau bordé de vingt-quatre barbes de rois. Il fut tué par le roi Arthus.

Rymer, géant, ennemi des dieux chez les Scandinaves ; il doit à la fin du monde être le pilote du vaisseau Naglefare. Voy. ce mot.


S

Sabaoth. Les archontiques, secte du deuxième siècle, faisaient de Sabaoth un ange douteux qui était pour quelque chose dans les affaires de ce monde. Les mêmes disaient que la femme était l’ouvrage de Satan, galanterie digne des hérétiques.

Sabasius, chef du sabbat, selon certains démonographes. C’était autrefois l’un des surnoms de Bacchus, grand maître des sorciers dans l’antiquité païenne. C’est un gnome chez les caba-listes.

Sabathan, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Sabba, devineresse mise au nombre des sibylles. On croit que c’était celle de Cumes.

Sabbat. C’est l’assemblée des démons, des sorciers et des sorcières dans leurs orgies nocturnes. Nous devons donner ici les relations des démonomanes sur ce sujet. On s’occupe au sabbat, disent-ils, à faire ou à méditer le mal, à donner des craintes et des frayeurs, à préparer les maléfices, à accomplir des mystères abominables. Le sabbat se fait dans un carrefour ou dans quelque lieu désert et sauvage, auprès d’un

 
 


lac, d’un étang, d’un marais, parce qu’on y produit la grêle et qu’on y fabrique des orages. Le lieu qui sert à ce rassemblement reçoit une telle malédiction qu’il n’y peut croître ni herbe ni autre chose. Strozzi dit avoir vu autour d’un châtaignier, dans un champ du territoire de Vicence, un cercle dont la terre était aussi aride que les sables de la Libye, parce que les sorciers y dansaient et y faisaient le sabbat. Les nuits ordinaires de la convocation du sabbat sont celles du mercredi au jeudi et du vendredi au samedi. Quelquefois le sabbat se fait en plein midi, mais c’est fort rare. Les sorciers et les sorcières portent une marque qui leur est imprimée par le diable ; cette marque, par un certain mouvement intérieur qu’elle leur cause, les avertit de l’heure du ralliement. En cas d’urgence, le diable fait paraître un mouton dans une nuée (lequel mou-top n’est vu que des sorciers), pour rassembler son monde en un instant.

Dans les circonstances ordinaires, lorsque l’heure du départ est arrivée, après que les sorciers ont dormi, ou du moins fermé un œil, ce qui est d’obligation, ils se rendent au sabbat montés sur des bâtons ou sur des manches à balai oints de graisse d’enfant ; ou bien des diables subalternes les transportent sous des formes de boucs, de chevaux, d’ânes ou d’autres animaux. Ce voyage se fait toujours en l’air. Quand

 
 
les sorcières s’oignent pour monter sur le manche à balai qui doit les porter au sabbat, elles répètent plusieurs fois ces mots : Emen-hêtan ! emen-hétan ! qui signifient, dit Delancre : Ici et là ! ici