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des vers détachés du poète ; on les remuait dans une urne ; la sentence ou le vers qu’on en tirait déclarait le sort. On jetait encore des dés sur une planche où des vers étaient écrits, et ceux sur lesquelles s’arrêtaient les dés passaient pour contenir la prédiction. Chez les modernes, on

 
 
ouvrait le livre avec une épingle, et on interprétait le vers que l’épingle marquait.

Rhombus, instrument magique des Grecs, espèce de toupie dont on se servait dans les sortilèges. On l’entourait de lanières tressées, à l’aide desquelles on la faisait pirouetter. Les magiciens prétendaient que le mouvement de cette toupie avait la vertu de donner aux hommes les passions et les mouvements qu’ils voulaient leur inspirer ; quand on l’avait fait tourner dans un sens, si l’on voulait corriger l’effet qu’elle avait produit et lui en donner un contraire, le magicien la reprenait et lui faisait décrire un cercle opposé à celui qu’elle avait déjà parcouru. Les amants malheureux la faisait tourner en adressant à Némésis des imprécations contre l’objet de leur amour, s’ils en étaient dédaignés.

Rhône. Ce fleuve est honoré de quelques petits contes. De temps immémorial, quand les glaciers se fondent, on voit le diable descendre le Rhône à la nage, une épée nue d’une main, un globe d’or de l’autre. Alors il est en homme. D’autres fois il le descend travesti en femme sur un radeau grossier. Il s’arrêta un jour devant la ville de Martigny, et cria en patois : Aïgou, haoüssou ! (Fleuve, soulève-toi !) Aussitôt le Rhône obéit en franchissant ses rives, et détruisit une partie de la ville qui est encore en ruines.

On croit, dans l’Oberland (Suisse), que le fracas qu’on entend dans le glacier de la Fourche qui produit le Rhin est l’effet des cris et des gémissements des âmes qui ont mal vécu sur

 
 
la terre et qui sont condamnées là à travailler dans les glaces souterraines, pour alimenter sans relâche le cours violent du fleuve.

Rhotomago, magicien fameux au théâtre des

 
 
ombres chinoises. M. Berbiguier en fait sérieusement une espèce de démon, qui serait le grand maître des sorciers[1].

Rhune, montagne du pays basque, appelée le bosquet du Bouc, parce que les sorciers se sont longtemps réunis là pour faire leur sabbat.

Ribadin (Jeannette), jeune personne de dix-huit ans, dont l’histoire a fait du bruit au seizième siècle. Elle était de la paroisse de Jouin de Cernes, aux environs de Bordeaux. Cueillant un dimanche des herbes dans la campagne, elle fut saisie de convulsions et réprimandée par un de ses parents, qui voulut qu’elle publiât sa faute en pleine assemblée ; il la conduisit à la paroisse après lui avoir donné ses instructions. Un grand concours arriva ; la jeune fille annonça au peuple assemblé qu’elle avait eu grand mal pour avoir travaillé le dimanche ; ce qu’il fallait éviter pour

  1. Les Farfadets, t. I, p. 275.