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posséder cette panacée, prenez du soufre bleu céleste, mettez-le dans un vase de verre, versez dessus d’excellent esprit-de-vin, faites digérer au bain pendant vingt-quatre heures, et quand l’esprit-de-vin aura attiré le soufre par distillation, prenez une part de ce soufre, versez dessus trois fois son poids d’esprit blanc mercuriel extrait du vitriol minéral, bouchez bien le vase, faites digérer au bain vaporeux jusqu’à ce que le soufre soit réduit en liqueur ; alors versez dessus de très-bon esprit-de-vin à poids égal, digérez-les ensemble pendant quinze jours, passez le tout par l’alambic, retirez l’esprit par le bain tiède, et il restera une liqueur qui sera le vrai argent potable, ou soufre d’argent, qui ne peut plus être remis en corps. Cet élixir blanc est un’remède à peu près universel, qui fait merveilles en médecine, fond l’hydropisie et guérit’tous les maux intérieurs[1].

Argouges. Voy. Fées, à la fin.

 
Arioch
Arioch
Arioch.
 

Arignote. Lucien conte qu’à Corinthe, dans le quartier de Cranaüs, personne n’osait habiter une maison qui était visitée par un spectre. Un certain Arignote, s’étant muni de livres magiques égyptiens, s’enferma dans cette maison pour y passer la nuit, et se mit à lire tranquillement dans la cour. Le spectre parut bientôt : pour effrayer Arignote, il prit d’abord la figure d’un chien, ensuite celles d’un taureau et d’un lion. Mais, sans se troubler, Arignote prononça dans ses livres des conjurations qui obligèrent le fantôme à se retirer dans un coin de la cour, où il disparut. Le lendemain on creusa à l’endroit où le spectre s’était enfoncé ; on y trouva un squelette auquel on donna la sépulture, et rien ne parut plus dans la maison. — Cette anecdote n’est autre chose que l’aventure d’Athénodore, que Lucien avait lue dans Pline, et qu’il accommode à sa manière pour divertir ses lecteurs.

Arimane, prince des enfers chez les anciens Perses, source du mal, démon noir, engendré dans les ténèbres[2], ennemi d’Oromaze ou Or-mouzd, principe du bien. Mais celui-ci est éternel, tandis qu’Arimane est créé et doit périr un jour.

Arimaspes, peuples fabuleux de la Scythie ; ils n’avaient qu’un œil et passaient leur vie à détruire les dragons.

Arioch, démon de la vengeance, selon quelques démonographes ; différent d’Alastor, et occupé seulement des vengeances particulières de ceux qui l’emploient.

Ariolistes, devins de l’antiquité, dont le métier se nommait ariolatio, parce qu’ils devinaient par les autels (ab aris). Ils consultaient les démons sur leurs autels, dit Daugis[3] ; ils voyaient ensuite si l’autel tremblait ou s’il s’y faisait quelque merveille, et prédisaient ce que le diable leur inspirait.

Aristée, charlatan de l’île de Proconèse, qui vivait du temps de Crésus. Il disait que son âme sortait de son corps quand il voulait, et qu’elle y retournait ensuite. Les uns content qu’elle s’échappait, à la vue de sa femme et de ses enfants, sous la figure d’un cerf, Wierus dit sous la figure d’un corbeau[4]. — Hérodote rap-

 
Aristée
Aristée
 
porte, dans son quatrième livre, que cet Aristée, entrant un jour dans la boutique d’un foulon, y tomba mort ; que le foulon courut avertir ses parents, qui arrivèrent pour le faire enterrer ; mais on ne trouva plus le corps. Toute la ville était en grande surprise, quand des gens qui revenaient de quelque voyage assurèrent qu’ils avaient rencontré Aristée sur le chemin de Crolone[5]. Il paraît que c’était une espèce de vampire. Hérodote ajoute qu’il reparut au bout de sept ans à Proconèse, y composa un poëme et mourut de nouveau.

Leloyer, qui regarde Aristée comme un sorcier à extases[6], cite une autorité d’après laquelle, à l’heure même où ce vampire disparut pour la seconde fois, il aurait été transporté en Sicile, et s’y serait fait maître d’école.

Il se montra encore trois cent quarante ans après dans la ville de Métaponte, et il y fit élever des monuments qu’on voyait du temps d’Héro-

  1. Traité de chimie philosoph. et hermétique, p. 168.
  2. Plutarque, Sur Isis et Osiris.
  3. Traité sur la magie, etc., p. 66.
  4. De præstigiis dæm., lib. I, cap. xiv.
  5. Plutarque, dans la Vie de Romulus.
  6. Discours des spectres, liv. IV, ch. xxiv.