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tourner la tête. Postel se prétendit capable d’instruire et de convertir le monde entier. À la nouvelle des rêveries qu’il débitait, il fut dénoncé comme hérétique ; mais on le mit hors de cause en considérant qu’il était fou. Après avoir parcouru l’Orient et fait paraître plusieurs ouvrages dans lesquels il parle des visions de la mère


Jeanne, il rentra dans de meilleurs sentiments, se retira au prieuré de Saint-Martin des Champs, à Paris, et y mourut en chrétien à quatre-vingt-seize ans, le 6 septembre 1581. On lui attribue à tort le livre des Trois Imposteurs. Voy. Jeanne.

Pot à beurre. Un certain exorciste avait enfermé plusieurs démons dans un pot à beurre ; après sa mort, comme les démons faisaient du bruit dans le pot, les héritiers le cassèrent, persuadés qu’ils allaient y surprendre quelque trésor ; mais ils n’y trouvèrent que le diable assez mal logé. Il s’envola avec ses compagnons et laissa le pot vide[1]. Conte populaire.

Pou d’argent. C’est la décoration que le diable donne aux sorciers.

Poudot, savetier de Toulouse, dans la maison duquel le diable se cacha en 1557. Le malin jetait des pierres qu’il tenait enfermées dans un coffre que l’on trouva fermé à clef, et que l’on enfonça ; mais, malgré qu’on le vidât, il se remplissait toujours. Cette circonstance fit beaucoup de bruit dans la ville, et le président de la cour de justice, M. Latomy, vint voir cette merveille. Le diable fit sauter son bonnet d’un coup de pierre, au moment où il entrait dans la chambre au coffre ; il s’enfuit effrayé, et on ne délogea qu’avec peine cet esprit malin, qui faisait des tours de physique amusante[2].

Poudres. Les sorciers composaient pour leurs maléfices des poudres qui, comme leurs onguents, étaient des poisons.

Poule noire. C’est en sacrifiant une poule noire à minuit, dans un carrefour isolé, qu’on engage le diable à venir faire pacte. Il faut prononcer une conjuration, ne se point retourner, faire un trou en terre, y répandre le sang de la

poule et l’y enterrer. Le même jour, et plus ordinairement neuf jours après, le diable vient et donne de l’argent ; ou bien il fait présent à celui qui a sacrifié d’une autre poule noire qui est une poule aux œufs d’or. Les doctes croient que ces sortes de poules, données par le diable, sont de vrais démons. Le juif Samuel Bernard, banquier de la cour de France, mort à quatre-vingt-dix ans en 1739, et dont on voyait la maison à la place des Victoires, à Paris, avait, disait-on, une poule noire qu’il soignait extrêmement ; il mourut peu de jours après sa poule, laissant trente-trois millions. La superstition de la poule noire est encore très-répandue. On dit en Bretagne qu’on vend la poule noire au diable, qui l’achète à minuit, et paye le prix qu’on lui en demande[3]. Il y a un mauvais et sot petit livre dont voici le titre : « La Poule Noire, ou la poule aux œufs d’or, avec la science des talismans et des anneaux magiques, l’art de la nécromancie et de la cabale, pour conjurer les esprits infernaux, les sylphes, les ondins, les gnomes, acquérir la connaissance des sciences secrètes, découvrir les trésors et obtenir le pouvoir de commander à tous les êtres et déjouer tous les maléfices et sortilèges, etc. » En Égypte, 740, 1 vol. in-18. — Ce n’est qu’un fatras niais et incompréhensible.

Poulets. Voy. Augures.

Poulpiquets. Voy. Boléguéans.

Poupart. Voy. Apparitions.

Pourang, nom du premier homme, selon les Japonais, lequel sortit d’une citrouille échauffée par l’haleine d’un bœuf, après qu’il eut cassé l’œuf d’où le monde était issu.

Pou-Sha, dieu de la porcelaine chez les Chinois. Des ouvriers, dit-on, ne pouvant exécuter un dessin donné par un empereur, l’un d’eux, nommé Pou-Sha, dans un moment de désespoir,

  1. Legenda aurea. Jac. de Voragine, leg. lxxxviii.
  2. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 424.
  3. Cambry, Voyage dvns le Finistère, t. III, p. 46.