Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/544

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PHY
PHY
— 536 —
Lavater, et jetées sur le papier sans que l’esprit d’observation les ait dictées.

Il y a autant de diversité et de dissemblance entre les formes des mains qu’il y en a entre les physionomies. Deux visages parfaitement ressemblants n’existent nulle part ; de même vous ne rencontrerez pas chez deux personnes différentes deux mains qui se ressemblent.

Chaque main, dans son état naturel, c’est-à-dire abstraction faite des accidents extraordinaires, se trouve en parfaite analogie avec les corps dont elle fait partie. Les os, les nerfs, les muscles, le sang et la peau de la main ne sont que la continuation des os, des nerfs, des muscles, du sang et de la peau du reste du corps. Le même sang circule dans le cœur, dans la tête et dans la main. La main contribue donc, pour sa part, à faire connaître le caractère de l’individu ; elle est, aussi bien que les autres membres du corps, un objet de physiognomonie, objet d’autant plus significatif et d’autant plus frappant, que la main ne peut pas dissimuler, et que sa mobilité la trahit à chaque instant. Sa position la plus tranquille indique nos dispositions naturelles ; ses flexions, nos actions et nos passions. Dans tous ses mouvements, elle suit l’impulsion que lui donne le reste du corps. Voy. Main.

Tout le monde sait que des épaules larges, qui descendent insensiblement et qui ne remontent pas en pointe sont un signe de santé et de force. Des épaules de travers influent ordinairement aussi sur la délicatesse de la complexion ; mais on dirait qu’elles favorisent la finesse et l’activité de l’esprit, l’amour de l’exactitude et de l’ordre. Une poitrine large et carrée, ni trop convexe, ni trop concave, suppose toujours des épaules bien constituées et fournit les mêmes indices. Une poitrine plate, et pour ainsi dire creuse, dénote la faiblesse du tempérament. Un ventre gros et proéminent incline bien plus à la sensualité et a la paresse qu’un ventre plat et rétréci.

On doit attendre plus d’énergie et d’activité, plus de flexibilité d’esprit et de finesse, d’un tempérament sec que d’un corps surchargé d’embonpoint. Il se trouve cependant des gens d’une taille effilée qui sont excessivement lents et paresseux ; mais alors le caractère de leur indolence reparaît dans le bas du visage. Les gens d’un mérite supérieur ont ordinairement les cuisses maigres. Les pieds plats s’associent rarement avec le génie.

Quoiqu’il n’y ait aucune ressemblance proprement dite entre l’homme et les animaux, selon la remarque d’Aristote, il peut arriver néanmoins que certains traits du visage humain nous rappellent l’idée de quelque animal.

Porta a été plus loin, puisqu’il a trouvé dans chaque figure humaine la figure d’un animal ou d’un oiseau, et qu’il juge les hommes par le naturel de l’animal dont ils simulent un peu les traits.

Le singe, le cheval et l’éléphant sont les animaux qui ressemblent le plus à l’espèce humaine par le contour de leurs profils et de leur face. Les plus belles ressemblances sont celles du cheval, du lion, du chien, de l’éléphant et de l’aigle. Ceux qui ressemblent au singe sont habiles, actifs, adroits, rusés, malins, avares et quelquefois méchants. La ressemblance du cheval donne le courage et la noblesse de l’âme. Un front comme celui de l’éléphant annonce la prudence et l’énergie. Un homme qui par le nez et le front ressemblerait au profil du lion ne serait certainement pas un homme ordinaire (la face du lion porte l’empreinte de l’énergie, du calme et de la force) ; mais il est bien rare que ce caractère puisse se trouver en plein sur une face humaine.

 
Physiognomonie
Physiognomonie
 

La ressemblance du chien annonce la fidélité, la droiture et un grand appétit[1] ; celle du loup, qui en diffère si peu, dénote un homme violent, dur, lâche, féroce, passionné, traître et sanguinaire ; celle du renard indique la petitesse, la faiblesse, la ruse et la violence. La ligne qui partage le museau de l’hyène porte le caractère d’une dureté inexorable. La ressemblance du tigre annonce une férocité gloutonne. Dans les yeux et le mufle du tigre, quelle expression de perfidie ! La ligne que forme la bouche du lynx et du tigre est l’expression de la cruauté. Le chat : hypocrisie, attention et friandise. Les chats sont des tigres en petit, apprivoisés par une éducation

  1. Dans la Physiognomonie de Porta, Platon ressemble à un chien de chasse.