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sans la compromettre aucunement, de cet ornement singulier, a été faite par le docteur Seutin, et le phénomène fut aussitôt régulièrement constaté Voy. Imagination, etc.

Philinnion. Voici un trait rapporté par Phlégon, et qu’on présume être arrivé à Hypate en Thessalie. Philinnion, fille unique de Démocrate et de Charito, mourut en âge nubile ; ses parents inconsolables firent enterrer avec le corps mort les bijoux et les atours que la jeune fille avait le plus aimés pendant sa vie. Quelque temps après, un jeune seigneur, nommé Mâchâtes, vint loger chez Démocrate, qui était son ami. Le soir,


comme il était dans sa chambre, Philinnion lui apparaît, lui déclare qu’elle l’aime ; ignorant sa mort, il l’épouse en secret. Mâchâtes, pour gage de son amour, donne à Philinnion une coupe d’or et se laisse tirer un anneau de fer qu’il avait au doigt. Philinnion, de son côté, lui fait présent de son collier et d’un anneau d’or, et se retire avant le jour. Le lendemain, elle revint à la même heure. Pendant qu’ils étaient ensemble, Charito envoya une vieille servante dans la chambre de Mâchâtes pour voir s’il ne lui manquait rien. Cette femme retourna bientôt éperdue vers sa maîtresse et lui annonça que Philinnion était avec Mâchâtes. On la traita de visionnaire ; mais comme elle s’obstinait à soutenir ce qu’elle disait, quand le matin fut venu, Charito alla trouver son hôte et lui demanda si la vieille ne l’avait point trompée. Mâchâtes avoua qu’elle n’avait pas fait un mensonge, raconta les circonstances de ce qui lui était arrivé, et montra le collier et l’anneau d’or que la mère reconnut pour ceux de sa fille. Cette vue réveilla la douleur de la perte qu’elle avait faite ; elle jeta des cris épouvantables e supplia Mâchâtes de l’avertir quand sa fille reviendrait, ce qu’il exécuta. Le père et la mère la virent et coururent à elle pour l’embrasser. Mais Philinnion, baissant les yeux, leur dit avec une contenance morne : — Hélas ! mon père, et vous, ma mère, vous détruisez ma félicité, en m’empêchant, par votre présence importune, de vivre seulement trois jours. Votre curiosité vous sera funeste, car je m’en retourne au séjour de la mort, et vous me pleurerez autant que quand je fus portée en terre pour la première fois. Mais je vous avertis que je ne suis pas venue ici sans la volonté des dieux. Après ces mots, elle retomba morte, et son corps fut exposé sur un lit à la vue de tous ceux de la maison. On alla visiter le tombeau, qu’on trouva vide et ne contenant seulement que l’anneau de fer et la coupe que Mâchâtes lui avait donnés…

Philosophie hermétique. Voy. Pierre philosophale.

Philotanus, démon d’ordre inférieur, soumis à Bélial.

Philtre, breuvage ou drogue dont l’effet prétendu est de donner l’amour. Les anciens, qui en connaissaient l’usage, invoquaient dans la confection des philtres les divinités infernales. Il y entrait différents animaux, herbes ou matières, tels que le poisson appelé remore, certains os de grenouilles, la pierre astroïte et surtout l’hippomane. Delrio, qui met les philtres au rang des maléfices, ajoute qu’on s’est aussi servi pour les composer de rognures d’ongles, de limailles de métaux, de reptiles, d’intestins de poissons et d’oiseaux, et qu’on y a mêlé quelquefois des fragments d’ornements d’église.

Les philtres s’expliquent, comme les poisons, par la pharmacie. L’hippomane est le plus fameux de tous les philtres ; c’est un morceau de chair noirâtre et de forme ronde, de la grosseur d’une figue sèche, que le poulain apporte quelquefois sur le front en naissant. Suivant les livres de secrets magiques, ce mystérieux morceau de chair fait naître une passion ardente, quand, étant mis en poudre, il est pris avec le sang de celui qui veut se faire aimer. Jean-Baptiste Porta détaille au long les surprenantes propriétés de l’hippomane ; il est fâcheux qu’on n’ait jamais pu le trouver tel qu’il le décrit, ni au front du poulain naissant, ni ailleurs. Voy. Hippomane.

Les philtres sont en grand nombre et plus ridicules les uns que les autres. Les anciens les connaissaient autant que nous, et chez eux on rejetait sur les charmes magiques les causes d’une passion violente, un amour disproportionné, le rapprochement de deux cœurs entre qui la fortune avait mis une barrière, ou que les parents ne voulaient point unir.

Il y a de certains toniques qui enflamment les intestins, causent la démence ou la mort et in-