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anciens donnent à Platon une tête avec des ailes de papillon, parce que c’est le premier philosophe grec qui ait écrit dignement sur l’immortalité de l’âme.

Paracelse (Philippe Bombast, dit), né dans le canton de Zurich en 1493. Il voyagea, vit les médecins de presque toute l’Europe, et conféra avec eux. Il se donnait pour le réformateur de la médecine ; et voulant en arracher le sceptre à Hippocrate et à Galien, il décria leurs principes et leur méthode. On lui doit la découverte de l’opium et du mercure, dont il enseigna l’usage. Paracelse est surtout le héros de ceux qui croient à la pierre philosophale, et qui lui attribuent hautement l’avantage de l’avoir possédée, s’appuyant en cela de sa propre autorité. C’était quelquefois un homme étonnant et un grand charlatan, a Quand il était ivre, dit Wettern, qui a demeuré vingt-sept mois avec lui, il menaçait de faire venir un million de diables, pour montrer quel empire et quelle puissance il avait sur eux ; mais il ne disait pas de si grandes extravagances quand il était à jeun. » Il avait, selon les démonomanes, un démon familier renfermé dans le pommeau de son épée. Il disait que Dieu lui avait révélé le secret de faire de l’or, et il se vantait de pouvoir, soit par le moyen de la pierre philosophale, soit par la vertu de ses remèdes, conserver la vie aux hommes pendant plusieurs siècles. Néanmoins il mourut à quarante — huit ans, en 1541, à Salzbourg.

Les médecins, ses rivaux, n’ont pas peu contribué à le décrier. « Ce fut le diable, dit le docteur Louis de Fontenettes, dans la préface de son Hippocrate dépaysé, qui suscita Paracelse, auteur de la plus damnable hérésie qui ait jamais été tramée contre le corps humain. »

Paramelle. Tout le monde a connu de réputation l’abbé Paramelle, qui découvrait à coup sûr les sources cachées, sans baguette divinatoire. Voici une de ses anecdotes :

Un riche propriétaire du Jura voulut se moquer un peu de la science de l’hydroscope. Il possédait dans son jardin une source abondante ; il la cacha soigneusement aux yeux. « Aurai-je le bonheur de trouver de l’eau sur cette propriété ? » Telle est la question qui fut adressée à l’abbé Paramelle. — Non, répondit-il résolument. — Mais enfin, monsieur l’abbé, voyez, cherchez bien ; il est impossible qu’il n’y ait pas ici quelque source. — Non, vous dis-je, il n’y aura pas de source ici. Le financier rit sous cape ; son hôte n’a pas l’air de s’en apercevoir, et se dirige jusqu’à un champ éloigné de quelques centaines de pas. C’était l’unique richesse d’un pauvre paysan.’ « Seriez-vous bien aise, lui dit l’abbé, de posséder une source dans votre champ ? — Hé ! monsieur l’abbé, répond l’autre, je n’ai pas le moyen de souscrire. — Vous l’aurez gratis. Apportez une pioche. » La pioche vient, la terre est fouillée, et une belle source jaillit à tous les yeux. Le riche propriétaire se prépare enfin à jouir du fruit de son stratagème et de la confusion de l’abbé. Il retourne sur ses pas, accompagné de la foule ; il veut lui montrer la riche fontaine qu’il avait dissimulée. Qui fut surpris ? La source a disparu. L’hydroscope l’avait arrêtée dans sa course au milieu du champ du cultivateur. Notre homme jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Parchemin vierge. Il est employé dans la magie en plusieurs manières. On appelle parchemin vierge celui qui est fait de peaux de bêtes n’ayant jamais engendré. Pour le faire, on met l’animal qui doit le fournir dans un lieu secret où personne n’habite ; on prend un bâton vierge ou de la séve de l’année ; on le taille en forme de couteau, puis on écorche l’animal avec ce couteau de bois, et avec le sel on sale ladite peau, que l’on met au soleil pendant quinze jours. On prendra alors un pot de terre vernissé, autour duquel on écrira des caractères magiques ; dans ce pot on mettra une grosse pierre de chaux vive avec de l’eau bénite et ladite peau ; on l’y laissera neuf jours entiers. On la tirera enfin, et avec le couteau de bois, on la ratissera pour en ôter le poil ; on la mettra sécher pendant huit jours à l’ombre, après l’avoir aspergée ; on la serrera ensuite dans un drap de soie avec tous les instruments de l’art. Qu’aucune femme ne voie ce parchemin, parce qu’il perdrait sa vertu. C’est sur ce parchemin qu’on écrit ensuite les pantacles, talismans, figures magiques, pactes et autres pièces.

Parfums. On dit que si l’on se parfume avec de la semence de lin et de psellium, ou avec les racines de violette et d’acne, on connaîtra les choses futures, et que, pour chasser les mauvais esprits et fantômes nuisibles, il faut faire un parfum avec calament, pivoine, menthe et palmachristi. On peut assembler les serpents par le parfum des os de l’extrémité du gosier de cerf, et, au contraire, on les peut chasser et mettre en fuite si on allume la corne du même cerf. La corne du pied droit d’un cheval ou d’une mule, allumée dans une maison, chasse les souris, et celle du pied gauche les mouches. Si on fait un parfum avec du fiel de seiche, du thymiamas, des roses et du bois d’aloès, et qu’on jette sur ce parfum allumé de l’eau ou du sang, la maison semblera pleine d’eau ou de sang, et si on jette dessus de la terre labourée, il semblera que le sol tremble[1].

Paris. Une prédiction avait annoncé que Paris serait détruit par une pluie de feu le 6 janvier 1840. Mais la catastrophe a été remise au cinquième mois de l’année 1900.

Parker (Guillaume). Voy. Buckingham.

  1. Nynauld, p. 72 de la Lycanthropie.