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la forme extérieure et dans les figures intérieures d’un œuf les secrets les plus impénétrables de l’avenir. Suidas prétend que cette divination fut inventée par Orphée.

On devine à présent par l’inspection des blancs d’œufs ; et des sibylles modernes (entre autres mademoiselle Lenormand) ont rendu cette divination célèbre. Il faut prendre pour cela un verre d’eau, casser dessus un œuf frais et l’y laisser tomber doucement. On voit par les figures que le blanc forme dans l’eau divers présages. Quelques-uns cassent l’œuf dans de l’eau bouillante ; on explique alors les signes comme pour le marc de café. Au reste, cette divination n’est pas nouvelle ; elle est même indiquée par le Grimoire. « L’opération de l’œuf, dit ce livre, est pour savoir ce qui doit arriver à quelqu’un qui est présent lors de l’opération. On prend un œuf d’une poule noire, pondu du jour ; on le casse, on en tire le germe ; il faut avoir un grand verre bien fin et bien net, l’emplir d’eau claire et y mettre le germe de l’œuf ; on met ce verre au soleil de midi dans l’été, en récitant des oraisons et des conjurations, et avec le doigt on remue l’eau du verre pour faire tourner le germe ; on le laisse ensuite reposer un instant, et on regarde sans toucher. On voit ce qui aura rapport à celui ou à celle pour qui l’opération se fait. Il faut tâcher* que ce soit un jour de travail, parce qu’alors les objets s’y présentent dans leurs occupations ordinaires[1]. Voy. Œufs.

Opale. Cette pierre récrée le cœur, préserve de tout venin et contagion de l’air, chasse la tristesse, empêche les syncopes, les maux de cœur et les affections malignes…

Opalski, sources d’eaux chaudes dans le Kamtschatka. Les habitants s’imaginent que c’est la demeure de quelque démon et ont soin de lui apporter de légères offrandes pour apaiser sa colère. Sans cela, disent-ils, il soulèverait contre eux de terribles tempêtes.

Ophiogènes, charmeurs qui, dans l’Hellespont, guérissaient par le simple toucher les morsures des serpents. Varron cite quelques-uns de ces habiles qui faisaient la même chose avec leur salive.

Ophiomancie, divination par les serpents. Elle était fort usitée chez les anciens, et consistait à tirer présage des divers mouvements qu’on voyait faire aux serpents. On avait tant de foi à ces oracles, qu’on nourrissait exprès des serpents pour connaître ainsi l’avenir. Voy. Serpents.

Ophionée, chef des démons ou mauvais génies qui se révoltèrent contre Jupiter, selon Phérécyde le Syrien.

Ophioneus, célèbre devin de Messénie, aveugle de naissance. Il demandait à ceux qui venaient le consulter comment ils s’étaient conduits jusqu’alors, et, d’après leur réponse, prédisait ce qui leur devait arriver. Ce n’était pas si bête. Aristodème, roi des Messéniens, ayant consulté l’oracle de Delphes sur le succès de la guerre contre les Lacédémoniens, il lui fut répondu que quand deux yeux s’ouvriraient à la lumière et se refermeraient peu après, c’en serait fait des Messéniens. Ophioneus se plaignit de violents maux de tête qui durèrent quelques jours, au bout desquels ses yeux s’ouvrirent pour se refermer bientôt. Aristodème, en apprenant cette double nouvelle, désespéra du succès et se tua pour ne pas survivre à sa défaite. Voy. Ololygmancie.

Ophites, hérétiques du deuxième siècle qui rendaient un culte superstitieux au serpent. Ils enseignaient que le serpent avait rendu un grand service aux hommes en leur faisant connaître le bien et le mal ; ils maudissaient Jésus-Christ, parce qu’il est écrit qu’il est venu dans le monde pour écraser la tête du serpent. Aussi Origène ne les regardait-il pas comme chrétiens. Leur secte était peu nombreuse.

Ophthalmius, pierre fabuleuse qui rendait, disait-on, invisible celui qui la portait.

Ophthalmoscopie, art de connaître le caractère ou le tempérament d’une personne par l’inspection de ses yeux. Voy. Physiognomonie.

Optimisme. On parle d’une secte de philosophes optimistes qui existaient jadis dans l’Arabie, et qui employaient tout leur esprit à ne rien trouver de mal. Un docteur de cette secte avait une femme acariâtre, qu’il supporta longtemps, mais qu’enfin il étrangla de son mieux ; et il trouva que tout était bien. Le calife fit empaler le coupable, qui souffrit sans se plaindre. Comme les assistants s’étonnaient de sa tranquillité : — Eh mais ! leur dit-il, ne suis-je pas bien empalé ?

On fait aussi ce conte : Le diable emportait un philosophe de la même secte, et celui-ci se laissait emporter tranquillement. — Il faut bien que nous arrivions quelque part, disait-il, et tout est pour le mieux[2].

  1. Les trois grimoires, p. 55.
  2. Un jeune homme était bossu ; il se consacrait aux arts et ne rêvait que la gloire. Un savant chirurgien le redressa ; devenu un homme bien fait, il se jeta dans le monde et y fut englouti sans y laisser de nom. M. Eugène Guinot, qui cite ce fait, ajoute :

    « Esope n’aurait peut-être pas composé ses fables, si l’orthopédie avait été inventée de son temps. Le même écrivain cite d’autres victimes de la science. Un homme du monde était bègue, on lui trouvait de l’esprit ; l’hésitation prêtait de l’originalité à ses discours ; il avait le temps de réfléchir en parlant ; il s’arrêtait quelquefois d’une manière heureuse au milieu d’une phrase ; il avait des demi-mots qui faisaient fortune. Un opérateur lui rend le libre exercice de sa langue ; il parle net, et on trouve qu’il n’est plus qu’un sot. Un pauvre aveugle, commodément installé sur le pont Neuf, recevait d’abondantes aumônes. Un savant docteur lui rend la vue. Il retourne à son poste ; mais bientôt un sergent de ville le prend au collet en vertu des ordonnances qui régissent la mendicité. — Je suis en règle, dit le mendiant, voici