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ODO
ŒUF
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et, au moment d’expirer, il déclara qu’il allait dans la Scythie prendre place parmi les dieux, promettant d’accueillir un jour avec honneur dans son paradis tous ceux qui s’exposeraient courageusement dans les batailles, ou qui mourraient les armes à la main. Toute la mythologie des Islandais a Odin pour principe, comme le prouve l’Edda, traduit par Mallet, à la tête de son Histoire de Danemark[1]. Voy. Woden, Hakelberg, etc.

Odontotyrannus. Voy. Serpent de mer.

Odorat. Cardan dit au livre XIII de la Subtilité qu’un odorat excellent est une marque d’esprit, parce que la qualité chaude et sèche du cerveau est propre à rendre l’odorat plus subtil, et que ces mêmes qualités rendent l’imagination plus vive et plus féconde. Rien n’est moins sûr que cette assertion ; il n’y a point de peuple qui ait si bon nez que les habitants de Nicaragua, les Abaquis, les Iroquois ; et on sait qu’ils n-’en sont pas plus spirituels. Mamurra, selon Martial, ne consultait que son nez pour savoir si le cuivre qu’on lui présentait était de Corinthe.

 
Odet, démon de la nuit, sous la forme d’un mulet. — Page 499
Odet, démon de la nuit, sous la forme d’un mulet. — Page 499.
 

Œil. Les gorgones avaient un seul œil, dont elles se servaient tour à tour pour changer en pierres tous ceux qui les regardaient. Les anciens font mention des Arimaspes, comme de peuples qui n’avaient qu’un œil, et qui étaient souvent aux prises avec les griffons, pour ravir l’or confié à la garde de ces monstres. Pour le mauvais œil, Voy. Yeux.

Œnomancie, divination par le vin, dont on considère la couleur en le buvant, et dont on remarque les moindres circonstances pour en tirer des présages. Les Perses étaient fort attachés à cette divination.

Œnothère, géant de l’armée de Charlemagne, qui, d’un revers de son épée, fauchait des bataillons ennemis comme on fauche l’herbe d’un pré[2].

Œonistice, divination par le vol des oiseaux. Voy. Augures.

Oès. Voy. Oannès.

Œufs. On doit briser la coque des œufs frais, quand on les a mangés, par pure civilité ; aussi cet usage est-il pratiqué par les gens bien élevés, dit M. Salgues[3] ; cependant il y a des personnes qui n’ont pas coutume d’en agir ainsi. Quoi qu’il en soit, cette loi remonte à une très-haute antiquité. On voit, par un passage de Pline, que les Romains y attachaient une grande importance. L’œuf était regardé comme l’emblème de la nature, comme une substance mystérieuse et sacrée. On était persuadé que les magiciens s’en servaient dans leurs conjurations, qu’ils le vidaient et traçaient dans l’intérieur des caractères magiques dont la puissance pouvait opérer beaucoup de mal. On en brisait les coques pour détruire les charmes. Les anciens se contentaient quelquefois de les percer avec un couteau, et dans d’autres moments de frapper trois coups dessus. Les œufs leur servaient aussi d’augure. Julie, fille d’Auguste, étant grosse de Tibère, désirait ardemment un fils. Pour savoir si ses vœux seraient accomplis, elle prit un œuf, le mit dans son sein, l’échauffa ; quand elle était obligé de le quitter, elle le donnait à une nourrice pour lui conserver sa chaleur. L’augure fut heureux, dit Pline : elle eut un coq de son œuf et mit au monde un garçon[4].

Les druides pratiquaient, dit-on, cette super-

  1. Le livre unique, numéro 9.
  2. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 416.
  3. Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 392.
  4. Cicéron rapporte qu’un homme ayant rêvé qu’il mangeait un œuf frais alla consulter l’interprète des songes, qui lui dit que le blanc d’œuf signifiait qu’il aurait bientôt de l’argent, et le jaune, de l’or. Il eut effectivement peu après une succession où il y avait de l’un et de l’autre. Il alla remercier l’interprète, et