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et il nous sera toujours plus favorable que contraire. »

Michael (Éliacim). Jean Desmarets, sieur de Saint-Sorlin, avait publié des Avis du Saint-Esprit au roi. Mais le plus éclatant et le plus important des avis de cette sorte est celui qui fut apporté un peu plus tard par le grand prophète Éliacim Michael. Il nous avertissait, dit Baillet, que dans peu de temps on verrait une armée de cent quarante mille hommes de troupes sacrées sous les ordres du roi, qui aurait pour lieutenants les quatre princes des anges. Il ajoutait que Louis XIV, avec cette armée, exterminerait absolument tous les hérétiques et tous les mahométans, mais que tous ses soldats merveilleux seraient immolés[1] .

Michaélis (Sébastien), dominicain, né au diocèse de Marseille en 1543. Il a écrit l’Histoire véritable de ce qui s’est passé dans l’exorcisme de trois filles possédées au pays de Flandre, avec un Traité des sorciers et des magiciens, 2 vol. in-12, très-rares, imprimés à Paris en 1623, cinq ans après la mort de l’auteur. Il dit dans cet ouvrage que les tribunaux sensés ne considéraient la confession de magie et d’assistance au sabbat que comme preuves chimériques, et qu’ils ne condamnaient la magie que si elle était aggravée par la circonstance d’un attentat contre les hommes ou contre leurs biens.

Michel (Mont Saint-). Il y a sur le mont Saint-Michel, en Bretagne, cette croyance que les démons chassés du corps des hommes sont enchaînés dans un cercle magique au haut de cette montagne. Ceux qui mettent le pied dans ce cercle courent toute la nuit sans pouvoir s’arrêter : aussi la nuit on n’ose traverser le mont Saint-Michel[2] .

Michel, maréchal ferrant de Salon en Provence, eut une singulière aventure en 1697. Un spectre, disait-on, s’était montré à un bourgeois de la ville et lui avait ordonné d’aller parler à Louis XIV, qui était alors à Versailles, en lui recommandant le secret envers tout autre que l’intendant de la province, sous peine de mort. Ce bourgeois effrayé conta sa vision à sa femme et paya son indiscrétion de sa vie. Quelque temps après, la même apparition s’étant adressée à un autre habitant de Salon, il eut l’imprudence à son tour d’en faire part à son père, et il mourut comme le premier. Tous les alentours furent épouvantés de ces deux tragédies. Le spectre se montra alors à Michel, le maréchal ferrant ; celui-ci se rendit aussitôt chez l’intendant, où il fut d’abord traité de fou ; mais ensuite on lui accorda des dépêches pour le marquis de Barbezieux, lequel lui facilita les moyens de se présenter au premier ministre du roi. Le ministre voulut savoir les motifs qui engageaient ce bonhomme à parler au prince en secret. Michel, à qui le spectre apparut de nouveau à Versailles,

Le spectre.


assura qu’au risque de sa vie il ne pouvait rien divulguer, et, comme il était néanmoins pressé de parler, il dit au ministre que, pour lui prouver qu’il ne s’agissait pas de chimères, il pouvait demander à Sa Majesté si, à sa dernière chasse de Fontainebleau, elle-même n’avait pas vu un fantôme ? si son cheval n’en avait pas été troublé ? s’il n’avait pas pris un écart ? et si Sa Majesté, persuadée que ce n’était qu’une illusion, n’avait pas évité d’en parler à personne ? Le marquis et le ministre ayant informé le roi de ces particularités, Louis XIV voulut voir secrètement Michel le jour même. Personne n’a jamais pu savoir ce qui eut lieu dans cette entrevue. Mais Michel, après avoir passé trois jours à la cour, s’en revint dans sa province, chargé d’une bonne somme d’argent que lui avait donnée Louis XIV, avec l’ordre de garder le secret le plus rigoureux sur le sujet de sa mission. On ajoute que, le roi étant un jour à la chasse, le duc de Duras, capitaine des gardes du corps, ayant dit qu’il n’aurait jamais laissé approcher Michel de la personne du roi, s’il n’en avait reçu l’ordre, Louis XIV répondit : « Il n’est pas fou, comme vous le pensez, et voilà comme on juge mal. » Mais on n’a pu découvrir autre chose de ce mystère.

Michel de Sahourspe, sorcier du pays de Saxe, qui déclara qu’il avait vu au sabbat un grand et un petit diable ; que le grand se servait du petit comme d’un aide de camp ; et que le derrière du grand maître des sabbats était un visage.

Michel l’Écossais, astrologue du seizième siècle. Il prédit qu’il mourrait dans une église ; ce qui arriva, dit Granger. Comme il était un

  1. P. Nicolle, sous le nom de Damvilliers, Lettres des visionnaires ; Baillet, Jugements des savants, Préjugés des titres des livres.
  2. Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 1, p. 242.