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un certain temps, les unes et les autres quittaient ce séjour pour habiter de nouveaux corps, même ceux des animaux ; et afin d’oublier entièrement tout le passé, elles buvaient de l’eau du fleuve Léthé, On peut regarder les Égyptiens comme les premiers auteurs de cette ancienne opinion de la métempsycose, que Pythagore a répandue dans la suite. Les manichéens croient à la métempsycose, tellement que les âmes, selon eux, passent dans les corps de l’espèce qu’elles ont le plus aimée dans leur vie précédente ou qu’elles ont le plus maltraitée. Celui qui a tué un rat ou une mouche sera contraint, par punition, de laisser passer son âme dans le corps d’un rat ou d’une mouche. L’état où l’on sera mis après sa mort sera pareillement opposé à l’état où l’on est pendant la vie : celui qui est riche sera pauvre, et celui qui est pauvre deviendra riche. C’est cette dernière croyance qui, dans les temps, multiplia un peu le parti des manichéens. Voy. Ghilcul et Transmigration.

Métoposcopie. Art de connaître les hommes par les rides du front. Voy. Front.

Meurtre. « Dans la nuit qui suivit l’ensevelissement du comte de Flandre Charles le Bon, ses meurtriers, selon la coutume des païens et


des sorciers, firent apporter du pain et un vase plein de cervoise. Ils s’assirent autour du cadavre, placèrent la boisson et le pain sur le linceul, comme sur une table, buveant et mangeant sur le mort, dans la confiance que par cette action ils empêcheraient qui que ce fût de venger le meurtre commis[1]. » Année 1127.

Meyer, professeur de philosophie à l’université de Halle, auteur d’un Essai sur les apparitions, traduit de l’allemand par F.-Ch. de Baer, 1748, in-12. L’auteur convient qu’on est sur un mauvais terrain lorsqu’on écrit sur les spectres. Il avoue qu’il n’en a jamais vu et n’a pas grande envie d’en voir. Il observe ensuite que l’imagination est pour beaucoup dans les aventures d’apparitions.

« Supposons, dit-il, un homme dont la mémoire est remplie d’histoires de revenants ; car les nourrices, les vieilles et les premiers maîtres ne manquent pas de nous en apprendre ; que cet homme pendant la nuit soit couché seul dans sa chambre, s’il entend devant sa porte une démarche mesurée, lourde et traînante, ce qui marche est peut-être un chien, mais il est loin d’y songer, et il a entendu un revenant, qu’il pourra même avoir vu dans un moment de trouble. » L’auteur termine en donnant cette recette contre les apparitions: 1° qu’on tâche d’améliorer son imagination et d’éviter ce qui pourrait la faire extravaguer ; 2° qu’on ne lise point d’histoires de spectres; car un homme qui n’en a jamais lu ni entendu n’a guère d’apparitions. « Qu’un spectre soit ce qu’il voudra, ajoute Meyer, Dieu est le maître,

  1. Gualbert, Vie de Charles le Bon’, ch. xviii, dans la collection des bollandistes, 2 mars.