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visse et le chien marin ne représente pas plus le chien de terre que celui-ci ne ressemble a l’étoile Sirius, qu’on appelle aussi le chien[1]. »

Il serait long et hors de propos de rapporter ici toutes les bizarreries que l’esprit humain a enfantées par rapport aux animaux. Voy. Bêtes. etc.

Aniran, génie musulman qui préside aux noces.

Anjorrand. Voy. Denis.

Anka. Voy. Simorgue.

Annaberge, démon terrible parmi les démons gardiens des mines. Il tua un jour plusieurs ouvriers dans la riche mine d’argent de l’Allemagne appelée Corona Rosacea.

« L’annaberge se montrait sous la forme d’un bouc avec des cornes d’or, et se précipitait sur les mineurs avec impétuosité, ou sous la forme d’un cheval, qui jetait la flamme et la peste par ses naseaux. » Ce terrible annaberge pouvait bien n’être qu’un esprit très-connu aujourd’hui des chimistes sous le nom de feu grisou. La lampe de sûreté d’Humphrey Davy aurait été un talisman précieux aux mineurs de la Couronne de roses[2].

Annabry, l’un des sept princes de l’enfer qui se montrèrent un jour à Faust. Il était en chien noir et blanc, avec des oreilles longues de quatre aunes[3]. Voy. Faust.

Anne l’Écossaise. — Voy. Auxonne.

Anneau. Il y avait autrefois beaucoup d’anneaux enchantés ou chargés d’amulettes. Les magiciens faisaient des anneaux constellés avec lesquels on opérait des merveilles. Voy. Éléazar. — Cette croyance était si répandue chez les païens, que leurs prêtres ne pouvaient porter d’anneaux, a moins qu’ils ne fussent si simples qu’il était évident qu’ils ne contenaient pas d’amulettes[4].

Les anneaux magiques devinrent aussi de quelque usage chez les chrétiens, et même beaucoup de superstitions se rattachèrent au simple anneau d’alliance. On croyait qu’il y avait dans le quatrième doigt, qu’on appela spécialement doigt annulaire ou doigt destiné à l’anneau, un nerf qui répondait directement au cœur ; on recommanda donc de mettre l’anneau d’alliance à ce seul doigt. Le moment où le mari donne l’anneau à sa jeune épouse devant le prêtre, ce moment, dit un vieux livre de secrets, est de la plus haute importance. Si le mari arrête l’anneau à l’entrée du doigt et ne passe pas la seconde jointure, la femme sera maîtresse ; mais s’il enfonce l’anneau jusqu’à l’origine du doigt, il sera chef et souverain. Cette idée est encore en vigueur, et les jeunes mariées ont généralement soin de courber le doigt annulaire au moment où elles reçoivent l’anneau, de manière a l’arrêter avant la seconde jointure.

Les Anglaises, qui observent la même superstition, font le plus grand cas de l’anneau d’alliance, à cause de ses propriétés. Elles croient qu’en mettant un de ces anneaux dans un bonnet de nuit, et plaçant le tout sous leur chevet, elles verront en songe le mari qui leur est destiné.

Les Orientaux révèrent les anneaux et les bagues, et croient aux anneaux enchantés. Leurs contes sont pleins de prodiges opérés par ces anneaux. Ils citent surtout, avec une admiration sans bornes, l’anneau de Salomon, par la force duquel ce prince commandait à toute la nature. Le grand nom de Dieu est gravé sur cette bague, qui est gardée par des dragons, dans le tombeau inconnu de Salomon. Celui qui s’emparerait de cet anneau serait maître du monde et aurait tous les génies à ses ordres. Voy. Sakhar. — À défaut de ce talisman prodigieux, ils achètent à des magiciens des anneaux qui produisent aussi des merveilles.

L’abominable Henri VIII bénissait des anneaux d’or, qui avaient, disait-il, la propriété de guérir de la crampe[5]. Les faiseurs de secrets ont inventé des bagues magiques qui ont plusieurs vertus. Leurs livres parlent de l’anneau des voyageurs. Cet anneau, dont le secret n’est pas bien certain, donnait à celui qui le portait le moyen d’aller sans fatigue de Paris à Orléans, et de revenir d’Orléans à Paris dans la même journée.

Anneau d’invisibilité. On n’a pas perdu le secret de l’anneau d’invisibilité. Les cabalistes ont laissé la manière de faire cet anneau, qui plaça Gygès au trône de Lydie. Il faut entreprendre cette opération un mercredi de printemps, sous les auspices de Mercure, lorsque cette planète se trouve en conjonction avec une des autres planètes favorables, comme la Lune, Jupiter, Vénus et le Soleil. Que l’on ait de bon mercure fixé et purifié ; on en formera une bague où puisse entrer facilement le doigt du milieu ; on enchâssera dans le chaton une petite pierre que l’on trouve dans le nid de la huppe, et on gravera autour de la bague ces paroles : Jésus passant au milieu d’eux s’en alla[6] ; puis, ayant posé le tout sur une plaque de mercure fixé, on fera le parfum de Mercure ; on enveloppera l’anneau dans un taffetas de la couleur convenable à la planète, on le portera dans le nid de la huppe d’où l’on a tiré la pierre, on l’y laissera neuf jours ; et quand on le retirera, on fera encore le parfum comme la première fois ; puis on le gardera dans une petite boîte faite avec du mercure fixé, pour s’en servir à l’occa-

  1. Brown, Des erreurs populaires, liv. III, ch. xxiv.
  2. Quarterly Review, Essai sur les superstitions populaires.
  3. M. François Hugo, le Faust anglais.
  4. Aulu-Gelle, lib. X, cap. xxv.
  5. Misson, Voyage d’Italie, t. III, p. 16, à la marge.
  6. Saint Luc, ch. iv, verset 30.