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Lucumoriens, sujets du czar de Moscovie, qui, à l’instar de la marmotte, depuis le mois d’octobre jusqu’à la fin du mois d’avril suivant, demeurent comme morts, au dire de Leloyer[1].</ref>.

Ludlam, sorcière, fée ou magicienne trèsfameuse, dont les habitants du comté de Surrey, en Angleterre, placent l’habitation dans une caverne voisine du château de Farnham, connu dans le pays sous le nom de Ludlam’s Hole, caverne de la mère Ludlam. La tradition populaire porte que cette sorcière n’était point un de ces êtres malfaisants qui tiennent une place distinguée dans la démonologie ; au contraire, elle faisait du bien à tous ceux qui imploraient sa protection d’une manière convenable. Les pauvres habitants du voisinage, manquant d’ustensiles de cuisine ou d’instruments de labourage,


n’avaient qu’à lui manifester leurs besoins, ils la trouvaient disposée à leur prêter ce qui leur était nécessaire. L’homme qui voulait avoir un de ces meubles se rendait à la caverne à minuit, en faisait trois fois le tour et disait ensuite : — Bonne mère Ludlam, ayez la bonté de m’envoyer un chaudron, ou telle chose ; je vous promets de vous le rendre dans deux jours.

Cette prière faite, on se retirait ; le lendemain, de grand matin, on retournait à la caverne, à l’entrée de laquelle on trouvait la chose demandée. Mais ceux qui invoquaient la mère Ludlam ne se montrèrent pas toujours aussi honnêtes qu’elle : un paysan vint la prier une fois de lui prêter une grande chaudière et la garda plus longtemps qu’il ne l’avait promis. La mère Ludlam, offensée de ce manque d’exactitude, refusa de recevoir sa chaudière lorsqu’on la lui rapporta, et depuis ce temps elle se venge en ne se prêtant plus à aucune des demandes qu’on lui fait<ref>Noël, Dictionnaire de la Fable.

Lugubre, oiseau du Brésil, dont le cri funèbre ne se fait entendre que la nuit ; ce qui le fait respecter des naturels, qui sont persuadés qu’il est chargé de leur apporter des nouvelles des morts. Léry, voyageur français, raconte que, traversant un village, il en scandalisa les habitants pour avoir ri de l’attention avec laquelle ils écoutaient le cri de cet oiseau. — Tais-toi, lui dit rudement un vieillard, ne nous empêche pas d’entendre les nouvelles que nos grands-pères nous envoient.

Lulle (Raymond), l’un des maîtres le plus souvent cités de la philosophie hermétique, et l’un des savants les moins connus du moyen âge. Il était né à Palma, dans l’île de Majorque, en 1235.

C’était un saint plus encore qu’un savant. Il consacra presque toute sa vie, missionnaire dévoué, à la conversion des Maures. Il reçut le martyre près de Bougie, à l’âge de quatre-vingts ans, tué à coups de pierre par les sectateurs de Mahomet, le 29 juin 1315, jour de Saint-Pierre.

Toutefois, il était savant chimiste ; et les annales de son temps soutiennent, avec preuves, qu’il fit de l’or. M. E.-J. Delécluse termine ainsi une belle notice qu’il a publiée sur cet homme :

« Les chimistes des onzième, douzième et treizième siècles étaient-ils des fous, et la transmutation des métaux est-elle une opération impossible ?

» Il ne m’appartient pas de traiter une pareille question, et je me bornerai à rapporter à ce sujet les paroles d’un des chimistes les plus éclairés de nos jours : — S’il ne sort de ces rapprochements, dit M. Dumas, aucune preuve de la possibilité d’opérer des transmutations dans les corps simples, du moins s’opposent-ils à ce qu’on repousse cette idée comme une absurdité qui serait démontrée par l’état actuel de nos connaissances. »

Lumière merveilleuse. — Prenez quatre onces d’herbe appelée serpentinette, mettez-la dans un pot de terre bouché, puis faites-la digérer au ventre de cheval, c’est-à-dire dans le fumier chaud, quinze jours ; elle se changera en de petits vers rouges, desquels vous tirerez une huile selon les principes de l’art ; de cette huile vous garnirez une lampe, et lorsqu’elle sera allumée dans une chambre, elle provoquera au sommeil et endormira si profondément ceux qui seront dans ladite chambre, que l’on ne pourra en éveiller aucun tant que la lampe brûlera.

Lune, la plus grande divinité du sabéisme après le soleil. Pindare l’appelle l’œil de la nuit, et Horace la reine du silence. Une partie des Orientaux l’honoraient sous le titre d’Uranie. C’est l’Isis des Égyptiens, l’Astarté des Phéniciens, la Mylitta des Perses, l’Alilat des Arabes, la Séléné des Grecs, et la Diane, la Vénus, la Junon des Romains. César ne donne point d’autres divinités aux peuples du Nord et aux anciens Germains que le feu, le soleil et la lune. Le culte de la lune passa dans les Gaules, où la lune avait un oracle desservi par des druidesses dans l’île de Sein, sur la côte méridionale de ïa basse Bretagne. Elle avait un autel à Arlon (Ara

  1. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV, p. 455.