Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LOY
LUC
— 417 —

hommes ; divisé en huit livres, desquels, par les visions merveilleuses et prodigieuses apparitions avenues en tous les siècles, tirées et recueillies des plus célèbres auteurs tant sacrés que profanes, est manifestée la certitude des spectres et visions des esprits, et sont baillées les causes d’iceux, leurs effets, leurs différences, les moyens pour reconnaître les bons et les mauvais et chasser les démons ; aussi est traité des extases et ravissements ; de l’essence, nature et origine des âmes, et de leur état après le décès de leurs corps ; plus des magiciens et sorciers ; de leurs communications avec les malins esprits ; ensemble des remèdes pour se préserver des illusions et impostures diaboliques. Paris, chez Nicolas Buon, 1605, 1 vol. in-4o.

Ce volume singulier est dédié Deo optimo maximo ; il est divisé en huit livres, comme l’annonce le titre qu’on vient de lire. Le premier contient la définition du spectre, la réfutation des saducéens, qui nient les apparitions et les esprits ; la réfutation des épicuriens, qui tiennent les esprits corporels, etc. Le deuxième livre traite, avec la physique du temps, des illusions de nos sens, des prestiges, des extases et métamorphoses des sorciers, des philtres. Le troisième livre établit les degrés, charges, grades et honneurs des esprits ; les histoires de Philinnion et de Polycrite, et diverses aventures de spectres et de démons.

Dans le livre suivant, on apprend à quelles personnes les spectres apparaissent ; on y parle des démoniaques, des pays où les spectres et démons se montrent plus volontiers. Le démon de Socrate, les voix prodigieuses, les signes merveilleux, les songes diaboliques ; les voyages de certaines âmes hors de leur corps tiennent place dans ce livre. Le cinquième traite de l’essence de l’âme, de son origine, de sa nature, de son état après la mort, des revenants. Le livre sixième roule tout entier sur l’apparition des âmes ; on y démontre que les âmes des damnés et des bienheureux ne reviennent pas ; mais seulement les âmes qui souffrent en purgatoire. Dans le septième livre, on établit que la pythonisse d’Endor fit paraître un démon sous la figure de l’âme de Samuel. Il est traité en ce livre de la magie, de l’évocation des démons, des sorciers, etc. Le dernier livre est employé à l’indication des exorcismes, fumigations, prières et autres moyens antidiaboliques. L’auteur, qui a rempli son ouvrage de recherches et de science indigérée, combat le sentiment ordinaire qu’il faut donner quelque chose au diable pour le renvoyer.

« Quant à ce qui est de donner quelque chose au diable, dit-il, l’exorciste ne le peut faire, non pas jusqu’à un cheveu de la tête, non pas jusqu’à un brin d’herbe d’un pré ; car la terre et tout ce qui habite en elle appartient à Dieu. »

Lubin. C’est le poisson dont le fiel servit au jeune Tobie pour rendre la vue à son père. On dit qu’il a contre l’ophthalmie une grande puissance, et que son cœur sert à chasser les démons[1].

Lucesme, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Lucien, écrivain grec dont on ignore l’époque de la vie et de la mort. On a dit qu’il fut changé en âne, ainsi qu’Apulée, par les sorciers de Larisse, qu’il était allé voir pour essayer si leur art magique était véritable ; de sorte qu’il devint sorcier.

Lucifer, nom de l’esprit qui préside à l’orient, selon l’opinion des magiciens. Lucifer était évoqué le lundi, dans un cercle au milieu duquel était son nom. Il se contentait d’une souris pour


prix de ses complaisances. On le prend souvent pour le roi des enfers, et, selon quelques démonomames, il est supérieur à Satan. On dit qu’il est parfois facétieux, et qu’un de ses tours est de retirer les balais sur lesquels les sorcières vont au sabbat et de leur en donner sur les épaules ; ce que les sorcières de Moira, en Suède, ont attesté en 1672. Les mêmes sorcières ont affirmé qu’elles avaient vu au sabbat le même Lucifer en habit gris, avec des bas bleus et des culottes rouges, ornées de rubans. Lucifer commande aux Européens et aux Asiatiques. Il apparaît sous la forme et la figure du plus bel enfant. Quand il est en colère, il a le visage enflammé, mais cependant rien de monstrueux. C’est, selon quelques démonographes, le grand justicier des enfers. Il est invoqué le premier dans les litanies du sabbat.

Lucifériens, nom donné aux partisans de Lucifer, évêque schismatique de Cagliari, au quatrième siècle.

  1. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. viii, p. 833.