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Colchide. On lui attribuait la vertu d’empêcher les infidélités ; mais il fallait la cueillir avec de certaines précautions, et on ne la trouvait qu’au point du jour, vers le commencement du printemps, lorsqu’on célébrait les mystères d’Hécate.

Lévi de Moravie, rabbin juif, réputé grand magicien au xvie siècle.

Léviathan, grand amiral de l’enfer, selon les démonomanes. Wierus l’appelle le grand menteur. Il s’est mêlé de posséder, de tous temps, les gens qui courent le monde. Il leur apprend à mentir et à en imposer. Il est tenace, ferme à son poste et difficile à exorciser. On donne aussi le nom de Léviathan à un poisson immense que les rabbins disent destiné au repas du Messie. Ce poisson est si monstrueux qu’il en avale d’un coup un autre, lequel, pour être moins grand que lui, ne laisse pas d’avoir trois lieues de long. Toute la masse des eaux est portée sur Léviathan. Dieu, au commencement, en créa deux, l’un mâle et l’autre femelle ; mais de peur qu’ils ne renversassent la terre et qu’ils ne remplissent l’univers de leurs semblables, Dieu, disent encore les rabbins, tua la femelle et la sala pour le repas du Messie qui doit venir. Eh hébreu, Léviathan veut dire monstre des eaux. Il paraît que c’est le nom de la baleine dans le livre de Job, chap. lxi. Samuel Bochard croit que c’est aussi le nom du crocodile. Voy. Kraken.

Lewis (Matthieu-Grégoire), auteur de romans et de pièces de théâtre, né en 1773 et mort en 1818. On a de lui le Moine, 1795, 3 vol. in-12, production effroyable et dangereuse, qui fit plus de bruit qu’elle ne mérite ; le Spectre du château, opéra ou drame en musique, etc.

Lézards. Les Kamtschadales en ont une crainte superstitieuse. Ce sont, disent-ils, les espions de Gaeth (dieu des morts) qui viennent leur prédire la fin de leurs jours. Si on les attrape, on les coupe en petits morceaux pour qu’ils n’aillent rien dire au dieu des morts. Si un lézard échappe, l’homme qui l’a vu tombe dans la tristesse et meurt quelquefois de la peur qu’il a de mourir.

Les nègres qui habitent les deux bords du Sénégal ne veulent pas souffrir, au contraire, qu’on tue les lézards autour de leurs maisons. Ils sont persuadés que ce sont les âmes de leurs pères, de leurs mères et de leurs proches parents qui viennent faire le folgar, c’est-à-dire se réjouir avec eux[1].

Libanius, magicien né en Asie, qui, pendant le siège de Ravenne par Constance, employait des moyens magiques pour vaincre les ennemis[2].

Libanomancie, divination qui se faisait par le moyen de l’encens. Voici, selon Dion Cassius, les cérémonies que les anciens pratiquaient dans la libanomancie. On prend, dit-il, de l’encens, et, après avoir fait des prières relatives aux choses que l’on demande, on jette cet encens dans le feu, afin que sa fumée porte les prières jusqu’au ciel. Si ce qu’on souhaite doit arriver, l’encens s’allume sur-le-champ, quand même il serait tombé hors du feu ; le feu semble l’aller chercher pour le consumer. Mais si les vœux qu’on a formés ne doivent pas être remplis, ou l’encens ne tombe pas dans le feu, ou le feu s’en éloigne et ne le consume pas. Cet oracle, ajoutet-il, prédit tout, excepté ce qui regarde la mort et le mariage.

Libertins, fanatiques qui s’élevèrent en Flandre au milieu du seizième siècle et qui se répandirent en France, où ils eurent pour chef un tailleur picard nommé Quintin. Ils professaient exactement le panthéisme des philosophes de nos jours ; et les rêveurs allemands les copient. Ils regardaient le paradis et l’enfer comme des illusions et se livraient à leurs sens. Le nom quïls se donnaient, comme affranchis, est devenu une injure.

Libres penseurs, personnages qui se posent de nos jours en esprits forts et qui ont toutes les doctrines des hérétiques dont on vient de parler.

Licorne. On croyait chez nos pères que la corne de licorne préservait des sortilèges. Les licornes du cap de Bonne-Espérance sont décrites avec des têtes de cheval, d’autres avec des têtes de cerf. On dit que le puits du palais de Saint-Marc ne peut être empoisonné, parce qu’on y a jeté des cornes de licornes. On est d’ailleurs indécis sur ce qui concerne ces animaux, dont la race semble perdue, quoique, dit-on, elle existe encore en Chine. Voy. Cornes.

Lierre. Nous ne savons pourquoi les Flamands appellent le lierre fil du diable (Duivels-Naaigaren).

Lieder (Madeleine), femme de Lewenburg en Saxe, qui fut possédée en 1605, avec des crises singulières. Quelquefois son démon l’enroulait comme une pelote, de sorte que sa tête touchait ses genoux ; et, dans cette situation, elle était lancée en l’air. D’autres fois sa taille grandissait au point que sa tête touchait le plafond. D’autres

{br0}}fois ses yeux sortaient de sa tête gros comme des œufs de poule, ou sa langue pendait noire et

  1. Abrégé des voyages, par de la Harpe, t. II, p. 431.
  2. Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., p. 726.