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enfants, afin qu’ils les emploient à surmonter les démons des autres familles qui leur sont contraires. Ils se servent souvent d’un tambour pour les opérations de leur magie. Quand ils ont envie d’apprendre ce qui se passe en pays étranger, un d’entre eux bat le tambour, mettant dessus, à l’endroit où l’image du soleil est dessinée, des anneaux de laiton attachés ensemble par une chaîne de même métal. Il frappe sur ce tambour avec un marteau fourchu fait d’un os, de telle sorte que ces anneaux se remuent. Le curieux chante en même temps d’une voix distincte une chanson que les Lapons nomment jonk ; tous ceux qui sont présents, hommes et femmes, y ajoutent chacun son couplet, exprimant de temps en temps le nom du lieu dont ils désirent savoir quelque chose. Le Lapon qui frappe le tambour le met ensuite sur sa tête d’une certaine façon et tombe aussitôt par terre, où il ne donne plus signe de vie ; les assistants continuent de chanter jusqu’à ce qu’il soit revenu à lui, car si on cesse de chanter, l’homme meurt, disent-ils, ce qui lui arrive également si quelqu’un essaye de l’éveiller en le touchant de la main ou du pied. On éloigne même de lui les mouches et les autres animaux. Quand il reprend ses sens de lui-même, il répond aux questions qu’on lui fait sur le lieu où il a été envoyé. Quelquefois il ne se réveille qu’au bout de vingt-quatre heures, selon que le chemin qu’il lui a fallu parcourir a été long ou court. Pour ne laisser aucun doute sur la vérité de ce qu’il raconte, il se vante d’avoir rapporté du pays où il a été la marque qu’on lui a demandée, comme un couteau, un anneau, un soulier ou quelque autre chose. Les Lapons se servent aussi du même tambour pour savoir la cause d’une maladie, ou pour faire perdre la vie ou la santé à leurs ennemis.

Lapons
Lapons
Lapons

Parmi ces peuples, certains magiciens ont une espèce de gibecière de cuir, dans laquelle ils tiennent des mouches magiques ou des démons, qu’ils lâchent de temps en temps contre leurs ennemis, ou contre le bétail, ou simplement pour exciter des tempêtes et faire lever des vents orageux. Ils ont aussi une sorte de dard qu’ils jettent en l’air, et qui, dans leur opinion, cause la mort à tout ce qu’il rencontre. Ils se servent, pour ce même effet, d’une pelote nommée tyre, de la grosseur d’une noix, fort légère, presque ronde, qu’ils envoient contre leurs ennemis pour les faire périr ; si par malheur cette pelote rencontre en chemin quelque autre personne ou. quelque animal, elle ne manque pas de leur causer la mort[1]. Voy. Finnes, Tyre, etc.

Lares. Les lares étaient, chez les anciens, des démons ou des génies gardiens du foyer. Cicéron, traduisant le Timêe de Platon, appelle lares ce que Platon nomme démons. Festus les appelle dieux ou démons inférieurs, gardiens des toits et des maisons. Apulée dit que les lares n’étaient autre chose que les âmes de ceux qui avaient bien vécu et bien rempli leur carrière. Au contraire, ceux qui avaient mal vécu erraient vagabonds et épouvantaient les hommes. Selon Servius, le culte des dieux lares est venu de ce qu’on avait coutume autrefois d’enterrer les corps dans les maisons, ce qui donna occasion au peuple crédule de s’imaginer que leurs âmes y demeuraient aussi, comme des génies secourables et propices, et de les honorer en cette qualité.

La coutume s’étant introduite plus tard d’inhumer les morts sur les grands chemins, on en prit occasion de les regarder comme les dieux des chemins. C’était le sentiment des platoniciens, qui des âmes des bons faisaient des lares, et les lémures des âmes des méchants. On plaçait les statuettes des lares dans un oratoire que l’on avait soin de tenir proprement. Cependant quelquefois on perdait le respect à leur égard, comme à la mort de quelques personnes chères ;

  1. Dom Calmet, Sur les vampires.