Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LAC
LAM
— 397 —

se retirant au bras gauche ; Motelu, paraissant, a signé pour toute la sienne, s’étant retiré à l’oreille droite ; incontinent Briffault est comparu et a signé ces présentes. — Signé : Lissi, Belzébuth, Satan, Motelu, Briffault.

» Le signe et la marque de ces cinq démons sont apposés à l’original du procès-verbal. Beauvais, le 12 décembre 1612. »

Nous le répétons, c’est une farce de huguenot sur un objet sérieux, mais qui a fait peu de bruit.

Lachanopteres, animaux imaginaires que< Lucien place dans le globe de la lune. C’étaient de grands oiseaux couverts d’herbes au lieu de plumes.

Lachus, génie céleste, dont les Basilidiens gravaient le nom sur leurs pierres d’aimant magique ; ce talisman préservait des enchantements.

Laci (Jean), auteur d’un ouvrage intitulé Avertissements prophétiques, publié en 1708, un volume in-8o ; il parut différents ouvrages de cette sorte à l’occasion des prétendus prophètes des Cévennes, qui étaient des foux furieux.

Ladwaiturs, génies propices chez les Scandinaves. Voy. Harold.

Lænsbergh (Matthieu). Voy. Matthieu Lænsbergh.

Lafin (Jacques), sorcier qui fut accusé d’envoûtement sous Henri IV ; on dit qu’on trouva sur lui des images de cire qu’il faisait parler[1].

Laghernhard (Nicole), femme du pays de Labourd qui, au mois d’août 1590, vit sur la lisière d’une forêt, à l’heure de midi, des hommes et des femmes dansant une ronde en se tournant le dos. Elle remarqua quelques-uns de ces personnages qui avaient des pieds de chèvre, et, présumant que c’était le sabbat, elle fit le signe de la croix en invoquant le nom de Jésus. Aussitôt tout disparut. Un certain Grospetter s’enleva dans les airs en laissant échapper une brosse à nettoyer les fours. Un berger qui, assis sur les branches d’un chêne, jouait de la flûte avec sa houlette dont il tirait des sons, fut enlevé pareillement ; et Nicole Laghernhard se sentit remportée par un tourbillon dans sa maisonnette, où elle dut garder le lit huit jours…

Lagneau ou Laigneau (David), adepte mort au dix-septième siècle. Il a traduit les Douze clefs de la philosophie (hermétique), de Basile Valentin ; et l’on voit dans son Harmonie mystique, publiée à Paris en 1636, qu’il s’occupait d’alchimie.

Laica. Nom de fées chez les Péruviens. Les laicas étaient ordinairement bienfaisantes, au lieu que la plupart des autres magiciennes mettaient leur plaisir à faire du mal.

Lamia, reine de Libye, qui fendait le ventre des femmes grosses pour dévorer leurs fruits. Elle a donné son nom aux lamies.

Lamies, démons mauvais, qu’on trouve dans les déserts sous des figures de femmes, ayant des têtes de dragon au bout des pieds. Elles

Lamies
Lamies


hantent aussi les cimetières, y déterrent les cadavres, les mangent et ne laissent des morts que les ossements. À la suite d’une longue guerre, on aperçut dans la Syrie, pendant plusieurs nuits, des troupes de lamies qui dévoraient les cadavres des soldats inhumés à fleur de terre. On s’avisa de leur donner la chasse, et quelques jeunes gens en tuèrent plusieurs à coups d’arquebuse ; il se trouva que le lendemain ces lamies n’étaient plus que des loups et des hyènes.

Il se rencontre des lamies, très-agiles à la course, dans l’ancienne Libye ; leur voix est un sifflement de serpent. Quelle que soit leur demeure, il est certain, ajoute Leloyer, qu’il en existe, « puisque cette croyance était en vigueur chez les anciens ». Le philosophe Ménippe fut épris d’une lamie. Elle l’attirait à elle ; heureusement qu’il fut averti de s’en défier, sans quoi il eût été dévoré. « Semblables aux sorcières, dit encore Leloyer[2], ces démons sont très-friands du sang des petits enfants. »

Tous les démonomanes ne sont pas d’accord sur la forme des lamies : Torquemada, dans son Hexameron, dit qu’elles ont une figure de femme et des pieds de cheval ; qu’on les nomme aussi chevesches, à cause du cri et de la friandise de ces oiseaux pour la chair fraîche. Ce sont des espèces de sirènes selon les uns ; d’autres les comparent aux gholes de l’Arabie. On a dit bien des bizarreries sur ces femmes singulières. Quelques-uns prétendent qu’elles ne voient qu’à travers une lunette[3]. Wierus parle beaucoup de ces monstres dans le troisième livre de son ouvrage

  1. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 473.
  2. Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. III, p. 499.
  3. Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc., ch. viii.