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moururent l’une après l’autre en peu de temps. Le bailli du lieu, informé de ce qui se passait, en fit présenter une relation au tribunal de Belgrade, qui envoya à ce village deux de ses agents,

 
Le vampire de Kisilova
Le vampire de Kisilova
Le vampire de Kisilova.
 
avec un bourreau, pour examiner l’affaire. Un officier impérial s’y rendit de Gradisch, pour être témoin d’un fait dont il avait si souvent ouï parler. On ouvrit les tombeaux de tous ceux qui étaient morts depuis six semaines. Quand on en vint à celui du vieillard, on le trouva les yeux ouverts, d’une couleur vermeille, ayant une respiration naturelle, cependant immobile et mort : d’où l’on conclut que c’était un insigne vampire. Le bourreau lui enfonça un pieu dans le cœur ; on fit un bûcher et l’on réduisit en cendres son cadavre. On ne trouva aucune marque de vampirisme ni dans le corps du fils, ni dans celui des autres morts.

« Grâces à Dieu, ajoute le marquis d’Argens, nous ne sommes rien moins que crédule ; nous avouons que toutes les lumières de la physique que nous pouvons approcher de ce fait ne découvrent rien de ses causes : cependant nous ne pouvons refuser de croire véritable un fait attesté juridiquement et par des gens de probité. »

Klabber ou Kab-Outer, lutins de petite taille qui, l’hiver, en Écosse, quand il n’y a pas de clair de lune, descendent par les cheminées dans les maisons des paysans, s’assoient tranquillement devant le foyer, qu’ils rallument, mais qu’on ne voit pas brûler, et se chauffent. Le matin, quand la ménagère se lève, elle voit que tout le bois qu’elle avait laissé dans l’âtre est consumé, excepté quelques menus brins. Si elle les rallume, ils font autant de chaleur et de profit que de grosses bûches. Si elle fait le signe de la croix ou si elle maudit le klabber, le charme est rompu, et le lutin se venge par quelque malice.

Les klabbers sont vêtus de rouge et ont la peau verte.

Kleudde. Kleudde, tout barbare, tout cacophonique que doive vous paraître ce nom, est un lutin, et un lutin vivant des brouillards de la Flandre, un lutin malfaisant, qui a les regards du basilic et la bouche du vampire, l’agilité du follet et la hideur du griffon. Il aime les nuits froides et brumeuses, les prairies désertes et arides et les champs incultes. Nuire et semer

 
Kleudde
Kleudde
 
l’épouvante sont, dit-on, le seul bonheur de cet affreux lutin ; il se plaît au milieu des ruines couvertes de mousse ; il fuit les saints lieux où reposent des chrétiens ; l’aspect d’une croix l’éblouit et le torture ; il ne boit qu’une eau verte croupissant au fond d’un étang desséché le pain n’approche jamais de ses lèvres, la lumière du grand jour lui brûle les yeux ; il n’apparaît qu’aux heures où le hibou gémit dans la tour abandonnée ; une caverne souterraine est sa demeure ; ses pieds n’ont jamais souillé le seuil d’une habitation humaine ; le mystère et l’horreur entourent son existence maudite. Vagues comme les atomes de l’air, ses formes échappent aux doigts et ne laissent aux mains de l’imprudent qui essayerait de les étreindre qu’une ligne noire et