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KAB
KAH
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La Kaaba est un petit édifice d’une quinzaine de pieds. Les musulmans l’appellent la maison carrée et la maison de Dieu ; dans le Koran elle est désignée comme le lieu le plus saint de la terre : aussi les bons musulmans se tournent-ils toujours dans leurs prières vers la Kaaba ; et il faut être peu dévot pour n’en pas faire au moins une fois en sa vie le pèlerinage. On y révère la fameuse pierre noire qui servait d’échafaud à Abraham lorsqu’il maçonnait la maison carrée. On conte qu’elle se haussait et se baissait d’elle-même, selon les désirs du patriarche. Elle lui avait été apportée par l’ange Gabriel ; et on ajoute que cette pierre, se voyant abandonnée après qu’on n’eut plus besoin d’elle, se mit à pleurer ; Abraham la consola en lui promettant qu’elle serait extrêmement vénérée des musulmans ; et il la plaça en effet près de la porte, où elle est baisée par tous les pèlerins.

Kabires, dieux des morts, adorés très-anciennement en Égypte. Bochard pense qu’il faut entendre sous ce nom les trois divinités infernales : Pluton, Proserpine et Mercure.

D’autres ont regardé les Cabires comme des magiciens qui se mêlaient d’expier les crimes des hommes, et qui furent honorés après leur mort. On les invoquait dans les périls et dans les infortunes. Il y a de grandes disputes sur leurs noms, qu’on ne déclarait qu’aux seuls initiés[1]. Ce qui est certain, c’est que les Cabires sont des démons qui présidaient autrefois à une sorte de sabbat. Ces orgies, qu’on appelait fêtes des Cabires, ne se célébraient que la nuit : l’initié, après des épreuves effrayantes, était ceint d’une ceinture de pourpre, couronné de branches d’olivier et placé sur un trône illuminé, pour représenter le maître du sabbat, pendant qu’on exécutait autour de lui des danses hiéroglyphiques plus ou moins infâmes.

Kaboutermannekens, petits lutins flamands qui font des niches aux femmes de la campagne, surtout en ce qui touche le laitage et le beurre.

Kacher, vieux magicien qui, dans l’histoire fabuleuse des anciens rois de Kachemire, transforma le lac qui occupait ce beau pays en un vallon délicieux, et donna aux eaux une issue miraculeuse en coupant une montagne nommée Baraboulé.

Kaf, montagne prodigieuse qui entoure l’horizon de tous côtés, à ce que disent les musulmans. La terre se trouve au milieu de cette montagne, ajoutent-ils, comme le doigt au milieu de l’anneau. Elle a pour fondement la pierre Sakhrat, dont le moindre fragment opère les plus grands miracles. C’est cette pierre, faite d’une seule émeraude, qui excite les tremblements de terre, en s’agitant selon que Dieu le lui ordonne.

Pour arriver à la montagne de Kaf, il faut traverser de vastes régions ténébreuses, ce qu’on ne peut faire que sous la conduite d’un être supérieur. C’est, dit-on, la demeure des génies. Il est souvent parlé de cette montagne dans les contes orientaux. Voy. Sakhrat.

Kaha, maléfice employé aux îles Marquises. Les habitants attribuent au Kaha la plupart de leurs maladies. Voici comment il se pratique : « Quelque sorcier aura attrapé de votre salive, et puis il vous a lié du terrible Kaha ou maléfice du pays, en enveloppant cette salive dans un morceau de feuille d’arbre et la conservant en sa puissance. Il tient là votre âme et votre vie enchaînées. — À ce mal voici le remède : ceux qui ont eu le pouvoir de vous jeter le charme ont aussi le pouvoir de vous l’ôter, moyennant quelque présent. Le sorcier vient donc se coucher près de vous ; il voit ou il entend le génie du mal ou de la maladie quand il entre en vous et quand il en sort, car il paraît que ces génies se promènent souvent ; et il l’attrape comme au vol, ou bien il le saisit en vous frottant le bras, et il l’enferme à son tour dans une feuille, où il peut le détruire[2]. »

Kahlhammer (Marie), Bavaroise, qui a fait récemment beaucoup de bruit à Munich, à propos de ses communications avec les esprits au moyen des tables tournantes. Un livre d’elle,

 
Kahlhammer
Kahlhammer
 
intitulé Communications des bienheureux esprits et de l’archange Raphaël, par la main de Marie Kahlhammer et par la bouche de Cressence Wolff, a été condamné comme superstitieux et dangereux, et les deux héroïnes excommuniées.

Kaïdmords. Chez les Perses, c’est le nom du premier homme ; il sortit de la jambe de devant d’un taureau, selon la doctrine des mages ; il fut tué par les Dives ; mais il ressuscitera le jour du jugement. On invoque son âme chez les Guèbres. Voy. Boundschesch.

  1. Delandine, l’Enfer des peuples anciens, ch. xix.
  2. Lettres du P. Mathias Gracia sur les îles Marquises, lettre sixième.