Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
JUL
JUR
— 382 —

gnent que les autres peuples du monde n’ont pas d’âme humaine ; et ils les traitent, surtout les chrétiens, de porcs, de bœufs, de chiens, d’ânes et de sangliers. Dès lors le précepte : Vous ne tuerez point, n’obligeant point envers les animaux, n’oblige pas envers les chrétiens.

» Ces doctrines ne sont ni celles de Moïse, ni celles des autres livres saints. Ce sont les doctrines des talmudistes, rabbins ou scribes. Mais Buxtorf assure (in Synagoga Judaïca) que cet axiome est vulgaire : Mon fils, faites plus attention aux paroles des scribes (ou rabbins) qu’à celles de la loi. Salomon Jarchi, un des plus fameux docteurs juifs, écrit dans ses commentaires sur le Deutéronome : « Vous ne vous écarterez pas des paroles des rabbins, quand même ils vous diraient que votre main droite est votre main gauche, ou que votre gauche est votre droite. Vous le ferez donc bien moins lorsqu’ils appelleront votre droite, droite, et votre gauche, gauche. »

Cependant, de nos jours et chez nous, les juifs, non plus tolérés seulement, mais devenus citoyens, ne s’occupent plus de la magie comme autrefois et abandonnent complètement les doctrines désolantes de leurs vieux talmudistes. Nous pourrions en citer plusieurs parmi les notables qui comprennent le lien des deux testaments et qui sont beaucoup plus près du catholicisme que les philosophes et quelques protestants. Dieu veuille qu’ils deviennent tous bientôt nos frères en Jésus-Christ !

Julien l’Apostat, né en 331, empereur romain, mort en 363. Variable dans sa philosophie, inconstant dans sa manière de penser, après avoir été chrétien, il retomba dans le paganisme. Les ennemis seuls de l’Église ont trouvé dans quelques qualités apparentes des prétextes pour faire son éloge. Ce sage consultait Apollon et sacrifiait aux dieux de pierre, quoiqu’il connut la vérité. Les démonomanes l’ont mis au nombre des magiciens ; et il est vrai qu’il croyait fermement à la magie, qu’il attribuait à cette puissance les miracles de Notre-Seigneur, dont il n’était pas assez stupide pour nier l’évidence, et il expliquait de la même manière les prodiges que Dieu accordait alors encore à la foi ferme des chrétiens. Enfin, avec Maximus et Jamblique, il évoquait les esprits, consultait les entrailles des victimes et cherchait l’avenir par la nécromancie. Il avait des visions : Ammien Marcellin rapporte que peu avant sa mort, comme il écrivait dans sa tente, à Limitation de Jules César, il vit paraître devant lui le génie de Rome avec un visage blême.

Il fut tué par un trait que personne ne vit venir, à l’âge de trente-deux ans. Ennemi acharné de Jésus-Christ, il recueillit, dit-on, en tombant, un peu de son sang dans sa main et le lança vers le ciel en disant : « Tu as vaincu, Galiléen ! »

Après sa mort, on trouva dans le palais qu’il habitait des charniers et des cercueils pleins de têtes et de corps morts. En la ville de Carres de Mésopotamie, dans un temple d’idoles, on trouva une femme morte pendue par les cheveux, les bras étendus, le ventre ouvert et vide. On prétend que Julien l’avait immolée pour apaiser les dieux infernaux auxquels il s’était voué, et pour apprendre par l’inspection du foie de cette femme le résultat de la guerre qu’il faisait alors contre les Perses.

La mort de l’Apostat fut signifiée, dit-on, dans plusieurs lieux à la fois, et au même moment qu’elle advint. Un de ses domestiques, qui allait le trouver en Perse, ayant été surpris par la nuit et obligé de s’arrêter dans une église, faute d’auberge, vit en songe des apôtres et des prophètes assemblés qui déploraient les calamités de l’Église sous un prince aussi impie que Julien ; et un d’entre eux, s’étant levé, assura les autres qu’il allait y porter remède. La nuit suivante, ce valet, ayant vu dans son sommeil la même assemblée, vit venir l’homme de la veille qui annonça la mort de Julien. Le philosophe Di-dyme d’Alexandrie vit aussi en songe des hommes montés sur des chevaux blancs, et courant dans les airs en disant ; « Annoncez à Didyme qu’à cette heure Julien l’Apostat est tué. »

Jung, auteur allemand, vivant encore peut-être. Il a écrit sur les esprits un ouvrage intitulé Théorie de Geister-Kunder, Nuremberg, 1808, in-8o.

Junier, démon invoqué comme prince des anges dans les litanies du sabbat.

Jupiter-Ammon. Les Égyptiens portaient sur le cœur, comme un puissant préservatif, une amulette ou philactère, qui était une lame sur laquelle ils écrivaient le nom de Jupiter-Ammon. Ce nom était si grand dans leur esprit, et même chez les Romains, qu’on en croyait l’invocation suffisante pour obtenir toutes sortes de biens. On sait que Jupiter-Ammon avait des cornes de bélier. Sa statue, adorée àThèbes, dans la haute Égypte, était un automate qui faisait des signes de tête.

Jurement. « C’est une chose honteuse, dit un bon légendaire, que d’entendre si souvent répéter le nom du diable sans nécessité. Un père en colère dit à ses enfants : — Venez ici, mauvais diables ! Un autre s’écrie : — Te voilà, bon diable ! Celui-ci qui a froid vous l’apprend en disant : — Diable ! le temps est rude. Celui-là qui soupire après la table dit qu’il a une faim de diable. Un autre qui s’impatiente souhaite que le diable l’emporté. Un savant de société, quand il a proposé une énigme, s’écrie bravement : — Je me donne au diable si vous devinez cela. Une chose paraît-elle embrouillée, on vous avertit que le diable s’en mêle. Une bagatelle est-elle perdue, on dit qu’elle est à tous les dia-