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ne l’épargne pas, dévore-le ; il a souffleté Jésus-Christ ; il lui a cloué les pieds et les mains. — Les enfants énumèrent ainsi toutes les souffrances que les juifs firent endurer au Sauveur. Quand la victime est consumée, on jette au vent ses cendres avec des imprécations ; et puis chacun se retire, satisfait d’avoir puni le bourreau du Christ. — De semblables coutumes portent avec elles leur caractère, et n’ont pas besoin d’être accompagnées de réflexions[1]. »

Les diverses religions sont plus ou moins tolérées dans les États des Turcs et des Persans. Des juifs, à Constantinople, s’avisèrent de dire, en conversation, qu’ils seraient les seuls qui entreraient dans le paradis. — Où serons-nous donc, nous autres ? leur demandèrent quelques Turcs avec qui ils s’entretenaient. — Les juifs, n’osant pas leur dire ouvertement qu’ils en seraient exclus, leur répondirent qu’ils seraient dans les cours. Le grand vizir, informé de cette dispute, envoya chercher les chefs de la synagogue et leur dit que, puisqu’ils plaçaient les musulmans dans les cours du paradis, il était juste qu’ils leur fournissent des tentes, afin qu’ils ne fussent pas éternellement exposés aux injures de l’air. On prétend que c’est depuis ce temps-là que les juifs, outre le tribut ordinaire, payent une somme considérable pour les tentes du grand seigneur et de toute sa maison, quand il va à l’armée[2].

Nous ne réveillerons pas ici les accusations portées contre les juifs à propos de l’assassinat commis à Damas, le 5 février 1840, contre le père Thomas et son domestique. Ceux qui ont lu les pièces officielles de ce triste procès savent ce qu’ils doivent en penser. Mais nous extrairons du savant Journal historique et littéraire de Liège (janvier 1841) un passage relatif à la doctrine des juifs sur le meurtre :

« Le célèbre rabbin Maimonides, mort en 1205, écrivait à l’époque où les juifs furent le plus accusés de meurtres sur les chrétiens. Un de ses principaux ouvrages est le Jad Chazakah ou la Main forte, qui est un abrégé substantiel du Talmud. Voici ce qu’il dit :

« Il nous est ordonné de tuer les hérétiques (minim), c’est-à-dire ceux des Israélites qui se livrent à l’idolâtrie, ou celui qui pêche pour irriter le Seigneur, et les épicuriens, c’est-à-dire ceux des Israélites qui n’ajoutent pas foi à la loi et à la prophétie. Si quelqu’un a la puissance de les tuer publiquement par le duel, qu’il les tue de cette manière. S’il ne peut faire ainsi, qu’il tâche de les circonvenir par fraude jusqu’à ce qu’il leur ait donné la mort. Mais de quelle manière ? Je réponds : S’il voit l’un d’eux tombé au fond d’un puits dans lequel une échelle avait été placée auparavant, qu’il la retire et dise : Je suis obligé de faire descendre du toit mon fils qui est en danger ; quand je l’aurai sauvé, je vous remettrai l’échelle. Et ainsi des autres circonstances. »

» Ce passage n’est qu’une paraphrase du texte talmudique de l’Avoda-Sara, chap, II, qui prescrit les mêmes manœuvres pour faire périr les hérétiques. Il ajoute un autre expédient, celui de fermer le puits au moyen d’une pierre, et de dire qu’on l’a couvert de crainte que le bétail n’y tombât. L’objet de ces homicides est moins déterminé dans le Talmud que dans le passage de Maimonides ; il laisse plus de latitude aux coups meurtriers. Tous les minim sont désignés au fer assassin ; et il est notoire que les chrétiens sont appelés de ce nom. Le Talmud appelle les Évangiles le livre des minim. Maimonides compte parmi les hérétiques (minim) ceux qui prétendent que Dieu a pris un corps et qui adorent, outre le Seigneur, un médiateur entre lui et nous, c’est-à-dire les chrétiens.

» La haine des juifs contre les chrétiens est ancienne. Sans remonter au premier siècle, tout plein d’exemples sanglants, Khosroès, roi de Perse, fit, en 615, une irruption sur la Palestine ; il comptait sur les juifs pour se défaire des chrétiens. Il prit Jérusalem et fit une multitude de prisonniers chrétiens qu’il vendit aux juifs. Leur empressement fut tel que chacun consacrait une partie de son patrimoine à l’achat des prisonniers chrétiens, qu’il massacrait aussitôt. Mais est-ce vrai ? Basnage, dans son Histoire des juifs, raconte ces massacres sans élever le moindre doute sur leur authenticité. Des Juifs convertis ont avoué plusieurs fois que chez eux on massacrait des enfants volés ou achetés, sous prétexte qu’en les tuant on empêchait toute une race idolâtre de naître. On peut aller loin avec ce principe.

» Leurs rabbins disent que le précepte du Décalogue : Non occides, vous ne tuerez point, n’oblige qu’à l’égard des Israélites. Lévi ben Gersom, dans son commentaire sur le Pentateuque, dit : « Les paroles Vous ne tuerez point signifient : vous ne tuerez point parmi les Israélites ; car il nous est permis de tuer les animaux ; il nous est aussi ordonné de tuer une partie des nations, comme Amalech et les autres nations à qui il nous est commandé de ne pas laisser la vie. Il est donc clair que le commandement défend seulement de tuer les Israélites. »

» Maimonides dit aussi qu’on viole ce commandement lorsqu’on tue un Israélite, laissant assez entendre qu’on ne le viole pas en tuant un chrétien ou un gentil. « Un Israélite qui a tué un étranger habitant parmi nous, dit-il ailleurs, ne peut d’aucune manière être condamné à mort. » Dans le Bava mezia, il est encore dit que les juifs sont des hommes et que les autres peuples du monde sont des brutes. Les rabbins ensei-

  1. Michaud et Poujoulat, Correspondance de l’Orient.
  2. Saint-Foix, Essais, t. II.