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main dans la ville. En conséquence, il fit donner l’assaut de bon matin, espérant enlever Syracuse et y souper, comme le lui promettait son rêve. Il fut pris par les assiégés et y soupa en effet, non pas en vainqueur, ainsi qu’il s’y était attendu mais en captif, ce qui n’empêcha pas le songe d’avoir prédit juste[1].

Hérodote conte encore qu’Amilcar, vaincu par Gélon, disparut vers la fin de la bataille, et qu’on ne le retrouva plus, si bien que les Carthaginois le mirent au rang de leurs dieux et lui offrirent des sacrifices.

Ammon. Voy. Jupiter-Ammon.

Amniomancie, divination sur la coiffe ou membrane qui enveloppe quelquefois la tête des enfants naissants, ainsi nommée de cette coiffe que les médecins appelaient en grec amnios. Les sages-femmes prédisaient le sort futur du nouveau-né par l’inspection de celle coiffe ; elle annonçait d’heureuses destinées si elle était rouge, et des malheurs si elle présentait une couleur plombée. Voy. Coiffe.

Amon, ou Aamon, grand et puissant marquis de l’empire infernal. Il a la figure d’un loup, avec une queue de serpent ; il vomit de la flamme ; lorsqu’il prend la forme humaine, il n’a de l’homme que le corps ; sa tête ressemble à celle d’un hibou et son bec laisse voir des dents canines très-effilées. C’est le plus solide des princes des démons. Il sait le passé et l’avenir, et réconcilie, quand il le veut, les amis brouillés. Il commande à quarante légions.

 
Amon ou Aamon
Amon ou Aamon
 

Les Égyptiens voyaient dans Amon ou Amoun leur Dieu suprême ; ils le représentaient avec la peau bleue, sous une forme assez humaine.

Amour. Parmi les croyances superstitieuses qui se rattachent innocemment à l’amour, nous citerons celle-ci, qu’un homme est généralement aimé quand ses cheveux frisent naturellement. À Roscoff, en Bretagne, les femmes, après la messe, balayent la poussière de la chapelle de la Sainte-Union, la soufflent du côté par lequel leurs époux ou leurs fiancés doivent revenir, et se flattent, au moyen de cet inoffensif sortilège, de fixer le cœur de celui qu’elles aiment[2]. Dans d’autres pays, on croit stupidement se faire aimer en attachant à son cou certains mots séparés par des croix. Voy. Philtre. Voy. aussi Rhombus.

Il y a eu des amants entraînés par leurs passions qui se sont donnés au démon pour être heureux. On conte qu’un valet vendit son âme au diable à condition qu’il deviendrait l’époux de la fille de son maître, ce qui le rendit le plus infortuné des hommes[3].

On attribue aussi à l’inspiration des démons certaines amours monstrueuses, comme la passion de Pygmalion pour sa statue. Un jeune homme devint pareillement éperdu pour la Vénus de Praxitèle ; un Athénien se tua de désespoir aux pieds de la statue de la Fortune, qu’il trouvait insensible. Ces traits ne sont que des folies déplorables, pour ne pas dire plus.

Amoymon, ou Amaimon, l’un des quatre rois de l’enfer, dont il gouverne la partie orientale. On l’évoque le matin, de neuf heures à midi, et le soir de trois à six heures. Asmodée est son lieutenant et le premier prince de ses États[4].

Amphiaraüs, devin de l’antiquité, qui se cacha pour ne pas aller à la guerre de Thèbes, parce qu’il avait prévu qu’il y mourrait ; ce qui eut lieu lorsqu’on l’eut découvert et forcé à s’y rendre. Mais on ajoute qu’il ressuscita. On lui éleva un temple dans l’Attique, près d’une fontaine sacrée par laquelle il s’était glissé en revenant des enfers.

Il guérissait les malades en leur indiquant des remèdes dans des songes, comme font de nos jours ceux qui pratiquent le somnambulisme magnétique. Il rendait aussi par ce moyen des oracles, moyennant argent. Après les sacrifices, le consultant s’endormait sur une peau de mouton, et il lui venait un rêve qu’on savait toujours interpréter après l’événement. On lui attribue des prophéties écrites en vers, qui ne sont pas venues jusqu’à nous. Il inventa la pyromancie. Voy. ce mot.

Amphiloque, devin qui, après sa mort, rendit des oracles en Cilicie.

Amphion. Pausanias, Wierus et beaucoup

  1. Valère-Maxime.
  2. Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t. I.
  3. Voyez à ce propos, dans les Légendes infernales : Un pacte à Césarée.
  4. Wierus, in Pseudomonarchia dæm.