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ger les hommes, se plaisant en leur société, répondant à leurs questions, et leur rendant service quand il le peut, selon les traditions de la Saxe. Voici une des nombreuses complaisances qu’on lui attribue : — Un Saxon partant pour un voyage, et se trouvant fort inquiet sur la conduite de sa femme, dit à Hutgin ; — Compagnon, je te recommande ma femme ; aie soin de la garder jusqu’à mon retour. — La femme, aussitôt que son mari fut parti, voulut se donner des licences ; mais le démon l’en empêcha. Enfin le mari revint ; Hutgin courut au devant de lui et lui dit : — Tu fais bien de revenir, car je commence à me lasser de la commission que tu m’as donnée. Je l’ai remplie avec toutes les peines du monde ; et je te prie de ne plus t’absenter, parce que j’aimerais mieux garder tous les pourceaux de la Saxe que ta femme[1]. On voit que ce démon ne ressemble guère aux autres.


La Huppe.


Hvergelmer, fontaine infernale. Voy. Niflheim.

Hyacinthe, pierre précieuse que l’on pendait au cou pour se défendre de la peste. De plus, elle fortifiait le cœur, garantissait de la fondre et augmentait les richesses et les honneurs.

Hydraoth, magicien célébré par le Tasse : il était père du Soudan de Damas et oncle d’Armide, qu’il instruisit dans les arts magiques[2].

Hydromancie ou Hydroscopie, art de prédire l’avenir par le moyen de l’eau ; on en attribue l’invention aux Perses. Les doctes en distinguent plusieurs espèces :1° Lorsqu’à la suite des invocations et autres cérémonies magiques, on voyait écrits sur l’eau les noms des personnes ou des choses qu’on désirait connaître ; et ces noms se trouvaient écrits à rebours ; 2° on se servait d’un vase plein d’eau et d’un anneau suspendu à un fil, avec lequel on frappait un certain nombre de fois les côtés du vase ; 3° on jetait successivement, et à de courts intervalles, trois petites pierres dans une eau tranquille et dormante, et, des cercles qu’en formait la surface, ainsi que de leur intersection, on tirait des présages ; 4° on examinait attentivement les divers mouvements et l’agitation des flots de la mer. Les Siciliens et les Eubéens étaient fort adonnés à cette superstition ; 5° on tirait des présages de la couleur de l’eau et des figures qu’on croyait y voir. C’est ainsi, selon Varron, qu’on apprit à Rome quelle serait l’issue de la guerre contre Mithridate. Certaines rivières ou fontaines passaient chez les anciens pour être plus propres que d’autres à ces opérations ; 6° c’était encore par une espèce d’hydromancie que nos pères les Gaulois éclaircissaient leurs soupçons sur la fidélité des femmes : ils jetaient dans le Rhin, sur un bouclier, les enfants dont elles ve-

Hyène.



naient d’accoucher ; s’ils surnageaient, ils les tenaient pour légitimes, et pour bâtards s’il allaient au fond[3] ; 7° on remplissait d’eau une coupe ou une tasse, et, après avoir prononcé dessus certaines paroles, on examinait si l’eau bouillonnait et se répandait par-dessus les bords ; 8° on mettait de l’eau dans un bassin de verre

  1. Wierus, De prœstigiis dœm., etc.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. I, p. 57.
  3. Voyez, dans les légendes de l’histoire de France, Une famille gauloise avant César.