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HUI
HUT
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Huile bouillante. Les habitants de Ceylan et des côtes du Malabar emploient l’huile bouillante comme épreuve. Les premiers n’y recourent que dans les affaires de grande importance, comme lorsqu’ils ont des procès pour leurs terres, et qu’il n’y a point de témoins. On se servait autrefois en Europe de l’épreuve par l’huile bouillante pour les causes obscures. L’accusé mettait le poing dans la chaudière ; s’il le retirait sans brûlure, il était acquitté.

Huile de baume. « L’huile de baume, extraite du marc de l’eau céleste, dissipera la surdité, si on en met dans les oreilles trois gouttes de temps en temps, en bouchant lesdites oreilles avec du coton imbibé de ce baume. Il guérit toute sorte de gale et de teigne les plus invétérées, apostèmes, plaies, cicatrices, ulcères vieux et nouveaux, morsures venimeuses de serpents, de scorpions, etc., fistules, crampes et érésypèles, palpitation de cœur et des autres membres, le tout par fomentation et emplâtre. Crollius en fait tant d’estime, qu’il le nomme par excellence huile mère de baume[1]. »

Huile de talc. Le talc est la pierre philosophal fixée au blanc. Nos anciens ont beaucoup parlé de l’huile de talc, à laquelle ils attribuaient tant de vertus que presque tous les alchimistes ont mis en œuvre tout leur savoir pour la composer. Ils ont calciné, purifié, sublimé le talc et n’en ont jamais pu extraire cette huile précieuse. — Quelques-uns entendent, sous ce nom, l’élixir des philosophes hermétiques.

Hu-Jum-Sin, célèbre alchimiste chinois qui trouva, dit-on, la pierre philosophale. Ayant tué un horrible dragon qui ravageait le pays, HuJum-Sin attacha ce monstre à une colonne qui se voit encore aujourd’hui, et s’éleva ensuite dans le ciel. Les Chinois, par reconnaissance, lui érigèrent un temple dans l’endroit même où il avait tué le dragon.

Hulin, petit marchand de bois d’Orléans. Étant ensorcelé à mort, il envoya chercher un sorcier qui se vantait d’enlever toutes les maladies. Le sorcier répondit qu’il ne pouvait le guérir, s’il ne donnait la maladie à son fils qui était encore à la mamelle. Le père y consentit. La nourrice, ayant entendu cela, s’enfuit avec l’enfant pendant que le sorcier touchait le père pour lui ôter le mal. Quand il eut fait, il demanda où était l’enfant. Ne le trouvant pas, il commença à s’écrier ; — Je suis mort, où est l’enfant ? — Puis il s’en alla très-piteux ; mais il n’eut pas plutôt mis les pieds hors la porte, que le diable le tua soudain. Il devint aussi noir que si on l’eût noirci de propos délibéré ; car la maladie était restée sur lui[2].

Humbert de Beaujeu. Geoffroi d’Iden lui apparut après sa mort pour réclamer des prières[3].

Humma, dieu souverain des Cafres, qui fait tomber la pluie, souffler les vents, et qui donne le froid et le chaud. Ils ne croient pas qu’on soit obligé de lui rendre hommage, parce que, disent-ils, il les brûle de chaleur et de sécheresse sans garder la moindre proportion.

Hunéric. Avant la persécution d’Hunéric, fils de Genseric, roi des Vandales, qui fut si violente contre les catholiques d’Afrique, plusieurs signes annoncèrent, dit-on, cet orage. On aperçut sur le mont Ziquen un homme de haute stature, qui criait à droite et à gauche : « Sortez, sortez. » On vit aussi à Carthage, dans l’église de Saint-Fauste, une grande troupe d’Éthiopiens qui chassaient les saints comme le berger chasse ses brebis. Il n’y eut guère de persécution d’hérétiques contre les catholiques plus forte que celle-là[4].

Huns. Les anciens historiens donnent à ces peuples l’origine la plus monstrueuse. Jornandès raconte[5] que Philimer, roi des Goths, entrant dans les terres gétiques, n’y trouva que des sorcières d’une laideur affreuse ; qu’il les repoussa loin de son armée ; qu’elles errèrent seules dans les déserts, où des démons s’unirent avec elles. C’est de ce commerce infernal que naquirent les Huns, si souvent appelés les enfants du diable. Ils étaient d’une difformité horrible. Les historiens disent qu’à leurs yeux louches et sauvages, à leur figure torse, à leur barbe de bouc, on ne pouvait s’empêcher de les reconnaître pour enfants de démons. Besoldus prétend, après Servin, que le nom de Huns vient d’un mot tudesque, ou celtique, ou barbare, qui signifie puissants par la magie, grands magiciens. Bonnaire dit, dans son Histoire de France, que les Huns, venant faire la guerre à Cherebert, ou Caribert, furent attaqués près de la rivière d’Elbe par Sigebert, roi de Metz, et que les Francs furent obligés de combattre contre les Huns et contre les spectres dont ces barbares avaient rempli l’air, par un effet de la magie ; ce qui rendit leur victoire plus distinguée. Voy. Ogres.

Huppe, oiseau commun, nommé par les Chaldéens Bori, et par les Grecs Isan. Celui qui le regarde devient gros ; si on porte les yeux de la huppe sur l’estomac, on se réconciliera avec tous ses ennemis. Enfin, c’est de peur d’être trompé par quelque marchand qu’un homme de précaution a sa tête dans une bourse[6].

Hus, l’un des précurseurs de Luther. Il fit faire des progrès à la confrérie occulte des sorciers.

Hutgin, démon qui trouve du plaisir à obli-

  1. Le Petit Albert, p. 412.
  2. Bodin, Démonomanie, p. 330.
  3. Voyez cette légende du purgatoire dans les Légendes de l’autre monde.
  4. Leloyer, Histoire des spectres, p. 272.
  5. De rébus gothicis.
  6. Secrets d’Albert le Grand, p. 111.