Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
HIP
HOC
— 336 —

vivante, vertu qui lui était communiquée par l’hippomane qu’on avait mêlée avec le cuivre en la fondant. Voy. Philtres.

Hippomancie, divination des Celtes. Ils formaient leurs pronostics sur le hennissement et le trémoussement de certains chevaux blancs, nourris aux dépens du public dans des forêts consacrées, où ils n’avaient d’autre couvert que les arbres. On les faisait marcher immédiatement après le char sacré. Le prêtre et le roi ou chef du canton observaient tous leurs mouvements, et en tiraient des augures auxquels ils donnaient une ferme confiance, persuadés que ces animaux étaient confidents du secret des dieux, tandis qu’ils n’étaient eux-mêmes que leurs ministres. Les Saxons tiraient aussi des pronostics d’un cheval sacré, nourri dans le temple de leurs dieux, et qu’ils en faisaient sortir avant de déclarer la guerre à leurs ennemis. Quand le cheval avançait le pied droit, l’augure était favorable ; sinon, le présage était mauvais, et ils renonçaient à leur entreprise.

Hippomyrmèces, peuple imaginaire, placé par Lucien dans le globe du soleil. C’étaient des hommes montés sur des fourmis ailées, qui couvraient deux arpents de leur ombre, et qui combattaient de leurs cornes.

Hippopodes, peuple fabuleux qui avait des pieds de cheval, et que les anciens géographes placent au nord de l’Europe.

Hirigoyen, sorcier du commencement du dix-septième siècle, que l’on a vu danser au sabbat avec le diable, qu’il adorait[1].

Hirondelles. Plutarque cite l’histoire d’un nommé Bessus qui avait tué son père et dont on ignorait le crime. Étant un jour près d’aller à un souper, il prit une perche avec laquelle il abattit un nid d’hirondelles. Ceux qui le virent en furent indignés et lui demandèrent pourquoi il maltraitait ainsi ces pauvres oiseaux. Il leur répondit qu’il y avait assez longtemps qu’elles lui criaient qu’il avait tué son père. Toutes stupéfaites de cette réponse, ces personnes la rapportèrent au juge, qui ordonna de prendre Bessus et de le mettre à la torture. Il avoua son crime et fut pendu[2]. Brown, dans son Essai sur les erreurs populaires, dit que l’on craint de tuer les hirondelles, quoiqu’elles soient incommodes, parce qu’on est persuadé qu’il en résulterait quelque malheur. Élien nous apprend que les hirondelles étaient consacrées aux dieux Pénates, et que par cette raison on s’abstenait de les tuer. On les honorait, dit-il, comme les hérauts du printemps, et à Rhodes on avait une espèce de chant pour célébrer le retour des hirondelles.

Histoire. Il y a dans la bibliographie infernale beaucoup d’histoires prodigieuses publiées sans nom d’auteur. Nous n’en citerons que quelques-unes : « Histoire d’une apparition, avec des réflexions qui prouvent la difficulté de savoir la vérité sur le retour des esprits ; in-8o ; Paris, chez Saugrin, 1722, brochure de 24 pages. — Histoire prodigieuse nouvellement arrivée à Paris, d’une jeune fille agitée d’un esprit fantastique, in-8o. — Histoire du diable, in-12 ; Amsterdam, 1729, 2 vol. ; et Rouen, 1730, 2 vol. — Histoire miraculeuse advenue en la Rochette, ville de Maurienne en Savoie, d’une jeune fille ayant été enterrée dans un jardin en temps de peste, l’espace de quinze ans, par lequel son esprit est venu rechercher ses os par plusieurs évidents signes miraculeux ; in-8o, Lyon. — Histoire remarquable d’une femme décédée depuis cinq ans, laquelle est revenue trouver son mari, et parler à lui au faubourg Saint-Marcel ; Paris, 1618, etc. » Voy. Apparitions.

Hocque. Après l’édit de 1682 pour la punition des maléfices, la race des sorciers malfaisants diminua sensiblement en France. Mais il restait encore dans la Brie, aux environs de Paris, une cabale de bergers qui faisaient mourir les bestiaux, attentaient à la vie des hommes, commettaient plusieurs autres crimes et s’étaient rendus formidables à la province. Il y en eut enfin d’arrêtés ; le juge de Pacy instruisit le procès, et par les preuves il parut évident que tous ces maux étaient commis par maléfices et sortilèges.

Les sorts et les poisons dont ces bandits se servaient pour faire mourir les bestiaux consistaient dans une composition qu’ils avouèrent au procès, et qui est rapportée dans les factums, mais remplie de sacrilèges, d’impiétés, d’abominations et d’horreurs, en même temps que de poisons. Ils mettaient cette composition dans un pot de terre, et l’enterraient ou sous le seuil de la porte des étables aux bestiaux, ou dans le chemin par où ils passaient ; et tant que ce sort demeurait en son lieu, ou que celui qui l’avait posé était en vie, la mortalité ne cessait point ; c’est ainsi qu’ils s’en expliquèrent dans leurs interrogatoires.

Une circonstance singulière de leur procès fit croire qu’il y avait un vrai pacte entre eux et le diable pour commettre tous ces maléfices. Ils avouèrent qu’ils avaient jeté des sorts sur les bestiaux du fermier de la terre de Pacy, près de Brie-Comte-Robert, pour venger l’un d’eux que ce fermier avait chassé et mis hors de son service. Ils firent le récit exact de leur composition ; mais jamais aucun d’eux ne voulut découvrir le lieu où ils avaient enterré le sort, et on ne savait, après de semblables aveux, d’où pouvait venir leur réticence sur ce dernier fait. Le juge les pressa de s’en expliquer ; ils dirent que s’ils découvraient ce lieu, et qu’on levât le sort, celui qui l’avait posé mourrait à l’instant.

  1. De l’inconstance des démons, etc., p. 444.
  2. Taillepied, Apparitions des esprits, p. 40.