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l’esprit des Islandais. Lorsque des parties plaidaient sur des objets douteux, et qu’elles ne pouvaient s’accorder, elles s’en allaient à Helgafell pour y prendre conseil : on s’imaginait que tout ce qui s’y décidait devait avoir une pleine réussite. Certaines familles avaient aussi la persuasion qu’après leur mortelles devaient revenir habiter ce canton. La montagne passait pour un lieu saint. Personne n’osait la regarder qu’il ne se fût lavé le visage et les mains.

Helhest, cheval à trois pieds de l’enfer. Voy. Héla.

Hélias. « Apparition admirable et prodigieuse arrivée à Jean Hélias, le premier jour de l’an 1623, au faubourg Saint-Germain à Paris. » — C’est un gentilhomme qui conte[1] : « Étant allé le dimanche, premier jour de l’année 1623, sur les quatre heures après midi à Notre-Dame, pour parler à M. le grand pénitencier sur la conversion de Jean Hélias, mon laquais, ayant décidé d’une heure pour le faire instruire, parce qu’il quittait son hérésie pour embrasser la vraie religion, je m’en fus passer le reste du jour chez M. de Sainte-Foi, docteur en Sorbonne, et me retirai sur les six heures. Lorsque je rentrai, j’appelai mon laquais avant de monter dans ma chambre ; il ne me répondit point. Je demandai s’il n’était pas à l’écurie ; on ne m’en sut rien dire. Je montai, éclairé d’une servante ; je trouvai les deux portes fermées, les clefs sur les serrures. En entrant dans la première chambre, j’appelai encore mon laquais, qui ne répondit point ; je le trouvai à demi couché auprès du feu, la tête appuyée contre la muraille, les yeux et la bouche ouverts ; je crus qu’il avait du vin dans la tête ; et, le poussant du pied, je lui dis : — Levez-vous, ivrogne ! — Lui, tournant les yeux sur moi : — Monsieur, me dit-il, je suis perdu ; je suis mort ; le diable tout à l’heure voulait m’emporter. — Il poursuivit qu’étant entré dans la chambre, ayant fermé les portes sur lui et allumé le feu, il s’assit auprès, tira son chapelet de sa poche et vit tomber de la cheminée un gros charbon ardent entre les chenets. Aussitôt on lui dit : — Eh bien, vous voulez donc me quitter ? — Croyant d’abord que c’était moi qui parlais, il répondit : — Pardonnez-moi, monsieur, qui vous a dit cela ? — Je l’ai bien vu, dit le diable ; vous êtes allé tantôt à l’église. Pourquoi voulez-vous me quitter ? je suis bon maître ; tenez, voilà de l’argent ; prenez en tant qu’il vous plaira. — Je n’en veux point, répondit Hélias. Le diable, voyant qu’il refusait son argent, voulut lui faire donner son chapelet. — Donnez-moi ces grains que vous avez dans la main, dit-il, ou bien jetez-les au feu. Mon laquais répondit : — Dieu ne commande point cela ; je ne veux pas vous obéir. Alors le diable se montra à lui ; et voyant qu’il était tout noir, Hélias lui dit : — Vous n’êtes pas mon maître, car il porte une fraise blanche et du clinquant à ses habits. Au même instant, il lit le signe de la croix et le diable incontinent disparut… »

Était-ce une hallucination ?

Héliodore, magicien qui se donna au démon et que quelques-uns croient être le même que Diodore ; il fit à Catane des prodiges que la Sicile raconte encore. On le compare à Simon le magicien, à Virgile et aux plus célèbres enchanteurs. Comme Faust était servi par Méphistophélès, Héliodore était servi par un autre démon nommé Gaspard. Il faisait accepter des pierres pour de l’or. Il voyageait sur un cheval qui était un démon. Il fascinait ceux qui voulaient l’arrêter en prenant une figure et des formes qui n’étaient pas les siennes. On lit dans la vie de saint Léon, traduite du grec en 1826, qu’un jour l’impudent magicien, entrant dans la basilique où saint Léon célébrait les saints mystères, annonça que, par son charme, il allait le faire danser avec tous ses prêtres. Mais le saint descendit de l’autel, le lia de son étole et le conduisit à un bûcher préparé, où il resta avec lui jusqu’à ce que cet homme vendu au diable fût réduit en cendres.

Héliogabale, empereur de Rome ; il s’occupait de nécromancie, quoiqu’il méprisât toute religion. Bodin assure qu’il allait au sabbat et qu’il y adorait le diable.

Héliotrope. On donnait ce nom à une pierre précieuse, verte et tachetée ou veinée de rouge, à laquelle les anciens ont attribué un grand nombre de vertus fabuleuses, comme de rendre invisibles ceux qui la portaient.

L’héliotrope, plante qui suit, dit-on, le côlirs du soleil, a été aussi l’objet de plusieurs contes populaires.

Hellequin, fils d’Héla. Pour sa légende, Voy. Héla.

Helsingeland, contrée de la Suède qui a une femme blanche. On dit qu’elle ne fait que du bien. On l’appelle la dame de l’Helsingeland[2].

Hennisseur (Le), lutin flamand, ainsi nommé à cause de son cri qui est celui d’un cheval en hilarité.

Hénoch. Les rabbins croient qu’Hénoch, transporté au ciel, fut reçu au nombre des anges, et que c’est lui qui est connu sous les noms de Métraton et de Michel, l’un des premiers princes du ciel, lequel tient, registre des mérites et des péchés des Israélites. Ils ajoutent qu’il eut Dieu et Adam pour maîtres. Saint Jude, dans son Épître, parlant de plusieurs chrétiens mal convertis, dit « C’est d’eux qu’Hénoch, qui a été le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes : — Voilà le seigneur qui va venir avec la multitude de ses saints pour exercer son jugement sur tous les hommes, et pour convaincre tous les impies. »

  1. Recueil de dissertations de Lenglet-Dufresnoy, t. II, p. 459.
  2. Voyez Hodéaldis, dans les Légendes des esprits et démons.