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ville, nommé Goldner, avait un enfant obsédé par un esprit frappeur. Cet esprit se montrait quelquefois en forme de bouc, de chevreuil ou d’autre animal, battait l’enfant et le tourmentait de plusieurs manières ; ce qui dura trois mois de l’année 1665.

Gomory, puissant duc des enfers ; il apparaît sous la forme d’une femme ; il a une couronne ducale sur ta tête, et il est monté sur un cha-


meau. Il répond sur le présent, le passé et l’avenir ; il fait découvrir les trésors cachés ; il commande à vingt-six légions[1].

Gonderic, roi des Vandales, qui fut, à l’exemple de Geyseric et de Bucer, éventré par le diable, et dont l’âme, selon les chroniqueurs, fut conduite en enfer[2].

Gonin. Les Français d’autrefois donnaient le nom de maître gonin à leurs petits sorciers,


charmeurs, escamoteurs et faiseurs de tours de passe-passe[3].

Gontran. Helinand conte qu’un soldat nommé Gontran, de la suite de Henry, archevêque de Reims, s’étant endormi en pleine campagne après le dîner, comme il dormait la bouche ouverte, ceux qui l’accompagnaient, et qui étaient éveillés, virent sortir de sa bouche une bête blanche semblable à une petite belette, qui s’en alla droit à un ruisseau assez près de là. Un homme d’armes, la voyant monter et descendre le bord du ruisseau pour trouver un passage, tira son épée et en fit un petit pont sur lequel elle passa et courut plus loin… Peu après, on la vit revenir, et le même homme d’armes lui fit de nouveau un pont de son épée. La bête passa une seconde fois et s’en retourna à la bouche du dormeur, où elle rentra… Il se réveilla alors ; et comme on lui demandait s’il n’avait point rêvé pendant son sommeil, il répondit qu’il se trouvait fatigué et pesant, ayant fait une longue course et passé deux fois sur un pont de fer. Mais ce qui est plus merveilleux, c’est qu’il alla par le chemin qu’avait suivi la belette ; qu’il bêcha au pied d’une petite colline et qu’il déterra un trésor que son âme avait vu en songe. Le diable, dit Wierus, se sert souvent de ces machinations pour tromper les hommes et leur faire croire que l’âme, quoique invisible, est corporelle et meurt avec le corps ; car beaucoup de gens ont cru que cette bête blanche était l’âme de ce soldat, tandis que c’était une imposture du diable…

Goo, épreuve par le moyen de pilules de papier que les jammabos, fakirs du Japon, font avaler aux personnes soupçonnées d’un vol ou de quelque autre délit. Ce papier est rempli de caractères magiques et de représentations d’oiseaux noirs ; le jammabos y met ordinairement son cachet. Le peuple est persuadé que si celui qui prend cette pilule est coupable, il ne peut la digérer et souffre cruellement jusqu’à ce qu’il confesse son crime. Voy. Khomano-Goo.

Goodwin. Voy. Parris.

Gœrres, auteur contemporain d’un très-savant livre, qui a pourtant quelques erreurs : La Mystique divine, naturelle et diabolique. Cet ouvrage a été traduit en français par M. ch. {{rom|SainteFoi. 5 vol. in-8o, 1855.

Gorson, l’un des principaux démons, roi de l’Occident ; il est visible le matin à neuf heures[4].

Gouffres. On en a souvent fait des objets d’effroi. Sur une montagne voisine de Villefranche, on trouve trois gouffres ou étangs considérables, qui sont toujours le théâtre des orages ; les habitants du pays croient que le diable est au fond, et qu’il ne faut qu’y jeter une pierre pour qu’il s’élève aussitôt sur ces étangs une tempête.

Gougou. « Champlain, à la fin de son premier voyage au Canada, en 1603, raconte que « proche de la baie des Chaleurs, tirant au sud, » est une île où fait résidence un monstre épouvantable que les sauvages appellent Gougou. » Le Canada avait son géant, comme le cap des Tempêtes avait le sien. Homère est le véritable père de ces inventions ; ce sont toujours les

  1. Wierus, in Pseudomon. dœmonum.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 5.
  3. Bodin, Démonomanie, p. 148.
  4. Wierus, Pseudom. dœm., p. 931.