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— Ce qui n’a pas empêché les écrivains antireligieux de faire revivre sur son compte des calomnies condamnées. On a rassemblé ces calomnies en six gros volumes. L’avocat janséniste François Richer les a concentrées dans ses Causes célèbres avec une férocité haineuse qui fait peine. Fréron, dans l’Année littéraire 1772, t. II, p. 250, a pulvérisé, preuves en main, cet échafaudage d’odieux mensonges. Ce qui n’a pas empêché une tête obtuse dans son fiel de les republier de nos jours en une brochure in-8o intitulée Détails historiques sur le père Girard, jésuite, et mademoiselle Cadière de Toulon, imprimée à Nîmes, chez Rallivet et Fabre, 1844. Au résumé, la Cadière était une coquine, le père Girard un saint et ses calomniateurs des faussaires[1].

Girtanner, docteur de Gcettingue qui a annoncé que, dans le dix-neuvième siècle, tout le monde aurait le secret de la transmutation des métaux ; que chaque chimiste saurait faire de l’or ; que les instruments de cuisine seraient d’or et d’argent, ce qui contribuera beaucoup, dit-il, à prolonger la vie, qui se trouve aujourd’hui compromise par les oxydes de cuivre, de plomb et de fer que nous avalons avec notre nourriture[2]. Les bons chimistes actuels partagent cet avis.

Gitanos, mot espagnol, qui veut dire Égyptiens. Voy. Bohémiens.

Giwon, esprit japonais. Les habitants croient qu’il veille particulièrement à la conservation de leur vie, et qu’il peut les préserver de tout accident fâcheux, comme des chutes, des mauvaises rencontres, des maladies et surtout de la petite vérole. Aussi ont-ils coutume de placer sur la porte de leurs maisons l’image de Giwon.

Glanvil, curé anglican d’Abbey-Church à Bath, mort en 1680. On lui attribue un traité des Visions et apparitions, in-8o, Londres, 1700 ; mais il est certainement auteur d’un ouvrage intitulé Considérations philosophiques touchant l’existence des sorciers et la sorcellerie, 1666, in-4o.

Glaphyra, épouse d’Alexandre, fils de cet effroyable Hérode, qu’on a appelé Hérode le Grand. Cette princesse, ayant perdu Alexandre, se maria avec Archelaüs, son beau-frère, et mourut la nuit même de ses noces, l’imagination troublée par la vision de son premier époux, qui semblait lui reprocher ses secondes noces avec son frère[3].

Glasialabolas. Voy. Caacrinolaas.

Gleditch. Voy. Hallucinations.

Glocester. Sous Henri VI, les ennemis de la duchesse de Glocester, voulant la perdre, l’accusèrent d’être sorcière. On prétendit qu’elle avait eu des entretiens secrets avec Roger Bolingbroke, soupçonné de nécromancie, et Marie Gardemain, réputée sorcière. On déclara que ces trois per-

La duchesse de Glocester.

sonnes réunies avaient, à l’aide de cérémonies diaboliques, placé sur un feu lent une effigie du roi faite en cire, dans l’idée que les forces de ce prince s’épuiseraient à mesure que la cire fondrait, et qu’à sa totale dissolution la vie de Henri VI serait terminée. Cette accusation s’accrédita sans peine. Tous trois furent déclarés coupables, et ni le rang ni l’innocence ne purent les sauver. La duchesse fut condamnée à un emprisonnement perpétuel, Roger Bolingbroke pendu et Marie Gardemain brûlée dans Smithfield[4].

Glubbdubdrib. Ile des sorciers dansles voyages de Gulliver. Swift y fait des contes très-piquants.

Gnomes, esprits élémentaires amis de l’homme, composés des plus subtiles parties de la terre, dont ils habitent les entrailles, selon les cabalistes. — La terre, disent-ils, est presque jusqu’au centre remplie de gnomes, gens de petite


stature, gardiens des trésors, des mines et des pierreries. Ils aiment les hommes, sont ingénieux et faciles à gouverner. Ils fournissent aux caba-

  1. Nous ajouterons avec regret que, dans le tome IV de sa Mystique, Görres expose assez mal, pages 176 à 179, l’affaire de la Cadière ; il est vrai qu’un peu plus loin, page 182, il défend le père Girard. Il est fâcheux qu’il n’ait pas lu la judicieuse dissertation de Fréron, que nous avons citée.
  2. Philosophie magique, t. VI, p. 383, citée dans les Curiosités de la littérature, t. I er, p. 262.
  3. Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions des esprits, ch. xxiii, p. 436.
  4. Goldsmith, Histoire d’Angleterre.