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était prescrit ; et elle montrait les traces des plaies qu’elle avait reçues. Elle ne fut pas punie.

Gerbert. Voy. Sylvestre II.

Géréahs. Les habitants de Ceylan croient les planètes occupées par des esprits qui sont les arbitres de leur sort. Ils leur attribuent le pouvoir de rendre leurs favoris heureux en dépit des démons. Ils forment autant d’images d’argile appelées Géréahs qu’ils supposent d’esprits mal disposés ; ils leur donnent des figures monstrueuses et les honorent en mangeant et buvant ; le festin est accompagné de tambours et de danses jusqu’au point du jour : les images sont jetées alors sur les grands chemins, où elles reçoivent les coups et épuisent la colère des démons malintentionnés.

Germanicus, général romain qui fut empoisonné par Plancine. On ne dit pas si ce fut par des parfums ou par un poison plus direct, ou par des maléfices ; mais ce qui est certain, dit Tacite, c’est que l’on trouva dans sa demeure des ossements et des cendres de morts arrachés aux tombeaux, et le nom de Germanicus écrit sur une lame de plomb qu’on avait dévouée à l’enfer[1].

Germar (Gilles), infâme coquin, né à Lyon et arrêté à Dôle pour ses crimes, à travers les guerres de la réforme. Il avoua, sans y être contraint, qu’un jour, habillé en loup-garou, il avait, dans le bois de la Serre près de Dôle, étranglé une jeune fille et qu’après avoir mangé la chair de ses bras et de ses jambes, il en avait porté à sa femme qui partageait ses goûts ; qu’un mois après il avait, sous la même forme de loup-garou, tué une jeune fille pour la manger pareillement, mais qu’il en avait été empêchée par l’arrivée de trois personnes, à l’aspect desquelles il s’était enfui ; que quinze jours plus tard, dans la vigne de Grédisans, il avait tué un enfant et en avait mangé aussi la chair des bras et des jambes ; enfin que, cette fois en sa forme d’homme et non plus en loup-garou, il avait tué un enfant de douze à treize ans dans le bois de Pérouze et qu’il se disposait à le manger lorsqu’on l’avait arrêté. Cet anthropophage fut condamné au feu[2].

Géroldseck, l’un des vieux manoirs des bords du Rhin. Sous ses ruines sont ensevelis Wittich, Siegfried et d’autres chevaliers bandits des plus mauvais jours du moyen âge, attendant le jugement dernier.

Gerson (Jean Charlier de), chancelier, pieux et savant, de l’université de Paris, mort en 1429, auteur de l’Examen des esprits, où l’on trouve des règles pour discerner les fausses révélations des véritables ; auteur aussi de l’Astrologie réformée, qui eut un grand succès. Nous ne parlons pas ici de ses ouvrages de piété.

Gert (Berthomine de), sorcière de la ville de Préchac en Gascogne, qui confessa vers 1608 que, lorsqu’une sorcière revenant du sabbat était tuée dans le chemin, le diable avait l’habitude de prendre sa figure, et de la faire reparaître et mourir dans son logis pour la tenir en bonne réputation. Mais si celui qui l’a tuée a quelque bougie ou chandelle de cire sur lui, et qu’il en fasse une croix sur la morte, le diable ne peut, malgré toute sa puissance, la tirer de là, et par conséquent est forcé de l’y laisser[3].

Gervais, archevêque de Reims, mort en 1067, dont on conte cette aventure. Un chevalier normand qui le connaissait, voulant, pour le besoin de son âme, aller à Rome visiter les tombeaux des saints apôtres, passa par Reims, où il demanda à l’archevêque sa bénédiction, puis il reprit son chemin, dont il s’était écarté. Il arriva à Rome et fit ses oraisons. Il voulut ensuite aller au mont Saint-Ange. Dans son chemin, il rencontra un ermite qui lui demanda s’il connaissait Gervais, archevêque de Reims ; à quoi le voyageur répondit qu’il le connaissait. — Gervais est mort, reprit l’ermite. — Le Normand demeura stupéfait ; il pria l’inconnu de lui dire comment il savait cette nouvelle. L’ermite lui répondit, qu’ayant passé la nuit en prière dans sa cellule, il avait entendu le bruit d’une foule de gens qui, marchaient le long de son corridor en faisant beaucoup de bruit ; qu’if avait ouvert sa fenêtre, et demandé où ils allaient ; que l’un d’eux lui avait répondu : Nous sommes les anges de Satan ; nous venons de Reims. Nous emportions l’âme de Gervais ; mais à cause de ses bonnes œuvres, on vient de nous l’enlever, ce qui nous fâche rudement. Le pèlerin remarqua le temps et le jour où il avait appris tout cela, et de retour à Reims, il trouva que l’archevêque Gervais était mort à la même heure[4].

Geyseric, démoniaque goth, dont l’âme fut emportée par le diable en enfer après que son corps eut crevé, comme ceux de Bucer et d’Arius, pendant qu’il était au lit[5].

Ghilcul ou Gilgoul. Chez les Juifs modernes c’est la métempsycose ou transmigration des âmes en d’autres corps, doctrine reçue dans quelques-unes de leurs sectes. Selon une de leurs traditions, le prophète Élie avait été auparavant Phinéès, fils d’Aaron.

Ghirardelli (Corneille), franciscain, né à Bologne vers la fin du seizième siècle. Il étudia l’astrologie et la métoposcopie ; on connaît de lui des discours astrologiques, des almanachs comme celui de Matthieu Laensberg, enfin la Céphalonie physionomique, avec cent têtes dessi-

  1. Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des esprits, p. 370.
  2. Bodin, Dêmonomanie, liv. IL
  3. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 455.
  4. Manuscrit de la bibliothèque impériale, rapporté par Lenglet-Dufresnoy, Dissertations, t. Ier.
  5. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 5.