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réchappent, de pratiquer en l’honneur de GangaGranima la cérémonie suivante. On leur enfonce dans la peau du dos des crochets, par le moyen desquels on les élève en l’air ; là ils font quelques tours d’adresse, comme des entrechats, en présence des spectateurs. Il se trouve des femmes simples et crédules, à qui l’on persuade que cette cérémonie est agréable à Ganga-Gramma, et

qu’elle ne cause aucune douleur. Lorsqu’elles la sentent, il n’est plus temps de s’en dédire, elles sont déjà en l’air, et les cris des assistants étouffent leurs plaintes. Une sorte de pénitence, toujours en l’honneur du même démon, consiste à se laisser passer une ficelle dans la chair, et à danser pendant que d’autres personnes tirent cette ficelle. La nuit qui suit la fête de GangaGramma, on lui sacrifie un buffle dont on recueille le sang dans un vase ; on le place devant l’idole, et l’on assure que le lendemain il se trouve vide. Des auteurs disent qu’autrefois, au lieu d’un buffle, on immolait une victime humaine.

Ganguy (Simone), dite la petite mère, sorcière, amie de Madeleine Bavent. Il ne paraît pas qu’elle ait été brûlée.

Ganipotes, loups-garous de la Saintonge. Voy. Lycanthropie.

Ganna, devineresse germaine ; elle avait succédé à Velléda ; elle fit un voyage à Rome, où elle reçut de grands honneurs de Domitien[1].

Gantière, sorcière. En 1582, le parlement de Paris confirma la sentence de mort du bailli de la Ferté contre la femme Gantière. Elle avouait que la Lofarde l’avait transportée au sabbat ; que le diable l’avait marquée ; qu’il était vêtu d’un habit jaune ; qu’il lui avait donné huit sous pour payer sa taille ; mais que, de retour dans son logis, elle ne les avait plus trouvés dans son mouchoir.

Garandier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Garcia (Marie), femme de Madrileschos, près de Tolède, qui, ayant mangé une orange qu’une autre femme lui avait donnée, devint possédée et fut tourmentée sept ans par une légion de démons. Elle fut exorcisée enfin ; le démon qui la dominait, sommé de dire son nom, répondit qu’il s’appelait Asmodée, et qu’il était logé chez cette femme avec plusieurs autres. On leur demanda un signe de leur soumission ; ils répondirent que la veille ils avaient enlevé quelques pièces de monnaie d’argent chez la sœur du prêtre qui les forçait à sortir, parce que cette femme, ne les ayant pas retrouvées, les avait données au diable. On signifia aux démons de rapporter immédiatement ces pièces ; aussitôt la possédée tendit le cou et les vomit. Ces faits eurent lieu le 14 octobre 1609, devant une foule d’assistants.

Garde des troupeaux. Voy. Troupeaux.

Gardemain (Marie). Voy. Glocester.

Gargantua, héros populaire de taille gigantesque, dont la légende ne s’accorde pas avec le roman de Rabelais. Quoique son histoire ne soit qu’un conte bleu, on montre aux environs d’Aigues-Mortes la vieille tour de Gargantua ; et on n’ose en approcher la nuit, de peur d’être happé par un bras de vingt-cinq mètres.

Gargouille. « Que vous dire de la gargouille de Rouen ? Il est certain que tous les ans le chapitre métropolitain de cette ville présentait au parlement, le jour de l’Ascension, un criminel qui obtenait sa grâce, en l’honneur de saint Romain et de la gargouille. La tradition portait qu’à l’époque où saint Romain occupait le siège épiscopal de Rouen, un dragon, embusqué à quelque distance de la ville, s’élançait sur les passants et les dévorait. C’est ce dragon qu’on appelle la gargouille. Saint Romain, accompagné d’un criminel condamné à mort, alla attaquer le monstre jusque dans sa caverne ; il l’enchaîna et le conduisit sur la place publique, où il fut brûlé, à la grande satisfaction des diocésains[2]. » On a contesté cette légende en niant les dragons, dont les géologues actuels reconnaissent pourtant que l’existence a été réelle. Il se peut toutefois que ce dragon soit ici une allégorie. Des historiens rapportent que, du temps de saint Romain, la ville de Rouen fut menacée d’une inondation ; que ce saint prélat eut le bonheur de l’arrêter par ses soins et par ses prières. Voilà l’explication toute simple du miracle de la gargouille. Ce mot, dans notre vieille langue, signifie irruption, bouillonnement de l’eau. Des savants auront rendu le mot hydra par celui de dragon.

Garibaut (Jeanne), sorcière. Voy. Grenier et Pierre Labourant.

Garinet (Jules), auteur de l’Histoire de la magie en France, Paris, 1818, in-8o. On trouve à la tête de cet ouvrage curieux une description du sabbat, une dissertation sur les démons, un dis-

  1. Tacite, Annales, 55.
  2. M. Saiguesy, Des erreurs, t. III, p. 370.