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brûlée en 1617. Cependant le président Courtin ! lui demandant par quel charme elle avait ensorcelé la reine, elle répondit fièrement : « Mon sortilège a été le pouvoir que les âmes fortes ont sur les âmes faibles. »

Galilée. Les protestants, copiés par les jansénistes, ont beaucoup déclamé contre la prétendue persécution qu’essuya Galilée à cause de ses découvertes astronomiques. On a fait fracas de ce qu’on appelle sa condamnation au tribunal de l’inquisition romaine. Mais il est prouvé, il est constant, il est avéré, il est établi, depuis longtemps déjà, qu’on en impose effrontément dans ces récits infidèles : ce qui n’empêche pas les écrivailleurs de les répéter toujours, et les peintres ignorants de déshonorer leurs pinceaux par ces mensonges. Galilée ne fut pas censuré comme astronome, mais comme mauvais théologien. Il voulait expliquer la Bible. — Ses découvertes, à l’appui du système de Copernic, ne lui eussent pas fait plus d’ennemis qu’à cet autre savant. Ce fut son entêtement à vouloir concilier, à sa manière, la Bible et Copernic, qui le fit rechercher par l’inquisition. En même temps que lui, vivaient à Rome un grand nombre d’hommes célèbres, et le saint-siége n’était pas entouré d’ignorants. En 1611, pendant son premier voyage dans la capitale du monde chrétien, Galilée fut admiré et comblé d’honneurs par les cardinaux et les grands seigneurs auxquels il montra ses découvertes. Lorsqu’il y retourna, en 1615, le cardinal Delmonte lui traça le cercle savant dans lequel il devait se renfermer. Mais son ardeur et sa vanité l’emportèrent. « Il exigeait, dit Guichardin, que le Pape et le saint-office déclarassent le système de Copernic fondé sur la Bible. » Il écrivit à ce sujet mémoires sur mémoires. Paul V, fatigué de ses instances, accorda que cette controverse fût jugée dans une congrégation. Malgré tout l’emportement qu’y mit Galilée, il ne fut point intéressé dans le décret rendu par la congrégation, qui déclara seulement que le système de Copernic ne paraissait pas s’accorder avec les expressions de la Bible. Avant son départ, il eut une audience très-gracieuse du Pape ; et Bellarmin se borna, sans lui interdire aucune hypothèse astronomique, à lui interdire ses prétentions théologiques.

Quinze ans après, en 1632, sous le pontificat d’Urbain VIII, Galilée imprima ses célèbres dialogues Delle due massime système del mondo, avec une permission et une approbation supposées. Personne ne réclama. Il fit reparaître ses mémoires écrits en 1616, où il s’efforçait d’ériger la rotation du globe sur son axe en question de dogme. Ses bravades le firent citer à Rome. Il y arriva le 3 février 1633. Il ne fut point logé à l’inquisition, mais au palais de l’envoyé de Toscane. Un mois après, il fut mis, — non dans les prisons de l’inquisition, — comme tant de menteurs l’ont écrit, mais dans l’appartement du fiscal. Au bout de dix-huit mois, s’étant rétracté, c’est-à-dire ayant renoncé à sa conciliation de Copernic et de la sainte Bible, seule question qui fût en cause, il s’en retourna dans sa patrie. Voici ce qu’il écrivait en 1633, au P. Bécénéri, son disciple : — « Le pape me croyait digne de son estime. Je fus logé dans le délicieux palais de la Trinité-du-Mont. Quand j’arrivai au saint-office, deux pères dominicains m’invitèrent très-honnêtement à faire mon apologie. J’ai été obligé de rétracter mon opinion en bon catholique. Pour me punir, on m’a défendu les dialogues, et congédié après cinq mois de séjour à Rome. Comme la peste régnait à Florence, on m’a assuré pour demeure le palais de mon meilleur ami, monseigneur Piccolomini, archevêque de Sienne ; j’y ai joui d’une pleine tranquillité. Aujourd’hui je suis à ma campagne d’Arcêtre, où je respire un air pur auprès de ma chère patrie[1]. » Néanmoins les philosophes rebelles continueront à faire de Galilée une victime de la superstition et du fanatisme. On citera le conte de Galilée en prison, écrivant sur la muraille, autour d’un cercle, e pur si muove ; « et pourtant elle tourne ! » Comme si jamais on lui eût interdit d’avancer cela. On consacrera cette malice absurde par la peinture et la gravure ; et on citera avec emphase la même fausseté malveillante illustrée par les beaux vers de Louis Bacine, dans le poëme de la Religion : Tant il est difficile de déraciner une erreur passionnée ! Dans tout cela, nous ne jugeons pas le système de Galilée, sur lequel il n’est pas impossible que le dernier mot ne soit pas dit. On vient de retrouver les manuscrits de Galilée, que l’on avait dit brûlés par l’inquisition. Que ne peut-on retrouver, à l’usage des ennemis de l’Église, la bonne foi !

Gall (Jean-Joseph), né vers 1775 dans le Wurtemberg, mort à Montrouge, près Paris, en 1828, inventeur d’une science qui juge le caractère et les dispositions des hommes sur l’inspection des protubérances du crâne. Cette science était chez lui le résultat de longues études sur un grand nombre de crânes d’hommes et d’animaux. On l’appelle crânologie et phrénologie. Comme Gall est mort après cinq jours d’idiotisme, où il ne put témoigner d’aucun sentiment religieux, on l’a accusé de matérialisme ; et on a jeté cette même injure à son système, un peu aventureux.

Nous ne voyons pas cependant, comme quelques-uns l’ont dit, que la crânologie consacre le matérialisme, ni qu’elle consolide les funestes principes de la fatalité. Nous sommes persuadé au contraire que les dispositions prétendues innées se modifient par l’éducation religieuse, surtout par rapport aux mœurs. Dans les arts on dit bien que le génie est inné : c’est peut-être vrai en partie seulement, car il n’y a pas de génie

  1. Bergier, Dict. de théologie, au mot Sciences.