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ALO
ALP
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Alocer, puissant démon, grand-duc aux enfers ; il se montre velu en chevalier, monté sur un cheval énorme ; sa figure rappelle les traits

 
Alocer
Alocer
 
du lion ; il a le teint enflammé, les yeux ardents ; il parle avec gravité ; il enseigne les secrets de l’astronomie et des arts libéraux ; il domine trente-six légions.

Alogricus. Voy. Alruy.

Alomancie, divination par le sel, dont les procédés sont peu connus. C’est en raison de l’alomancie qu’on suppose qu’une salière renversée est d’un mauvais présage.

Alopécie, sorte de charme par lequel on fascine ceux à qui l’on veut nuire. Quelques auteurs donnent le nom d’alopécie à l’art de nouer l’aiguillette. Voy. Ligatures.

Aloros. C’est le nom que les Chaldéens don-

 
Aloros
Aloros
 
naient à leur premier roi ; et, selon leurs traditions, il avait reçu le sceptre de la main de Dieu même en personne.

Alouette. Voy. Casso.

Alp. C’est le nom que les Allemands donnent au cauchemar.

Alpes. Les Alpes, les Pyrénées et tous les pays de montagnes ont été chez nous et ailleurs les principaux foyers de magie. Voy. Sorciers.

Alphitomancie, divination par le pain d’orge. Cette divination importante est très-ancienne. Nos pères, lorsqu’ils voulaient dans plusieurs accusés reconnaître le coupable et obtenir de lui l’aveu de son crime, faisaient manger à chacun des prévenus un rude morceau de pain d’orge. Celui qui l’avalait sans peine était innocent : le criminel se trahissait par une indigestion[1]. C’est même de cet usage, employé dans les épreuves du jugement de Dieu, qu’est venue l’imprécation populaire : « Je veux, si je vous trompe, que ce morceau de pain m’étrangle ! »

Voici comment se pratique cette divination, qui, selon les doctes, il est d’un effet certain que pour découvrir ce qu’un homme a de caché dans le cœur. On prend de la pure fariné d’orge ; on la pétrit avec du lait et du sel ; on n’y met pas de levain ; on enveloppe ce pain compacte dans un papier graissé, on le fait cuire sous la cendre ; ensuite on le frotte de feuilles de verveine et on le fait manger à celui par qui on se croit trompé, et qui ne digère pas si la présomption est fondée.

Il y avait près de Lavinium un bois, sacré où l’on pratiquait l’alphitomancie. Dés prêtres nourrissaient dans une caverne un serpent, selon quelques-uns ; un dragon, selon d’autres. À certains jours on envoyait des jeunes filles lui porter à manger ; elles, avaient les yeux bandés et allaient à la grotte, tenant à la main un gâteau fait par elles avec du miel et de la farine d’orge, « Le diable, dit Delrio, les conduisait leur droit chemin. Celle dont le serpent refusait de manger le gâteau n’était pas sans reproche. »

Alphonse X, roi de Castille et de Léon, surnommé l’astronome et le philosophe, mort en 1284. On lui doit les Tables Alphonsines. C’est lui qui disait que, si Dieu l’avait appelé à son conseil au moment de la création, il eût pu lui donner de bons avis. Ce prince extravagant croyait à l’astrologie. Ayant fait tirer l’horoscope de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus heureux que l’aîné, et il le nomma son successeur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet homme, qui se jugeait capable de donner des conseils au Créateur, l’aîné tua son frère cadet, mit son père dans une étroite prison et s’empara de la couronne ; toutes choses que sa science ne lui avait pas révélées.

Alpiel, ange ou démon qui, selon le Talmud, a l’intendance des arbres fruitiers.

  1. Delrio, Disquisit. magic., lib. IV, cap. ii, quæst. vii.