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siècle un essai de la morale chrétienne comparée à la morale du diable : Specimina moralis christianæ et moralis diabolicæ in praxi. Bruxelles, 1675, in-12.

Gabrielle. Dans le Vexin français, le bourgeois qui a quatre filles et veut avoir un garçon nomme la dernière Gabrielle ; charme qu’il croit de nature à lui amener infailliblement un fils.

Gabrielle d’Estrées, maîtresse de Henri IV, morte en 1599. Elle cherchait à épouser le roi et se trouvait logée dans la maison de Zamet, riche financier de ce temps. Comme elle se promenait dans les jardins, elle fut frappée d’une apoplexie foudroyante. On la porta chez sa tante, madame de Sourdis. Elle eut une mauvaise nuit ; le lendemain elle éprouva des convulsions qui la firent devenir toute noire : sa bouche se contourna, et elle expira horriblement défigurée. On parla diversement de sa mort ; plusieurs en chargèrent le diable ; on publia qu’il l’avait étranglée ; et au fait il en était bien capable.

Gabrielle de P., auteur de l’Histoire des fantômes et des démons qui se sont montrés parmi les hommes, in-12, 1819, et du Demoniana, ou Anecdotes sur les apparitions de démons, de lutins et de spectres, in-18, 1820.

Gaetch, fils de Touita, dieu des morts chez les Kamtschadales. Voy. Lézards.

Gaffarel (Jacques), hébraïsant et orientaliste, né à Mannes en Provence en 1601, mort en 1681. Ses principaux ouvrages sont : Mystères secrets de la cabale divine, défendus contre les paradoxes des sophistes, Paris, 1625, in-4o. Curiosités inouïes sur la sculpture talismanique des Persans, l’horoscope des patriarches et la Lecture des Étoiles. Paris, 1629, in-8o. Index de 19 cahiers cabalistiques dont s’est servi Jean Pic de la Mirandole. Paris, 1651, in-8o. Histoire universelle du monde souterrain, contenant la description des plus beaux antres et des plus rares grottes, caves, voûtes, cavernes et spèlonques de la terre. Le prospectus de ce dernier ouvrage fut imprimé à Paris, 1666, in-folio de 8 feuillets : il est très-rare. Quant au livre, il ne parut pas, à cause de la mort de l’auteur. On dit que c’était un monument de folie et d’érudition. Il voyait des grottes jusque dans l’homme, dont le corps présente mille cavités ; il parcourait les cavernes de l’enfer, du purgatoire et des limbes, etc. Ce savant avait été bibliothécaire du cardinal de Richelieu.

Gaïlan, Les Arabes appellent ainsi une espèce de démon des forêts qui tue les hommes et les animaux.

Gaillard (François). Voy. Coirières.

Gaius, aveugle guéri par un prodige, du temps d’Antonin. Esculape l’avertit, dans un songe, de venir devant son autel, de s’y prosterner, dépasser ensuite de la droite à la gauche, de poser ses cinq doigts sur l’autel, de lever la main, et de la mettre sur ses yeux. Il obéit et recouvra la vue en présence du peuple, qui applaudit avec transport. — C’était une singerie qu’on faisait pour balancer les miracles réels du christianisme.

Galachide ou Garachide, pierre noirâtre, à laquelle des auteurs ont attribué plusieurs vertus merveilleuses, celle entre autres de garantir celui qui la tenait des mouches et autres insectes. Pour en faire épreuve, on frottait un homme de miel pendant l’été, et on lui faisait porter cette pierre dans la main droite : quand cette épreuve réussissait, on reconnaissait que la pierre était véritable. On prétendait aussi qu’en la portant dans sa bouche, on découvrait les secrets des autres.

Galanta, sorcière du seizième siècle. Elle donna un jour une pomme à goûter à la fille du suisse de l’église du Saint-Esprit à Bayonne, qui désirait avoir trois paniers de ces pommes. Cette fille n’eut pas plutôt mordu la pomme, qu’elle tomba du haut mal ; et la force du maléfice fut telle, qu’elle en fut tourmentée toute sa vie. Aussitôt qu’elle voyait la sorcière, les accès lui prenaient très-violemment : « ce qui a été confirmé devant nos yeux, » comme dit Delancre. De nos jours, on n’attribuerait peut-être pas cela au sortilège ; mais alors on poursuivit la sorcière.

Galdarkraftigans, sorciers des Anglo-Saxons, qui liaient ou déliaient par des chants magiques appelés Galdra. Ce chant vient d’Odin.

Galien, Le plus grand médecin des temps passés après Hippocrate. On lui attribue un Traité des enchantements, et les médecins empiriques ont souvent abusé de son nom.

Galigaï ( Léonora), épouse du maréchal d’Ancre Concino Concini, qui fut tué par la populace en 1617. On la crut sorcière ; et en effet elle s’occupait de sciences occultes et de charmes. On publia que par ses maléfices elle avait ensorcelé la reine ; surtout lorsqu’on eut trouvé chez elle trois volumes pleins de caractères magiques, cinq rouleaux de velours destinés à dominer les esprits des grands, des amulettes qu’elle se mettait au cou, des agnus que l’on prit pour des talismans, car elle mêlait les choses saintes aux abominations magiques, et une lettre que Léonora avait ordonné d’écrire à une sorcière nommée Isabelle. Il fut établi au procès que le maréchal et sa femme se servaient pour envoûter d’images de cire qu’ils gardaient dans de petits cercueils ; qu’ils consultaient des magiciens, des astrologues et des sorciers ; qu’ils en avaient fait venir de Nancy pour sacrifier des coqs aux démons, et que dans ces cérémonies Galigaï ne mangeait que des crêtes de coqs et des rognons de bélier qu’elle faisait charmer auparavant. Elle fut encore convaincue de s’être fait exorciser par un certain Matthieu de Montanay, charlatan sorcier. Sur ses propres aveux, dit-on, elle eut la tête tranchée, en place de Grève à Paris, et fut