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taine de la Mort, parce qu’elle se tarissait lorsqu’un seigneur de Coucy devait mourir.

Fontenelle. Son Histoire des oracles est loin d’être exacte. File a été réfutée par le P. Baltus. Ses Entretiens sur la pluralité des mondes sont un jeu d’esprit.

Fontenettes (Charles), auteur d’une Dissertation sur une fille de Grenoble qui depuis quatre ans ne boit ni mange, 1737, in-4o, prodige qu’on attribuait au diable, et dont Fontenettes explique les causes moins ténébreuses.

Foray ou Morax. Voy. Morax.

Forças, Forras ou Furcas, chevalier, grand président des enfers ; il apparaît sous la forme d’un homme vigoureux, avec une longue barbe et des cheveux blancs ; il est monté sur un grand


cheval et tient un dard aigu. Il connaît les vertus des harbes et des pierres précieuses ; il enseigne la logique, l’esthétique, la chiromancie, la pyromancie et la rhétorique. Il rend l’homme invisible, ingénieux et beau parleur. Il fait retrouver les choses perdues ; il découvre les trésors, et il a sous ses ordres vingt-neuf légions de démons[1].

Force. Milon de Crotone n’eut pas seul une force prodigieuse. Louis de Boufïlers, surnommé le Fort, au quatorzième siècle, possédait une force et une agilité extraordinaires, s’il faut en croire les récits du temps. Quand il avait croisé ses deux pieds, il était impossible de le faire avancer ou reculer d’un pas. Il brisait sans peine un fer à cheval ; et lorsqu’il saisissait un taureau par la queue, il l’entraînait où il voulait. Il enlevait un cheval et l’emportait sur ses épaules. On l’a vu souvent, armé de toutes pièces, sauter à cheval sans s’appuyer et sans mettre le pied dans l’étrier. Sa vitesse à la course n’était pas moins remarquable, puisqu’il dépassait le cheval d’Espagne le plus léger, dans un espace de deux cents pas. Un certain Barsabas, qui servait au commencement du dix-huitième siècle dans les armées françaises, emporta un jour, devant Louis XIV, un cheval chargé de son cavalier. Il alla trouver une autre fois un maréchal ferrant ; il lui donna un fer de cheval à forger. Celui-ci s’étant un peu éloigné, Barsabas prit l’enclume et la cacha sous son manteau. Le maréchal se retourne bientôt pour battre le fer ; il est tout étonné de ne plus trouver son enclume, et bien plus surpris encore de voir cet officier la remettre sans difficulté à sa place. Un Gascon, que Barsabas avait offensé dans une compagnie, lui proposa un duel : — Très-volontiers, lui répondit Barsabas ; touchez là. — Il prit la main du Gascon, et la lui serra si fort que tous les doigts en furent écrasés. Il le mit ainsi hors d’état de se battre. Le maréchal de Saxe était de même calibre. — Dans les anciens jours, on regardait comme favorisés par le diable les gens doués d’une force extraordinaire.

Forêts. Les forêts sombres sont des lieux où, comme dit Leloyer[2], les diables se mêlent avec les sorciers. Ces diables y font leurs orgies commodément sous la feuillée, et il n’y a pas de lieux où ils se rendent plus volontiers visibles.

Formes du diable. « Le démon, quand il veut approcher de l’homme, prend diverses for-


mes, à l’exception de celles de l’agneau et, de la colombe que Dieu semble lui avoir interdites. Il prend souvent la forme du bouc. S’il veut se


rendre familier, il prend celle d’un chat ou d’un chien ; celle d’un cheval, s’il veut emporter quelqu’un ; celle d’une souris ou d’une fouine, s’il faut passer par un lieu étroit ; celle d’un bour-

  1. Wierus, De prœstigiis, p. 924.
  2. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions, ch. iv, p. 344.