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ERC
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dans différents monuments anciens[1]. Il y a d’autres moyens naïfs de traiter l’épilepsie, qui n’obligent pas à passer la mer. On croyait en guérir chez nos aïeux en attachant au bras du malade un clou tiré d’un crucifix. La même cure s’opérait en lui mettant sur la poitrine ou dans la poche les noms des trois mages, Gaspar, Balthazar, Melchior. Cette recette est indiquée dans des livres anciens :

Gaspar fert myrrham, Unis Melchior, Balthazar aurum,
Hœc tria qui secum portabit nomina regum
Solvitur a morbo, Christi a pietate, caduco.

Mais il y a encore bien d’autres remèdes. Le Journal du Cateau publiait dernièrement, sous le titre d’une tradition suédoise, les faits que voici : « Dans ce pays de Suède que j’habite depuis peu, la peine de mort consiste en la décollation par le moyen d’une hache, et à cet effet la tête du patient est posée sur un billot devant lequel on creuse une fosse où la tête tombe après avoir été coupée, et où l’on jette aussi le corps du supplicié ; après quoi on la remplit de manière qu’il n’en reste aucune trace à la surface du sol. Or, il existe parmi le peuple suédois une croyance déplorable ; à savoir, que le sang d’une personne décapitée, pris comme médicament interne, guérit radicalement l’épilepsie ; et ce qui est encore plus déplorable, c’est que l’autorité, d’après un usage immémorial, permette ou tolère que les spectateurs des exécutions recueillent ce sang. Dans une exécution qui a eu lieu ces jours-ci, après que la tête du criminel eut été séparée du corps, une paysanne d’un âge mûr, atteinte du haut mal, se précipita vers le lieu du supplice avec un morceau de pain à la main, pour le tremper dans le sang qui jaillissait du cadavre ; mais au moment où elle allait consommer cet acte, elle fut frappée d’une attaque de sa cruelle maladie, et elle tomba roide morte dans la fosse où venait de rouler la tête ensanglantée. Cet effet a produit sur l’opinion égarée un grand mouvement. La foule semblait frappée de terreur. Alors l’autorité, profitant de cette épouvante, s’est empressée de faire comprendre au public, par des affiches qui défendent à l’avenir un pareil usage, combien Dieu le réprouvait, puisqu’il le punissait de mort subite et faisait tomber les deux cadavres dans la même fosse. »

Épona, déesse des écuries chez les Romains. Son image était honorée dans les étables. Elle avait eu pour père Fulvius Stellus et pour mère une jument.

Époques diaboliques. On donna ce nom aux temps déplorables où la recrudescence des sorciers a produit le plus d’horreurs. Les manichéens albigeois ont présenté au treizième siècle une de ces époques sinistres. Le seizième siècle a vu renaître dans la guerre des paysans, dans les atrocités des premiers anabaptistes et ailleurs, une de ces époques. La guerre de trente ans, dont le héros était un manichéen affilié aux sociétés infernales, a failli jeter l’Europe dans la barbarie. Les triomphes de la philosophie séparée se sont presque toujours clos par un retour aux choses de Satan. Les États-Unis sont aujourd’hui avec leur spiritisme à une de ces époques que nous signalons.

Épreuves. L’épreuve gothique qui servait à reconnaître les sorciers a beaucoup de rapport avec la manière judicieuse que le peuple emploie pour s’assurer si un chien est enragé ou ne l’est pas. La foule se rassemble et tourmente autant que possible le chien qu’on accuse de rage. Si l’animal dévoué se défend et mord, il est condamné d’une voix unanime d’après ce principe, qu’un chien enragé mord tout ce qu’il rencontre. S’il tâche au contraire de s’échapper et de fuir à toutes jambes, l’espérance de salut est perdue sans ressource ; on sait de reste qu’un chien enragé court avec force et tout droit devant lui sans se détourner. La sorcière soupçonnée était plongée dans l’eau, les mains et les pieds fortement liés ensemble. Surnageait-elle, on l’enlevait aussitôt pour la précipiter dans un bûcher comme convaincue d’être criminelle, puisque l’eau des épreuves la rejetait de son sein. Enfonçait-elle, son innocence était dès lors irréprochable ; mais cette justification lui coûtait la vie[2].

Il y avait bien d’autres épreuves. Celle de la croix consistait généralement, pour les deux adversaires, à demeurer les bras étendus devant une croix, celui qui s’y tenait le plus longtemps gagnait sa cause. Mais le plus souvent les épreuves judiciaires se faisaient autrefois par l’eau ou le feu. Voy. Eau bouillante, Cercueil, Fer chaud, Ordalie, etc.

Épreuves du Sabbat. Voy. Elfdal.

Érard, vieillard de Césarée, dont la fille fut ensorcelée par un valet lui-même possédé. Saint Basile les délivra[3].

Erceldoune. Les aventures merveilleuses de Thomas d’Erceldoune sont l’une des plus vieilles légendes de fées que l’on connaisse. Thomas d’Erceldoune, dans le Lauderdale, surnommé le Rimeur, parce qu’il avait composé un roman poétique sur Tristrem et Yseult, roman curieux comme l’échantillon de vers anglais le plus ancien qu’on sache exister, florissait sous le règne d’Alexandre III d’Écosse. Ainsi que d’autres hommes de talent à cette époque, Thomas fut soupçonné de magie. On disait aussi qu’il avait le don de prophétiser, parce qu’il était entré un jour, dans le royaume des fées[4].

  1. Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses, t. II, p. 128.
  2. Goldsmith, Essai sur les mœurs.
  3. Voyez cette histoire : Un pacte à Césarée, dans les Légendes infernales.
  4. Voyez sa légende, dans les Légendes des esprits (lutins, fées et démons).