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des mots hébreux Lires de l’Écriture, ou des mots barbares forgés à discrétion. Ainsi de Pléroma, la plénitude ou la divinité, sortaient Sophia, la sagesse ; Nous, l’intelligence ; Sigé, le silence ; Logos, le verbe ; Achamoth, la prudence, etc. L’un de ces Éons avait formé le monde, l’autre avait gouverné les Juifs et fabriqué leur loi, un troisième était venu parmi les hommes sous le nom de Fils de Dieu ou de Jésus-Christ. Il n’en coûtait rien pour les multiplier ; les uns étaient mâles et les autres femelles, et de leurs mariages il était sorti une nombreuse famille. Les Éons étaient issus de Dieu par émanation et par nécessité de nature. Les inventeurs de ces rêveries disaient encore que l’homme a deux âmes, l’une sensitive qu’il a reçue des Éons, et l’autre intelligente et raisonnable que Dieu lui a donnée pour réparer les bévues des Éons maladroits[1].

Épaule de mouton. Giraud, cité par M. Gautrel, dans son mémoire sur la part que les Flamands prirent à la conquête de l’Angleterre par les Normands, dit que les Flamands qui vinrent en Angleterre connaissaient l’avenir et le passé par l’inspection de l’épaule droite d’un mouton, dépouillée de la viande non rôtie, mais cuite à l’eau : « Par un art admirable et vraiment prophétique, ajoute le même écrivain, ils savent les choses qui dans le moment même se passent loin d’eux ; ils annoncent avec la plus grande certitude, d’après certains signes, la guerre et la paix, les massacres et les incendies, la maladie et la mort du roi. C’est à tel point qu’ils prévirent un an auparavant le bouleversement de l’État après la mort de Henri Ier, vendirent tous leurs biens et échappèrent à la ruine en quittant le royaume avec leurs richesses. » — Pourtant on voit dans les historiens du temps que ce fait avancé par Giraud n’est pas exact, et qu’il arriva au contraire à ces Flamands beaucoup de choses qu’ils n’avaient pas prévues.

Éphialtes ou Hyphialtes, Éphélès, nom grec


du cauchemar. Les Éoliens donnaient ce nom à une sorte de démons incubes qui étouffent[2].

Épicure. « Qui pourrait ne pas déplorer le sort d’Épicure, qui a le malheur de passer pour avoir attaché le souverain bien aux plaisirs des sens, et dont à cette occasion on a flétri la mémoire ? Si l’on fait réflexion qu’il a vécu soixantedix ans, qu’il a composé plus d’ouvrages qu’aucun des autres philosophes, qu’il se contentait de pain et d’eau, et que quand il voulait dîner avec Jupiter, il n’y faisait ajouter qu’un peu de fromage, on reviendra bientôt de cette fausse prévention. Que l’on consulte Diogène Laërce, on trouvera dans ses écrits la vie d’Épicure, ses lettres, son testament, et l’on se convaincra que les faits que l’on avance contre lui sont calomnieux. Ce qui a donné lieu à cette erreur, c’est que l’on a mal pris sa doctrine ; en effet, il ne faisait pas consister la félicité dans les plaisirs du corps, mais dans ceux de l’âme, et dans la tranquillité que selon lui on ne peut obtenir que de la sagesse et de la vertu[3]. » Voilà ce que disent quelques critiques combattus par d’autres.

Épidémies démoniaques. Voy. Bourignon, Orphelines d’Amsterdam, Kentorp, etc.

Épilepsie. Les rois d’Angleterre ne guérissaient pas seulement les écrouelles ; ils bénissaient encore des anneaux qui préservaient de la crampe et du mal caduc. Cette cérémonie se faisait le vendredi saint. Le roi, pour communiquer aux anneaux leur vertu salutaire, les frottait entre ses mains. Ces anneaux, qui étaient d’or ou d’argent, étaient envoyés dans toute l’Europe comme des préservatifs infaillibles ; il en est fait mention

  1. Bergier, Dict. théologique, au mot Gnostiques.
  2. Leloyer, Hist. des spectres, ou Apparitions des esprits, liv. II, ch. v ; p. 197.
  3. Brown, Essai sur les erreurs, etc., liv. VII, ch. xxvii, p. 329.