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Enfants. Croirait-on que des savants en démence et des médecins sans clientèle ont recherché les moyens de s’assurer du sexe d’un enfant qui n’était pas né, et qu’on a fait autour de ce thème absurde des livres niais qui trouvent de niais lecteurs ? Voy. Sexe.

Enfants du diable. Voy. Gambions.

Enfants volés par les fées. On prétend dans le Nord que les fées enlèvent quelquefois les enfants qui leur plaisent et leur substituent de petits monstres nés d’elles. Pour les forcer à rendre l’enfant qu’elles ont pris, on expose l’enfant substitué sur une pelle et on le tourmente cruellement. En Danemark la mère chauffe le four et met l’enfant sur la pelle en menaçant de le lancer dans la flamme, ou bien elle le fouette avec des verges, elle le jette dans la rivière. En Suède et en Irlande on l’expose à la porte sur une pelle. Quelquefois on lui fait boire une potion de coquilles d’œufs. Dans le Glossaire provincial de Grose, on voit la mère d’un enfant volé casser une douzaine d’œufs et placer les vingt-quatre demi-coquilles devant l’enfant substitué, qui s’écrie : J’avais sept ans quand on me mit en nourrice, quatre ans se sont passés depuis, et je n’ai jamais vu de petits pots aussi blancs. » Le changement d’un enfant est toujours fait avant le baptême. Le moyen de prévenir ce malheur est de faire une croix sur la porte et sur le berceau, de mettre un morceau de fer auprès de l’enfant, de laisser une lumière allumée. En Thuringe on suspend au mur les culottes du père[1]. En Écosse on attribue le même crime de rapt aux elfes, et quand un enfant est sourd, muet, aveugle ou contrefait, ou le croit substitué.

Les sorcières, ce que les procédures ont établi, enlevaient aussi des enfants, ou pour les affilier au diable ou pour les lui sacrifier. Voy. Elfdal.

Enfants au sabbat.


Enfants dans la divination. Voy. Harvis.

Enfers, lieux inférieurs où les méchants subissent après leur mort le châtiment dû à leurs crimes. Nier qu’il y ait des peines et des récompenses après le trépas, c’est nier l’existence de Dieu, puisqu’il ne peut être que nécessairement juste. Mais les tableaux que certains poètes et d’autres écrivains nous ont faits des enfers ont été souvent les fruits de l’imagination. On doit croire ce que l’Église enseigne, sans s’égarer dans des détails que Dieu n’a pas jugé à propos de révéler. Les anciens et la plupart des modernes placent les enfers au centre de la terre. Le docteur Swinden, dans ses recherches sur le feu de l’enfer, prétend que l’enfer est dans le soleil, 44parce que le soleil est le feu perpétuel44. Quelques-uns ont ajouté que les damnés entretiennent ce feu dans une activité continuelle, et que les taches qui paraissent dans le disque du soleil après les grandes catastrophes ne sont produites que par l’encombrement.

Il serait très-long de rapporter les sentiments des différents peuples sur l’enfer[2]. Les Druses disent que tout ce qu’on mangera dans les enfers aura un goût de fiel et d’amertume, et que les damnés porteront sur la tête, en signe d’une éternelle réprobation, un bonnet de poil de cochon d’un pied et demi de long.

Ce que nous savons positivement, c’est que l’enfer a été fait pour les démons et pour ceux qui les suivent.

Enflure. L’enflure du corps est un symptôme de la possession. Un moine fut possédé au couvent de l’abbé Baithin, successeur de saint Colomban, en Écosse. Il était tout enflé. L’abbé offrit pour lui le saint sacrifice, le fit amener dans l’église et chassa le démon. Au moment où le démon sortit, l’enflure disparut tout à coup et la peau parut collée sur les os. Souvent l’enflure est mobile et passe d’une partie du corps à une autre, affectant diverses formes[3].

Engagements du sabbat. L’initié s’oblige par d’horribles serments à faire tout le contraire de ce que prescrit l’Église, à détruire tout ce qui est sacré, à séduire au moins une fois par mois un chrétien pour l’attacher au démon, à lui amener des enfants, en un mot à reculer devant tout ce qui est bien et à faire avec zèle tout ce qui est réprouvé. Ces excès ont été avoués dans presque toutes les procédures.

Engastrimisme, art des ventriloques. On l’attribuait autrefois à la magie.

Engastrimithes ou Engastrimandres, devins qui faisaient entendre leurs réponses dans leur ventre. Voy. Ventriloque, Cécile, etc.

Engelbrecht (Jean), visionnaire allemand, mort en 1642. Il était protestant et d’un naturel si mélancolique qu’il tenta souvent de s’ôter la vie. Un soir, vers minuit, il lui sembla que son corps était transporté, et il arriva à la porte de l’enfer où régnait une obscurité profonde, et d’où s’exhalait une puanteur à laquelle il n’y a rien à comparer sur la terre. De là il fut conduit en paradis. Quand il en eut goûté les délices, un ange le renvoya sur la terre, et il raconta sa vision. Il en eut d’autres ; il entendit pendant quarante nuits une musique céleste si harmonieuse qu’il

  1. M. Dufau, Contes irlandais.
  2. Voyez les Légendes de l’autre monde, pour servir à l’histoire du paradis, du purgatoire et de l’enfer.
  3. Gorres, Mystique, liv. VII, ch. {{rom|xxn, extrait des Acta Sanctorum, 19 mai. S. Dunstan.