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temps pour la facilité de ses métamorphoses.

Duergars. Les diables nains ou duergars de la Scandinavie sont de la même famille que les elfs de la nuit. Ils assistent à la mort de la dame de la maison qu’ils hantent et la gardent la nuit. Les doctrines Scandinaves disent que leurs dieux les ont fait naître en foule du cadavre d’Imer, et leur ont infusé toutes les sciences et tous les arts. Les Norvégiens attribuent la forme régulière et le poli des pierres cristallisées aux travaux de ces petits habitants de la montagne dont l’écho n’est autre chose que leur voix. Cette personnification poétique a donné naissance à un mètre particulier en Islande, appelé le galdralag, ou le lai diabolique, dans lequel le dernier vers de la première stance termine toutes les autres.

Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay), alchimiste, quoique homme de guerre. Il s’occupait du grand œuvre ; et il dépensa beaucoup d’argent à la recherche de la pierre philosophale. Il mourut en 1723.

Duffo ou Duffus, roi d’Écosse. Pendant une maladie de ce prince, on arrêta plusieurs sorciers de son royaume qui rôtissaient, auprès d’un petit feu, une image faite à la ressemblance du roi, sortilège qui, selon leurs confessions, causait le mal du monarque. En effet, après leur arrestation, la santé de Duffus se rétablit[1].

 
 

Dulot (Jacques), magicien. Voy. Marigny.

Dumons (Antoine), sorcier du dix-septième siècle, accusé de fournir des chandelles au sabbat pour l’adoration du diable.

Duncanius, abbé de Liebenthal, qui, au douzième siècle, lit un pacte avec le diable pour l’érection d’un immense édifice et crut jouer le malin. Mais le diable lui avait laissé un livre de conjurations au moyen duquel tout était possible. L’abbé osa s’en servir ; il fit des choses prodigieuses, entra dans les voies de l’orgueil, tomba dans les vices, et, au bout de quinze ans, devint la proie de Satan, qui l’emporta. Sa légende a été écrite par Henry Zschokke.

Dupleix (Scipion), conseiller d’État et historiographe de France, mort en 1661. Parmi ses ouvrages très-remarquables, on peut voir la Cause de la veille et du sommeil, des songes, de la vie et de la mort. Paris, 1615, in-12 ; Lyon, 1620, in-8o.

Durandal, épée merveilleuse de Charlemagne. C’était, selon les romans de chevalerie, un ouvrage des fées.

Durer (Albert), peintre illustre, né à Nuremberg en 1471, mort en 1528, avec la gloire assez rare d’avoir laissé beaucoup de chefs-d’œuvre où son pinceau, son crayon et son burin n’ont jamais offensé en rien la religion ni les mœurs. On raconte de lui une vision que nous rapporterons ici :

« Albert, le pieux artiste, rêvait quelque nouveau chef-d’œuvre ; il voulait se surpasser lui-même ; mais le génie de l’homme a ses limites que jamais il ne peut franchir sans se perdre dans les abîmes du monde intellectuel. Pendant une belle nuit d’été, il avait commencé et recommencé l’esquisse des quatre évangélistes. Il voulait retracer les traits de ces hommes inspirés qui furent trouvés dignes de devenir les historiens de l’Homme-Dieu. Mais rien de ce que sa main produisait ne rendait à son gré les traits qui se peignaient dans son âme. C’était à Nuremberg. La nuit était superbe, la lune éclairait de sa magique lumière les églises de Saint-Sébald et de Saint-Laurent. Des milliers d’étoiles brillaient à la voûte céleste au-dessus de cette ville silencieuse et de ses rues désertes. « Dieu, s’écria Albert, a permis à des hommes de transformer ici des débris de rochers en bâtiments magnifiques, pleins d’harmonie dans leur en-

  1. Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., liv. IV, ch. xv, p. 369.