reconnaître pour le mari. Sa femme jeta un cri de joie en le reconnaissant. — J’apporte avec moi l’opulence, dit-il. Puis se tournant vers les joueurs : Vous êtes des dupes, ajouta-t-il ; apprenez à jouer. Il leur rendit leur argent, et la fête devint plus vive et plus complète.
Un vieux négociant des États-Unis, retiré du commerce, vivait paisiblement de quelques rentes acquises par le travail. Il sortit un soir pour toucher douze cents dollars qui lui étaient dus. Son débiteur, n’ayant pas davantage pour le moment, ne lui paya que la moitié de la somme.
À la vue de ce personnage, le vieux marchand eut le frisson. Le diable s’approcha et lui dit : — Mes affaires vont mal, je suis le diable ; il faut que tu me donnes sur l’heure douze cents dollars, si tu ne veux pas que je t’emporte en enfer. — Hélas ! répondit le négociant, je n’ai pas ce que vous me demandez…… — Tu mens, interrompit brusquement le diable ; je sais que tu viens de les recevoir à l’instant. — Dites que je devais les recevoir ; mais on ne m’en a pu donner que six cents. Si vous voulez me laisser jusqu’à demain, je promets de vous compter la somme…
Eh bien, ajouta le diable en prenant les six cents dollars, après un moment de réflexion, j’y consens ; mais que demain, à dix heures du soir, je trouve ici les six cents autres, ou je t’entraîne sans miséricorde. Surtout que personne, si tu tiens à la vie, ne soit instruit de notre entrevue. — Après avoir dit ces mots, le diable sortit par la porte. — Le lendemain matin, le négociant, qui était un méthodiste calme, alla trouver un vieil ami, et le pria de lui prêter six cents dollars. Son ami lui demanda s’il en était bien pressé. — Oh ! oui, très-pressé ; il me les faut avant la nuit. Il y va de ma parole et peut-être d’autre chose. — Mais n’avez-vous pas reçu hier une somme ? — J’en ai disposé. — Cependant je ne vous connais aucune affaire qui nécessite absolument de l’argent. — Je vous dis qu’il y va de ma vie. Le vieil ami, étonné, demande l’éclaircissement d’un pareil mystère. On lui répond que le secret ne peut se trahir. — Considérez, dit-il au négociant effaré, que personne ne nous écoute ; dites-moi votre affaire : je vous prêterai les six cents dollars. — Sachez donc que le diable est venu me voir ; qu’il faut que je lui donne douze cents dollars ; que je n’ai pu