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forme de bouc ou de tout autre animal. On danse généralement en rond au sabbat, dos à dos, rarement seul ou à deux. Il y a trois branles : le premier se nomme le branle à la bohémienne ; le second s’exécute comme celui de nos artisans dans les campagnes, c’est-à-dire en sautant toujours le dos tourné ; dans le troisième branle, on se place tous en long, se tenant par les mains et avec certaine cadence, à peu près comme dans ce qu’on appelle aujourd’hui le galop. On exécute ces danses au son d’un petit tambourin, d’une flûte, d’un violon ou d’un autre instrument que l’on frappe avec un bâton. C’est la seule musique du sabbat. Cependant des sorciers ont assuré qu’il n’y avait pas de concerts au monde mieux exécutés…

Danse du soleil. C’est une croyance encore répandue dans beaucoup de villages que le soleil danse le jour de Pâques. Mais cette gracieuse tradition populaire n’est que de la poésie, comme les trois soleils qui se lèvent sur l’horizon le matin de la Trinité.

Dante, le plus grand poète de l’Italie, mort en 1321, a fait dans sa Divina Comedia une description prodigieuse, en trente-trois chants, de l’enfer et une autre du purgatoire. Mais il ne faut chercher là qu’une grande poésie. M. E. Aroux, dans son livre intitulé l’Hérésie du Dante, a voulu démontrer que Dante était attaché à l’hérésie vaudoise, qui entraîna tant d’imaginations au treizième siècle ; c’est douteux.

Daphnéphages, devins qui, avant de répondre aux questions qu’on leur faisait, mangeaient des feuilles de laurier, parce que, cet arbre étant consacré à Apollon, ils se croyaient de la sorte inspirés de ce dieu.

Daphnomancie, divination par le laurier. On en jetait une branche dans le feu ; si elle pétillait en brûlant, c’était un heureux présage ; mais si elle brûlait sans faire de bruit, le pronostic était fâcheux.

Dards magiques. Les Lapons, qui passaient autrefois pour de grands sorciers et qui le sont à présent bien peu, lançaient, dit-on, des dards de plomb longs d’un doigt contre leurs ennemis absents, et croyaient leur envoyer avec ces dards enchantés des maladies et des douleurs violentes. Voy. Tyre.

Daroudji. C’est le nom que les Persans donnent à la troisième classe de leurs mauvais génies. Darvands, mauvais génies en Perse, opposés aux amschaspands.

Darvands, mauvais génies en Perse, opposés aux amschaspands.

Daugis, auteur peu connu d’un livre contre les sorciers intitulé Traité sur la magie, le sortilège, les possessions, obsessions et maléfices, où l’on en démontre la vérité et la réalité ; avec une méthode sûre et facile pour les discerner, et les règlements contre les devins, sorciers, magiciens, etc. Paris, in-12, 1732.

Dauphin. On ne sait pas trop sur quoi est fondée cette vieille croyance populaire, que le dauphin est l’ami de l’homme. Les anciens le connaissaient si imparfaitement, qu’on l’a presque toujours représenté avec le dos courbé en arc, tandis qu’il a le dos plat comme les autres poissons, à moins que nous ne donnions le nom de dauphin à un poisson qui ne serait pas celui des anciens. Il y a des races perdues. On trouve dans Élien et dans d’autres naturalistes des enfants qui se promènent en mer à cheval sur des dauphins apprivoisés ; ce sont de ces merveilles qui ne sont plus faites pour nous. — On sait que le dauphin est le symbole de la rapidité : et c’est dans un sens emblématique, pour rappeler qu’il faut se hâter avec prudence, qu’on a peint le dauphin entortillé à une ancre ; car il est faux que par affection pour l’homme il la conduise au fond de la mer, comme le contaient nos pères[1].

Dauphiné, ancienne province de France qui, dès le quatorzième siècle, attaquée dans sa foi, ainsi que les Cévennes, par diverses bandes hérétiques, accueillit rapidement le calvinisme, et lors de la révocation de l’édit de Nantes, devint le théâtre de phénomènes extraordinaires où se glissa vite la magie. Il s’éleva là des écoles de prophètes, qui, dans des extases et des transports, disaient et faisaient des choses tout à fait excentriques. En nommé Serre ou Duserre était le gouverneur et le maître de l’école de prophétie. Quelques-uns de ses élèves se firent un nom, entre autres Gabriel Astier et une jeune fille (car il y avait prophètes et prophétesses) nommée Isabelle, connue sous le nom de la belle Isabeau. Des ministres protestants se mêlaient à cet ébranlement ; Jurieu lui-même prophétisa. Il fallut envoyer des troupes pour abattre cette tempête qui devenait menaçante. Isabeau, se convertit ; et la répression, que les réformés ont fort noircie, se fit avec modération[2]. On a appelé ces singuliers rebelles camisards, à cause de leur manière de se reconnaître dans leurs réunions secrètes : ils se mettaient une chemise par-dessus leurs habits.

David. Selon les Orientaux, ce prophète-roi se faisait obéir des poissons, des oiseaux et des pierres ; ils ajoutent que le fer qu’il tenait dans ses mains s’amollissait, et que les larmes qu’il versa pendant les quarante jours qu’il pleura son péché faisaient naître des plantes. Adam, disent les musulmans, avait donné soixante ans de la durée de sa vie pour prolonger celle de David, dont il prévoyait le règne glorieux.

David, prêtre apostat, mêlé à la possession de

  1. Brown, Des erreurs populaires, liv. V, ch. ii.
  2. Voyez, dans les Légendes infernales, les Prophètes du Dauphiné. M. Hippolyte Blanc a donné récemment une curieuse et très-intéressante histoire de ces faits, sous ce titre : De l’inspiration des camisards, in-12, 1860, à Paris, chez Henri Plon.