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Cwes. Voy. Chien.

Cyclopes, personnages fabuleux qui habitaient la Sicile dans la partie qui entoure l’Etna. Ils étaient forgerons ; géants rudes et grossiers, anthropophages, ils n’avaient qu’un œil au milieu du front. Voy. l’Odyssée.

Cylindres, sortes d’amulettes circulaires que les Perses et les Égyptiens portaient au cou, et qui étaient ornées de figures et d’hiéroglyphes.

Cymbale, c’est le nom que les sorciers donnent au chaudron dans lequel ils mangent leur soupe au lard parmi les fêtes du sabbat.

Cynanthropie. Ceux qui sont attaqués de cette espèce de frénésie se persuadent qu’ils sont changés en chiens. C’est, comme la bousanthropie, une nuance de l’état de loup-garou. Voy. Loups-garous.

Cynobalanes, nation imaginaire que Lucien représente avec des museaux de chien et montés sur des glands ailés.

Cynocéphale, singe que les Égyptiens nourrissaient dans leurs temples pour connaître le temps de la conjonction du soleil et de la lune. On était persuadé que, dans cette circonstance, l’animal devenu aveugle refusait toute nourriture. Son image, placée sur les clepsydres, était purement hiéroglyphique. On prétendait qu’à chaque heure du jour le cynocéphale criait très exactement. Voy. Loups-garous.

Cyprien (saint). Avant de se convertir au christianisme, saint Cyprien s’occupait de magie. On voit dans ses Actes, écrits par Siméon Métaphraste, qu’il évoquait les démons, et que ce furent les épreuves qu’il fit de leur impuissance contre le simple signe de la croix qui l’amenèrent à la foi chrétienne.

Cyrano de Bergerac, écrivain remarquable du dix-septième siècle. On trouve dans ses œuvres deux lettres très-originales sur les sorciers. Nous n’avons pas besoin d’indiquer ses histoires des empires du soleil et de la lune. Il a fait aussi un voyage aux enfers ; c’est une pure plaisanterie[1].



D

Dabaïda. Les naturels de Panama ont une idole de ce nom, qui était née de race mortelle et qu’on déifia après sa mort. Quand il tonne ou qu’il fait des éclairs, c’est Dabaïda qui est fâchée ; alors on brûle des esclaves en son honneur.

Dactyles, génies phrygiens du genre des cabires ; ils enseignèrent aux hommes l’art de forger le fer, si on veut bien en croire la mythologie grecque.

Dactylomancie, divination qui se pratiquait au moyen de bagues ou anneaux fondus sous l’aspect de certaines constellations, et auxquels étaient attachés des charmes et des caractères magiques. C’est, dit-on, avec un de ces anneaux que Gygès se rendait invisible en tournant le chaton dans sa main. Clément d’Alexandrie parle de deux anneaux que possédaient les tyrans de la Phocide, et qui les avertissaient, par un son, du temps propre à certaines affaires ; ce qui ne les empêcha pas de tomber dans les griffes du démon, lequel leur tendait un piège par ses artifices[2].

Dadjal ou Deggial, nom de l’Antéchrist chez les Chaldéens et chez les mahométans ; il signifie dans leur langue le menteur et l’imposteur par excellence.

Dagobert Ier, roi de France, mort en 638, à l’âge de trente-sept ans. Une vieille légende établit qu’après qu’il fut mort un bon ermite, nommé Jean, qui s’était retiré dans une petite île voisine des côtes de la Sicile, vit en songe, sur la mer, l’âme du roi Dagobert enchaînée dans une barque, et des démons qui la maltraitaient en la conduisant vers l’Etna, où ils devaient la précipiter. On croyait autrefois que le cratère de ce volcan était une des entrées de l’enfer, et il n’est pas encore vérifié que ce soit une erreur. L’âme appelait à son secours saint Denis, saint Maurice et saint Martin, que le roi, en son vivant, avait fort honorés, parce qu’un jour qu’il avait offensé son père ils lui avaient promis leur appui, dans une vision. Les trois saints descendirent, revêtus d’habits lumineux, assis sur un nuage brillant. Ils arrêtèrent les malins esprits, leur enlevèrent la pauvre âme et l’emportèrent[3]. Un monument curieux, le tombeau de Dagobert, sculpté au temps de saint Louis, retrace naïvement ces circonstances. La principale façade est divisée en trois bandes. Dans la première on voit quatre démons (deux ont des oreilles d’âne) qui emmènent l’âme du roi dans une barque ; la seconde représente saint Denis, saint Maurice et saint Martin, accompagnés de deux anges, avec un bénitier ; ils chassent les démons. Sur la troisième bande, on voit l’âme qui s’enlève, et une main généreuse sort d’un nuage pour l’accueillir. Les farceurs ont glosé sur cette poésie du moyen âge, sur cette légende et sur le monu-

  1. Voyez les Légendes de l’autre monde.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, traité V, p. 264.
  3. Gesta Dagoberti regis, etc.
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