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foncèrent dans la terre jusqu’au menton. Suivant certains récits, en mémoire de ce prodige, on voit encore leurs têtes à fleur de terre dans une plaine qui ne se trouve plus.

Cromniomancie, divination par les oignons. Ceux qui la pratiquaient mettaient, la veille de Noël, des oignons sur un autel. Ils écrivaient sur les oignons le nom des personnes dont on voulait avoir nouvelle. L’oignon qui germait le plus vite annonçait que la personne dont il portait le nom jouissait d’une bonne santé.

Cette divination est encore en usage dans plusieurs cantons de l’Allemagne, parmi les jeunes filles, qui cherchent à savoir ainsi qui elles auront pour époux[1].

Croque-Mitaine, espèce d’ogre dont on épouvante à Paris les petits enfants indociles. Aujourd’hui que ses dents sont tombées, il se contente de les mettre au cachot et de leur donner le fouet, malgré les lumières du siècle. Voy. Babau.

Crucifixion au sabbat. On lit dans les déclarations de Madeleine Bavent, de la possession de Louviers, qu’au sabbat, où elle a assisté longtemps, elle a vu crucifier plusieurs fois des hosties consacrées, attachées à une croix et dont quelques-unes ont saigné. Une certaine nuit, celle du vendredi saint au samedi saint, elle vit une sorcière apporter un enfant nouveau-né, que l’on crucifia en lui clouant à une croix noire les pieds et les mains. On lui enfonça ensuite des clous autour de la tête en forme de couronne, et on lui perça le côté. Elle ajoutait que deux hommes qui étaient venus au sabbat en novices, ayant à ce sujet témoigné quelque sentiment d’horreur, furent crucifiés eux-mêmes et mis à mort. Voy. Louviers.

Crusembourg (Guy de), alchimiste. Voy. Pierre philosophale.

Cubomancie, divination par le moyen des dés. Auguste et Tibère avaient grande confiance en cette manière de consulter le sort. Les Grecs s’en servaient aussi. C’est à peu près la même chose que l’astragalomancie. Voy. ce mot.

Cuivre. Théocrite assure que le cuivre pur a naturellement la vertu de chasser les spectres et les fantômes ; c’est pourquoi les Lacédémoniens frappaient sur un chaudron toutes les fois qu’un de leurs rois venait à mourir.

Culte. Les démons recevaient un culte par tout l’univers avant le christianisme. Jupiter et les autres dieux n’étaient véritablement que des démons ; mais le diable a reçu un culte plus spécial de gens qui savaient bien qu’ils s’adressaient à lui et non à un dieu. Ainsi les sorciers au sabbat adorent le diable par son nom. Le culte qu’ils lui rendent consiste principalement à Lui baiser le derrière, à genoux, avec une chandelle noire à la main, et à commettre ensuite tout le contraire de ce que prescrit l’Église.

Certains peuples de l’Afrique ne rendent aucun culte à Dieu, qu’ils croient bon, et font des sacrifices au diable pour la raison contraire. Voy. Kurdes.

Cunégonde, femme de Henri II, empereur d’Allemagne. Elle fut accusée d’adultère par des calomniateurs, et se purgea de l’accusation en marchant pieds nus, sans accident, sur des socs de charrue rougis au feu. Voy. Épreuves.

Cupai. Voy. Kupay.

Curdes. Voy. Kurdes.

Cureau de la Chambre, habile médecin, mort en 1669. On a de lui un Discours sur les principes de la chiromancie et de la métoposcopie. Paris, 1653, in-8o. On l’a aussi imprimé sous le titre de l’Art de connaître les hommes.

Curko, divinité des Prussiens avant leur conversion au christianisme. Elle était leur pourvoyeuse, et ils rendaient quelques honneurs à son image. Or cette image était une peau de chèvre élevée sur une perche de trois mètres et couronnée d’épis.

Curma. Du temps de saint Augustin, un paysan des environs d’Hippone, nommé Curma, mourut un matin et demeura deux ou trois jours sans sentiment. Comme on allait l’enterrer, il rouvrit les yeux et demanda ce qui se passait chez un autre paysan du voisinage qui, comme lui, se nommait Curma. On lui répondit que ce dernier venait de mourir à l’instant où lui-même était ressuscité. — Cela ne me surprend pas, dit-il ; on s’était trompé sur les noms : on vient de me dire que ce n’était pas Curma le jardinier, mais Curma le maréchal qui devait mourir. — Il raconta en même temps qu’il avait entrevu les enfers, et il mena depuis meilleure vie.

Curson. Voy. Pursan.

Curtius, fils d’un gladiateur romain. On dit qu’un spectre lui annonça ainsi sa mort : il avait accompagné en Afrique un lieutenant du gouverneur de ce pays conquis. Il vit un jour dans une galerie le spectre d’une femme de haute stature, qui lui dit qu’elle était l’Afrique, et qu’elle venait lui annoncer le bonheur. Elle l’assura qu’il aurait de grands honneurs à Rome ; qu’il reviendrait encore sur le sol africain, non plus comme valet, mais avec la qualité de commandant en chef, et qu’il y mourrait. Cette prédiction s’accomplit entièrement ; Curtius fut questeur, puis préteur ; il eut les privilèges du consulat, et fut envoyé comme gouverneur en Afrique ; mais en débarquant il se sentit frappé d’une maladie dont il mourut[2]. Il est très-probable que ce conte a été fait après coup. Pour un autre Curtius, voy. Dévouement.

  1. Delancre, Incrédulité et mécréance, etc., traité V.
  2. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. III, ch. xvi, p. 268.