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dans les flammes. — Trois coups. — Es-tu damnée pour avoir partagé les erreurs de Luther ? — Trois grands coups…

Les assistants étaient dans l’effroi. On se disposait à signifier au seigneur de Saint-Mesmin l’ordre d’enlever de l’église sa luthérienne ; mais il ne se déconcerta pas. Il courut à Paris et obtint des commissaires du conseil d’État un arrêt qui condamnait huit cordeliers d’Orléans à faire amende honorable pour avoir supposé de fausses apparitions (1534).

Cette faute (s’il y a eu faute) était individuelle, et les huit condamnés, dont deux seulement étaient coupables, le gardien et le custode, furent bannis sans que personne appelât ni réclamât.

Coré, compagnon de Dathan et d’Abiron. Les mahométans, qui le confondent avec le batelier Charon, le font cousin germain de Moïse, qui, le voyant pauvre, lui enseigna l’alchimie, par le moyen de laquelle il acquit de si grandes richesses qu’il lui fallait quarante chameaux pour porter son or et son argent. Il y en a qui prétendent même que plusieurs chameaux étaient chargés seulement des clefs de ses coffres-forts.

Moïse ayant ordonné aux Israélites de payer la dîme de tous leurs biens (nous suivons toujours les auteurs musulmans), Coré refusa d’obéir, se souleva même contre son bienfaiteur jusqu’à répandre sur lui des calomnies qui compromettaient son autorité parmi le peuple, si Moïse ne s’en fût plaint à Dieu, qui punit l’ingrat ; la terre l’engloutit, comme on sait, avec ses adhérents.

Corneille. Le chant de la corneille était regardé par les anciens comme un très-mauvais présage pour celui qui commençait une entreprise. Ils l’invoquaient cependant avant le mariage, parce qu’ils croyaient que les corneilles, après la mort de l’un ou de l’autre dans chaque couple, observaient une sorte de veuvage. Voy. Corbeau, Augures, etc. Les sorcières ont eu quelquefois des corneilles à leur service, comme on le voit dans plusieurs légendes[1].

Cornélius, prêtre païen de Padoue, dont parle Aulu-Gelle. Il avait des extases et son âme voyageait hors de son corps ; le jour de la bataille de Pharsale, il dit en présence de plusieurs assistants qu’il voyait une forte mêlée, désignant les vainqueurs et les fuyards ; et à la fin il s’écria tout à coup que César avait vaincu[2].

Cornes. Tous les habitants du ténébreux empire portent des cornes ; c’est une partie essentielle de l’uniforme infernal.

On a vu des enfants avec des cornes, et Bartholin cite un religieux du monastère de Saint-Justin qui en avait deux à la tête. Le maréchal de Lavardin amena au roi un homme sauvage qui portait des cornes. On montrait à Paris, en 1699, un Français, nommé Trouillon, dont le front était armé d’une corne de bélier[3]. Voyez Cippus.

Dans le royaume de Naples et dans d’autres contrées, les cornes passent pour un préservatif contre les sortilèges. On a dans les maisons des cornes ornées ; et dans la rue ou dans les conversations, lorsqu’on soupçonne un sorcier, on lui fait discrètement des cornes avec les doigts pour paralyser ses intentions magiques. On pend au cou des enfants, comme ornement, une paire de petites cornes.

Cornet d’Oldenbourg. Voy. Oldenbourg.

Cornouailles. Les habitants de ce comté’disent qu’il doit son nom au petit chevalier Corinéus, qui a tué Gog et Magog, auprès de Plymouth.

Corsned, sorte d’épreuve chez les AngloSaxons, qui consistait à faire manger par l’accusé à jeun une once de pain ou de fromage consacré, avec beaucoup de cérémonies. Si l’accusé était coupable, cette nourriture devait l’étouffer en s’arrêtant dans le gosier ; mais si elle passait aisément, l’accusé était déclaré innocent.

Corybantiasme, espèce de frénésie. Ceux qui en étaient attaqués s’imaginaient voir des fantômes et entendre continuellement des sifflements. Ils ouvraient les yeux lorsqu’ils dormaient, Ce délire sanguin a été souvent jugé possession du diable par les démonomanes.

Cosingas, prince des Cerrhéniens, peuples de Thrace, et prêtre de Junon. Il s’avisa d’un singulier expédient pour réduire ses sujets rebelles. Il ordonna d’attacher plusieurs longues échelles les unes aux autres, et fit courir le bruit qu’il allait monter au ciel, vers Junon, pour lui demander raison de la désobéissance de son peuple. Alors les Thraces, superstitieux et grossiers, se soumirent à Cosingas et s’engagèrent par serment à lui rester fidèles.

Cosmas, voyageur du sixième siècle, surnommé Indicopleustès, parce qu’il avait beaucoup navigué dans l’Inde, a laissé une bizarre topographie où il établit que la terre est un carré long, le firmament un cintre supporté par des voûtes immenses. Il pose la terre sur une montagne renversée qui n’est visitée que par les astres, dans leur tour journalier. Manillon a publié ce livre curieux en 1707.

Dans ce livre, où le monde est comparé à un grand coffre, Cosmas dit, entre autres faits singuliers, que le soleil, la lune et les autres astres sont conduits chacun par un ange, et que ce sont d’autres anges qui préparent la pluie et les orages, qui distribuent le chaud, le froid, la neige, la rosée, les brouillards, etc. — Ne nous étonnons pas de ces opinions. Sous Philippe Auguste le

  1. Voyez, dans les Légendes infernales, la Corneille de Barklay.
  2. Leloyer, Histoire des spectres, ou Apparitions des esprits, liv. IV, ch. xxv, p. 456.
  3. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. III, p. 128.