Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CON
CON
— 180 —

mandent de nombreuses légions. On les évoque à toute heure du jour, pourvu que ce soit dans un lieu sauvage que les hommes n’aient pas coutume de fréquenter[1].

Conclamation, cérémonie romaine du temps du paganisme. Elle consistait à appeler à grands cris l’individu qui venait de mourir, afin d’arrêter l’àme fugitive et de lui indiquer son chemin ou de la réveiller si elle était encore trop attachée au corps.

Condé. On lit dans une lettre de madame de Sévigné au président du Monceau que, trois semaines avant la mort du grand Condé, pendant qu’on l’attendait à Fontainebleau, M. de Vernillon, l’un de ses gentilshommes, revenant de la chasse sur les trois heures, et approchant du château de Chantilly (séjour ordinaire du prince), vit, à une fenêtre de son cabinet, un fantôme revêtu d’une armure qui semblait garder un homme enseveli ; il descendit de cheval et s’approcha, le voyant toujours ; son valet vit la même chose et l’en avertit. Ils demandèrent la clef du cabinet au concierge ; mais ils en trouvèrent les fenêtres fermées et un silence qui n’avait pas été troublé depuis six mois. On conta cela au prince, qui en fut un peu frappé, qui s’en moqua cependant ou parut s’en moquer ; mais tout le monde sut cette histoire et tremnla pour ce prince, quimourut trois semaines après…

Condormants, sectaires qui parurent en Allemagne au treizième et au seizième siècle, et qui durent leur nom à l’usage qu’ils avaient de coucher tous ensemble, sous prétexte de charité. Ils adoraient une image de Lucifer et ils en tiraient des oracles, dans un bois voisin de Cologne. Les récits contemporains nous apprennent qu’un prêtre ayant apporté dans cette assemblée la sainte Eucharistie, l’idole se brisa en mille pièces.

Conférentes, dieux des anciens dont parle Arnobe, et qui étaient, dit Leloyer, des démons incubes.

Confucius. On sait que ce philosophe est révéré comme un dieu à la Chine. On lui offre surtout en sacrifice de la soie dont les restes sont distribués aux jeunes filles, dans la persuasion où l’on est que, tant qu’elles conservent ces précieuses amulettes, elles sont à l’abri de tous dangers.

Conjurateurs, magiciens qui s’attribuent le pouvoir de conjurer les démons et les tempêtes.

Conjuration, exorcismes, paroles et cérémonies par lesquelles on chasse les démons. Dans l’Eglise romaine, pour faire sortir le démon du corps des possédés, on emploie certaines formules ou exorcismes, des aspersions d’eau bénite, des prières et des cérémonies inslituées à ce dessein[2]. — Les personnes superstitieuses et criminelles qui s’occupent de magie abusent du mot et nomment conjuration leurs sortilèges impies. Dans ce sens la conjuration est un composé de paroles souvent sacrilèges et de cérémonies détestables ou absurdes, adoptées par les sorciers pour évoquer les démons.

Conjuration des sorcières.

On commence par se placer dans le cercle magique Voy. Cercle ; puis on récite les formules. Voici quelque idée de ces procédés. Nous les empruntons aux Grimoires.

Conjuration universelle pour les esprits. — « Moi (on se nomme), je te conjure, esprit (on nomme l’esprit qu’on veut évoquer), au nom du grand Dieu vivant, de m’apparaître en telle forme (on l’indique) ; sinon saint Michel archange, invisible, te foudroiera dans le plus profond des enfers ; viens donc (on nomme l’esprit), viens, viens, viens pour faire ma volonté. »

Conjuration d’un livre magique. — « Je vous conjure et ordonne, esprits, tous et autant que vous êtes, de recevoir ce livre en bonne part, afin que toutes les fois que nous lirons ledit livre, ou qu’on le lira étant approuvé et reconnu être en forme et en valeur, vous ayez à paraître en belle forme humaine lorsqu’on vous appellera, selon que le lecteur le jugera, dans toutes circonstances. Je vous conjure de venir aussitôt la conjuration faite, afin d’exécuter sans retardement tout ce qui est écrit et mentionné en son lieu dans cedit livre : vous obéirez, vous servirez, enseignerez, donnerez, ferez tout ce qui est en votre puissance, en utilité de ceux qui vous ordonneront, le tout sans illusion. — Et si par hasard quelqu’un des esprits appelés parmi vous ne pouvait venir ou paraître lorsqu’il serait requis, il sera tenu d’en envoyer d’autres revêtus de son pouvoir, qui jureront solennellement d’exécuter tout ce que le lecteur pourra demander, en vous conjurant tous par les très-saints noms du tout-puissant Dieu vivant, etc »

Conjuration des démons. — « Alerte, venez tous, esprits. Par la vertu et le pouvoir de votre roi, et par les sept couronnes et chaînes de vos rois, tous esprits des enfers sont obligés d’ap-

  1. Wierus, in Pseudomonarckia dœmon.
  2. Bergier, Dictionnaire théologique.