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CHI
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Nuremberg, des trésors cachés dans une caverne près de la ville et enfermés dans des vases de cristal. Le pasteur prit avec lui un de ses amis pour lui servir de compagnon ; ils se mirent à fouiller et découvrirent une espèce de coffre, auprès duquel était couché un énorme chien noir. Le pasteur s’avança avec empressement pour se saisir du trésor ; mais à peine fut-il entré dans la caverne qu’elle s’enfonça sous ses pieds et l’engloutit[1]. Notez que c’est un conte et que personne n’a vu le grand chien. Mais on peut juger par ces traits quelle idée avaient des chiens les peuples mal civilisés. Chez les anciens, on appelait les furies les chiennes de l’enfer ; on sacrifiait des chiens noirs aux divinités infernales. Chez nos pères on pendait entre deux chiens les plus grands criminels.

Quelques peuples pensaient pourtant autrement ; on a même honoré le chien d’une manière distinguée. Élien parle d’un pays d’Éthiopie dont les habitants avaient pour roi un chien ; ils prenaient ses caresses et ses aboiements pour des marques de sa bienveillance ou de sa colère. Les guèbres ont une grande vénération pourles chiens. On lit dans Tavernier que, lorsqu’un guèbre est à l’agonie, les parents prennent un chien dont ils appliquent la gueule sur la bouche du mourant, afin qu’il reçoive son âme avec son dernier soupir. Le chien leur sert encore à faire connaître si le défunt est parmi les élus. Avant d’ensevelir le corps, on le pose à terre : on amène un chien qui n’ait pas connu le mort, et, au moyen d’un morceau de pain, on l’attire le plus près du corps qu’il est possible. Plus le chien en approche, plus le défunt est heureux. S’il vient jusqu’à monter sur lui et à lui arracher de la bouche un morceau de pain qu’on y a mis, c’est une marque assurée que le défunt est dans le paradis des guèbres. Mais l’éloignement du chien est un préjugé qui fait désespérer du bonheur du mort.

Il y a aussi des gens qui tiennent à honneur de descendre d’un chien. Les royaumes de Pégu et de Siam reconnaissent un chien pour chef de leur race. À Pégu et à Siam on a donc grand respect pour les chiens, si maltraités ailleurs[2]. La population du Liban, qui s’élève à quatre cent mille âmes, est composée de trois races, les Ansariés, les Druses et les Maronites. Les Ansariés sont idolâtres. Les uns parmi eux professent le culte du soleil ; les autres celui du chien[3]. On a toutefois honoré quelques individus de cette race : tel est le dogue espagnol Bérecillo, qui dévorait les Indiens à Saint-Domingue, et qui avait par jour la paye de trois soldats…

Il y aurait encore bien des choses à dire sur les chiens. En Bretagne surtout, les hurlements d’un chien égaré annoncent la mort. Il faut que le chien de la mort soit noir ; et s’il aboie tristement à minuit, c’est une mort inévitable qu’il annonce à quelqu’un de la famille pour la personne qui l’entend. Wierus dit qu’on chasse à jamais les démons en frottant les murs de la chambre qu’ils infestent avec le fiel ou le sang d’un chien noir[4]. Voy. Adranos, Agrippa, Bragadini, Dormants, etc.

M. Ménechet, dans sa spirituelle description des superstitions du pays de Galles, parle d’une espèce de chiens assez merveilleux pour mériter ici une mention : « Les cwes anmon (chiens d’enfer), que l’on appelle aussi quelquefois cwes wyloir (chiens du ciel), forment, dit-il, une meute fort extraordinaire. Les personnes qui ont l’ouïe assez fine pour cela les entendent souvent courir la chasse dans les airs, quoique l’on ne dise pas quel est le gibier qu’ils poursuivent. On assure qu’ils sont surtout bruyants peu de temps avant la mort des personnes très-perverses. Les uns disent que ces animaux sont blancs et ont les oreilles rouges ; d’autres prétendent, au contraire, qu’ils sont tout noirs. Ils sont peut-être de la nature du caméléon, qui se nourrit d’air comme eux. »

Chifflet (Jean), chanoine de Tournay, né à Besançon vers 1611. Il a publié : Joannis Macarii Abraxas, seu Apistopistus, quæ est antiquaria de gemmis basilidianis disquisitio, commenlariis illust., Anvers, 1657, in-4o. Cette dissertation traite des pierres gravées portant le nom cabalistique Abraxas, par lequel Basilide, hérétique du deuxième siècle, désignait le Dieu créateur et conservateur. Elle est curieuse, et les commentaires que Chifïlet y a joints sont estimés.

Chija ou Chaja (Abraham Ben), rabbin espagnol du onzième siècle. Il a écrit en hébreu le Volume du Révélateur ; il y traite de l’époque où viendra le Messie et de celle où se fera la résurrection générale. Pic de la Mirandole cite cet ouvrage dans son traité contre les astrologues.

Childéric Ier. Voy. Bazine et Cristallomancie.

Childéric III, fils de Chilpéric II, et dernier des rois de la première race. Il publia, en 742, un édit contre les sorciers, où il ordonne que chaque évêque, aidé du magistrat défenseur des églises, mette tous ses soins à empêcher le peuple de son diocèse de tomber dans les superstitions païennes. Il défend les sacrifices aux mânes, les sortilèges, les philtres, les augures, les enchantements, les divinations, etc.

Chilpéric Ier, roi de France, fils de Clotaire Ier. Saint Grégoire de Tours rapporte, sur le témoignage de Gontrand, frère de Chilpéric, cette vision merveilleuse. Gontrand vit l’âme de son frère Chilpéric liée et chargée de chaînes, qui lui fut présentée par trois évêques. L’un était Tétricus, l’autre Agricola, le troisième Nicétius de Lyon.

  1. Madame Gabrielle de P***, Histoire des fantômes, p. 27.
  2. Hexaméron de Torquemada, traduit par G. Chappuis, première journée.
  3. Voyages du duc de Raguse.
  4. De præst. dæm., lib. V, cap. xxi.