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lation qui causait nécessairement cet effet…… ; au contraire, l’Antéchrist sera riche et puissant, parce qu’il naîtra sous une constellation favorable. Cette doctrine stupide fut condamnée en 1327.

« Une preuve que Cecco était fou, disent Naudé et Delrio, c’est : 1° qu’il interprète le livre de Sacrobosco dans le sens des astrologues, nécromanciens et chiroscopistes ; 2° qu’il cite un grand nombre d’auteurs falsifiés, comme les Ombres des idées de Salomon, le Livre des esprits d’'Hipparchus, les Aspects des étoiles, d’Hippocrate, etc. »

On demandait un jour à Cecco ce que c’était que la lune ; il répondit : « C’est une terre comme la nôtre, ut terra terra est. »

On a beaucoup disputé sur cet astrologue, connu aussi sous le nom de Cecus Ascutan, et plus généralement sous celui de Chicus Eseulanus. Delrio ne voit en lui qu’un homme superstitieux, qui avait la tête mal timbrée. Naudé, ainsi que nous l’avons noté, le regarde comme un fou savant. Quelques auteurs, qui le mettent au nombre des nécromanciens, lui prêtent un esprit familier, nommé Floron, de l’ordre des Chérubins, lequel Floron l’aidait dans ses travaux et lui donnait de bons conseils ; ce qui ne l’empêcha pas de faire des livres ridicules.

Cécile. Vers le milieu du seizième siècle, une femme nommée Cécile se montrait en spectacle à Lisbonne ; elle possédait l’art de si bien varier sa voix qu’elle la faisait partir tantôt de son coude, tantôt de son pied, tantôt de son ventre. Elle liait conversation avec un être invisible qu’elle nommait Pierre-Jean, et qui répondait à toutes ses questions. Cette femme ventriloque fut réputée sorcière et bannie dans file Saint-Thomas[1].

Ceintures magiques. Plusieurs livres de secrets vous apprendront qu’on guérit toutes sortes de maladies intérieures en faisant porter au malade une ceinture de fougère cueillie la veille de la Saint-Jean, à midi, et tressée de manière à former le caractère magique HVTY. Le synode tenu à Bordeaux en 1600 a condamné ce remède, et la raison, d’accord avec l’Église, le condamne tous les jours.

Celse, philosophe éclectique du deuxième siècle, ennemi des chrétiens. En avouant les miracles de Jésus-Christ, il disait qu’ils avaient été opérés par la magie, et que les chrétiens étaient des magiciens. Il a été réfuté par Origène.

Celsius (André), Suédois, mort en 1744, auteur d’une Lettre sur les comètes, publiée à Upsal l’année de sa mort.

Cenchroboles, nation imaginaire dont parle Lucien. Il dit que les Cenchroboles allaient au combat montés sur de grands oiseaux, couverts d’herbes vivaces au lieu de plumes.

Cendres. On soutenait dans le dix-septième siècle, entre autres erreurs, qu’il y avait des semences de reproduction dans les cadavres, dans les cendres des animaux et même des plantes brûlées ; qu’une grenouille, par exemple, en se pourrissant, engendrait des grenouilles, et que les cendres de roses avaient produit d’autres roses. Voy. Palingénésie.

Le Grand Albert dit que les cendres de bois astringent resserrent, et qu’on se relâche avec des cendres de bois contraire. « Et, ajoute-t-il, Dioscoride assure que la lessive de cendres de sarments, bue avec du sel, est un remède souverain contre la suffocation de poitrine. Quant à moi, ajoute-t-il, j’ai guéri plusieurs personnes de la peste en leur faisant boire une quantité d’eau où j’avais fait amortir de la cendre chaude, et leur ordonnant de suer après l’avoir bue[2]. »

Cène. Au sabbat, les meneurs qui veulent singer ou contrefaire tout ce qui est du culte divin font même la cène ou communion, c’est-à-dire qu’ils donnent ce nom à une horrible scélératesse. On lit ceci dans les déclarations de Madeleine Bavent. « J’ai vu faire une fois la cène au sabbat, la nuit du jeudi saint. On apporta un enfant tout rôti, et les assistants en mangèrent. Pendant ce repas horrible, un démon circulait en disant à tous : Aucun de vous ne me trahira. » Et ces horreurs ne sont pas des contes. Voy. Sabbat.

Cénéthus, second roi d’Écosse. Désirant venger la mort de son père, tué par les Pictes, il exhortait les seigneurs du pays à reprendre les armes ; mais, parce qu’ils avaient été malheureux aux précédentes batailles, les seigneurs hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de les en-

  1. M. Salgues, Des erreurs, etc. t. II, p. $ 27.
  2. Les admirables secrets d’Albert le Grand, liv. III, ch. i.